(Nda : Les lecteurs auront intérêt à lire ou relire l’Envol des tourterelles’ afin de mieux saisir le sens de certains passages)
Dès le lendemain de l’implantation de mon mouchard, je faisais mes premières armes comme membre Actif du Club du Resort de StoryX Island. Comme prévu, Caroline (la nuvite au dragon) avait activé mon plug à 08h00 pile et, dès cet instant, je vis ce dernier, posé sur ma table de nuit, commencer à clignoter en jaune après l’émission d’un bip’ sonore.
En passant, mes informations m’avaient la veille permis d’apprendre la véritable signification du titre de membre Actif’. Le terme Actif’ prenait toute sa signification sur l’île dans le sens de possession matérielle, comme lorsque l’on parle des actifs d’une société. Contre toute attente, j’étais réellement devenu un objet sexuel dans ce Resort, à la merci de tous les fantasmes que voudraient manifester les membres Sélects qui eux, étaient vraiment rois et maîtres sur l’île.
M’étant essuyé au sortir de ma douche au cours de laquelle j’avais bien pris soin de préparer mes intestins à une éventuelle invasion naturelle ou artificielle (j’avais été fiché hétéro, homo et bi), j’ouvris le tube de lubrifiant, en saisis une noisette sur le bout de l’index et procédai à une lubrification anale, suivie d’une dilatation à deux doigts. Cette technique m’avait été recommandée par Caro la veille pour faciliter l’insertion du mouchard.
Cette merveille technologique qui me servait de GPS et de capteur de température, entre autres, valait, m’avait-on dit, la rondelette somme 450 euros pièce. Ce n’était donc pas un joujou que l’organisation pouvait se permettre de risquer de perdre projeté au loin suite à un simple éternuement de la part de la personne qui le porterait. Le mouchard avait aussi été conçu dans le but de résister à des vents intestinaux dits normaux’ et donc son insertion n’était généralement pas sans désagrément. Le Centre de Recherche et de Développement de l’organisation avait envisagé, lors de la production des premiers exemplaires, d’en faire d’abord l’essai chez des cochons, sachant que leur ADN et leur comportement physiologique sont proches de ceux de l’humain, mais un haut dirigeant décida de sauter cette étape et de procéder directement aux essais cliniques chez l’homme, l’argument étant que dans plusieurs situations, l’humain se comporte souvent lui-même comme un cochon.
La première requête qui me fut adressée, au milieu de l’avant-midi, provint d’un homme accompagné de son jeune fils qui atteignait ce jour-là ses 18 ans. Le père avait voulu, à l’occasion de son anniversaire, offrir à son fils gay et puceau mon corps afin de le faire entrer de plain-pied dans l’âge adulte.
Je me prêtai donc de bonne grâce à cette activité de découverte en souhaitant que ce jour d’anniversaire soit le plus mémorable d’entre tous. Le jeune homme, un blondin aux allures aryennes, fut tellement doux et avenant avec moi, malgré sa forte musculature et tout l’attirail anatomique dont la nature l’avait équipé, que je souhaitais, et parvins finalement, à le convaincre de devenir bi. Porteur en lui d’un ADN aussi prometteur, je lui avais signifié l’importance de perpétuer la race et surtout, de donner à son paternel la possibilité de connaître les joies de la grand-paternité. Le père fut tellement ravi qu’il crédita à mon dossier une AR supplémentaire en bonus.
Une autre requête de service non moins intéressante fut celle qui me fut adressée non pas par un couple, mais bien un trio de gays.
Il s’agissait d’une petite sauterie familiale à laquelle participaient un homme d’âge moyen, son fils de 20 ans, et son père de 95 ans. Les deux plus jeunes avaient des allures on ne peut plus délurées, presque dérangés dans leur mental, alors que le grand-père, un Vétéran Français de la Première Guerre Mondiale, semblait plus sage, plus posé et extrêmement lucide.
Je me mis donc au service du père, du fils et du sain d’esprit avec comme mandat d’enfiler à chacun son préservatif avant leurs ébats dont ils désiraient m’exclure pour le moment. Nous nous dévêtîmes tous. À la vue de ma nudité, le plus jeune vit son organe lever aussi vite qu’un drapeau de commissaire de piste pendant une épreuve de Formule 1. Le deuxième réagit presque aussi vite, disons, à la vitesse d’un bras de signalisation mécanique sur un circuit ferroviaire. Quant au troisième… Le grand-père eût certes bénéficié d’une bonne dose de sildénafil. Toutefois, comme il roulait déjà sur la nitro, il n’était pas question de risquer un mélange explosif dans son organisme. Les trois gays se tinrent ensuite debout, alignés devant moi, alors que je devais, agenouillé, dérouler la membrane de latex sur leurs armes respectives.
Le plus jeune, tel un étalon trop fringant, était tellement excité par mes manipulations alors que je commençais à lui envelopper le gland, qu’il se mit à faire gicler tout son foutre sur mes doigts, son sperme se mettant à dégouliner jusque sur mes poignets. Son père, quant à lui, fut plus docile et permit au condom de couvrir la totalité de sa hampe sans incident. Quant au troisième… Me rappelant qu’il avait fait la guerre, j’eus l’inspiration d’entamer La Marseillaise à ses pieds. Dès les premières mesures, je crus constater un début de réaction physiologique : quelques secousses à peine. Arrivé à Aux armes, citoyens !’ l’érection fut suffisante pour permettre à la baïonnette de l’ancien soldat de retenir le tissu de latex.
De retour de leur petite sauterie en famille qui s’était tenue dans la chambre adjacente, mes hôtes semblaient tous ravis, même le Vétéran. D’un même accord, ils voulurent me manifester leur reconnaissance en m’exprimant leurs remerciements, le plus jeune dans mon derrière et son père dans ma bouche alors que celui-ci m’invitait à lui faire une bonne pipe. Le grand-père, quant à lui, restait assis sur le canapé pour une tentative de masturbation.
J’étais ravi de contenter ainsi ma clientèle, d’autant plus qu’une activité avec plusieurs participants comptait pour le double dans mes crédits. Je ne voulais pourtant pas laisser pour compte le pauvre Vétéran qui peinait, seul, dans son activité solitaire. Malheureusement je ne lui fus d’aucun secours : avez-vous déjà essayé de chanter La Marseillaise la bouche pleine ? Par contre, la première note de l’Ô Canada constituait une irrésistible invitation à la fellation, ce que ne manqua pas de remarquer mon partenaire oral.
C’est ainsi que mes premières expériences se déroulèrent : rien de vraiment traumatisant en fin de compte.
Quelques jours étaient passés. J’appris avec joie que j’avais maintenant droit à un jour de congé, ayant atteint le cap des cinq activités récréatives, ce qui me permettrait de profiter d’un répit et d’aller chercher ma récompense’.
La récompense’, c’était mon droit, pour cette journée spéciale seulement, de bénéficier temporairement du statut de membre Sélect et de me choisir un membre Actif (et un seul) afin de le soumettre à mes désirs personnels. Pour la journée, je troquai donc mon mouchard pour un appareil mobile me permettant de cibler et de traquer l’individu de mon choix, à l’intérieur de la section 1, à laquelle j’appartenais.
Ayant cette fois-ci enfilé mon maillot Speedo, je profitais de ce moment de liberté sur la plage ensoleillée, sentant le vent dans mes cheveux et la brise douce sur mon entrejambe épilé, le sable chaud s’infiltrant entre mes orteils à chacun de mes pas. Déambulant de la sorte sur cette plage à l’apparence paradisiaque mais qui se trouvait en fait être l’antichambre de l’enfer pour plusieurs, je me fais interpeller par une douce voix féminine, à l’accent fortement québécois :
« Hé, m’sieur, m’sieur ! Houhou ! »
À quelques pas de moi, assise sur sa serviette de plage, une jeune fille m’observait. Je m’approchai instinctivement. Début vingtaine, taille moyenne, une cinquantaine de kilos, cheveux mi-longs allant aux épaules, une belle petite rousse qui, depuis que j’avais attiré son attention, ne m’avait pas quitté de ses yeux couleur noisette. Ne portant qu’un petit bikini bleu ciel ficelé sur les côtés, elle me laissait voir une anatomie féminine extrêmement séduisante qui ne manqua pas de me faire sentir plus à l’étroit dans mon Speedo.
Ce qui me frappait le plus, outre son accent familier, était ce mélange de tristesse et de désespoir dans ses yeux. Elle ne me laissa pas le temps de prendre la parole :
« S’il vous plaît, prenez-moi ! Amenez-moi avec vous. Je ferai tout ce que vous voudrez. Je me soumettrai complètement. S’il vous plaît ! »
Je m’approchai doucement et pris place sur ma serviette, à côté d’elle. Ses yeux mouillés étaient implorants. Ses lèvres vermeilles gonflées par le chagrin. J’étais surpris de rencontrer une si belle fille désireuse de se donner au premier inconnu, sans ignorer quels sévices l’attendraient peut-être lorsque la porte de la chambre de l’éventuel prédateur’ se refermerait derrière elle et son bourreau.
« Pourquoi désires-tu avoir une expérience avec moi, lui demandai-je simplement ?
— Ça fait des semaines que je traîne ici. Personne ne veut de moi ! Aucune sollicitation, aucune requête ! Je n’y comprends rien. J’ai comme l’impression que je vais finir ma vie ici.
— On ne t’a jamais réclamée ?
— Jamais, répondit-elle en reniflant. Je vérifie pourtant mon plug chaque matin, il semble bien fonctionner. »
Se retournant sur le ventre, elle m’adressa une requête tout à fait inattendue :
« Pourriez-vous vérifier s’il flashe toujours ?
— Ben, euh, hésitai-je.
— Allez, il n’y a plus de pudeur ici, nous ne sommes que des objets. S’il vous plaît ! »
Sans plus attendre, plutôt que de baisser grossièrement sa culotte, je retroussai le côté gauche du slip vers le haut et vers la droite afin d’exposer sa raie. Deux fesses douces, chaudes et soyeuses s’offraient à ma vue. Mes pouces les écartèrent suffisamment pour exposer le mouchard qui clignotait bel et bien en vert. Je lus son inscription : 1- 457.
« Tout à l’air normal, fis-je en replaçant le fin tissu sur son postérieur dont j’avais pu humer l’enivrant parfum naturel. Je vais vérifier ton entrée dans le système. »
Utilisant l’outil de recherche sur le mobile dont je disposais maintenant, je lançai une requête pour localiser le 457. Le système me répond :
« Aucune entrée trouvée. »
« Ça se peut pas, c’est impossible. Ça fait des semaines que c’est comme ça, me redit la fille. »
De nouveau, elle m’implora :
« Ne me laissez pas ! Prenez-moi, je vous en prie !
— Pourquoi moi, et pas un autre ? Il y a quelque chose qui t’attire chez moi ?
— Dès que je vous ai vu, j’ai senti comme un déclic. Peux pas dire pourquoi. Vous êtes mon genre d’homme : épilé, et juste à la façon avec laquelle vous avez vérifié mon mouchard, j’ai vu à quel point vous êtes délicat et pas du tout grossier.
— Je te trouve très attirante, moi aussi. Alors, si tu veux une expérience avec moi, je t’amène.
— Oh merci, merci ! me fait-elle avec un premier sourire timide. »
Arrivés à ma chambre, je ferme la porte derrière nous. La fille se rend à la porte-patio. À contre-jour, du haut de ses 170 centimètres, sa silhouette paraît celle d’une déesse.
« Elle est comme ma chambre, mais ma vue est sur la cour intérieure. Vous, vous avez une magnifique vue sur la plage. »
Elle ne perd pas de temps : ayant défait mon lit, sans même demander mon avis, elle retire son haut, exposant sa petite poitrine d’ado et ses tétons encore tout roses, elle détache les cordons de son petit slip, en secoue les grains de sable qui s’y étaient infiltrés et le laisse tomber à ses pieds. Sa chatte, que je vois déjà luisante, est entièrement épilée. Elle la balaie de ses doigts, chassant les derniers grains. Elle retire lentement le mouchard de son fion, souffle dessus, le dépose sur la table et saisit mon tube de lubrifiant personnel. Me faisant toujours face, je devine qu’elle se graisse généreusement l’anus.
« Je vais tout me préparer d’avance. Comme ça je serai prête à me faire prendre de partout. »
Je la regarde, médusé.
« Ce sera comme vous voudrez, bien sûr, complète-t-elle, comme pour me signifier sa complète soumission. »
Oh ! Elle me tente énormément, la fille ! Mais je déteste le sexe sans séduction. Elle a déjà pris place sur le lit, étendue sur le dos. Je m’installe à côté d’elle. À sa surprise, j’ai gardé mon slip.
« Vous ne l’enlevez pas ? Vous avez changé d’idée ?
— Il n’y a pas de presse, lui réponds-je, en caressant ses cheveux couleur de feu. Parle-moi de toi. J’aimerais d’abord mieux te connaître. »
Nous nous tournons face à face. Son récit commence. Pendant cette conversation, elle me parlera de son ami’. J’en déduirai d’abord qu’il s’agit d’un homme.
« Ben voilà, commence-t-elle. Je suis arrivée ici avec mon ami ça fait plusieurs semaines maintenant. Nous sommes mariés depuis quelques années. Mon ami a fait ses études de médecine, moi en psycho. Nous nous connaissons depuis toujours et nous avons grandi ensemble. Nous nous sommes retrouvés en difficultés financières car nous n’avions même pas remboursé nos prêts étudiants lorsqu’on s’est unis. Mon ami m’a couverte de cadeaux et de bijoux, bref, on ne regardait pas à la dépense, sauf que l’argent entrait toujours moins vite qu’il sortait. »
Et elle conclut :
« Donc on s’est retrouvés ici, pensant détenir la solution à nos problèmes financiers. Quelle catastrophe ! On nous a séparés dès le premier jour. Je suis sans nouvelle de mon amour depuis ce temps. Je désespère tellement ! »
Ces derniers mots, elle les avait prononcés dans un sanglot étouffé. Ma main se porta à son visage et essuya une larme. Plus je la regardais, plus je la reconnaissais. Son visage, sa voix, ses reniflements, son attitude. Sans savoir pourquoi elle-même, elle semblait voir en moi une certaine familiarité.
Ce qui suivit m’apporta une confirmation :
« J’m’excuse. J’aurais un petit gaz à passer, je vais à la salle de bain et je reviens.
— Pas la peine, laisse-toi aller. »
« Prout ! » un petit pet mouillé de lubrifiant se fit discrètement entendre derrière ma compagne d’occasion.
« Je suis une petite péteuse ! me dit-elle en souriant timidement. »
Cette fois-ci, j’étais sûr de moi. Il était temps de me révéler à elle.
(À venir : La révélation de Simon)