Ce que Marie vient de m’annoncer me laisse sans voix. Je la regarde comme si le ciel venait de me tomber sur la tête. Dans son comportement, rien de spécial ; seuls les mots prononcés sont de nature à me faire pâlir. Cette blonde avec sa petite frange qui lui barre le front, semble parfaitement heureuse. Marie, c’est la sur de mon mari Michel ! Elle est sa cadette d’une année et me regarde avec un large sourire.
Elle lui ressemble tant dans les traits, à ce frère qui me donne tellement d’amour et pourtant en cet instant, cette femme, je la maudirais presque.
Ne t’inquiète pas Claude ce sera bientôt ton tour.
ben je suis contente pour toi.
Là, je joue la faux cul à cent pour cent. Elle me gonfle avec cette nouvelle qui me donne des crampes à l’estomac. Je sais bien que je devrais me réjouir pour elle, que je devrais lui dire combien cette situation me fait plaisir. Mais c’est tout le contraire que je ressens. Elle avance les bras pour me serrer contre elle et j’ai une sorte de mouvement de recul. Prise par son élan, elle n’a rien deviné de ce qui se trame sous mon crâne. A trente-cinq ans, elle réalise enfin le rêve de toute une vie et moi moi, je me sens envieuse, malheureuse comme une pierre.
C’est drôle la vie. Pourquoi elle et pas moi ? C’est juste cela qui me traverse l’esprit à ce moment-là. Et ses mains qui se frottent dans mon dos je la hais presque de me narguer sans le savoir. Enfin elle s’écarte de moi.
Jean est fou de joie. Et je suis certaine que lorsque Michel va savoir cela lui aussi se réjouira de cette bonne fortune.
C’est d’une voix blanche que je lui réponds ! Le cur n’y est pas, n’y est plus.
Je suis heureuse pour vous deux. Tu vas devoir prendre soin de toi et de lui ! Vous aimeriez quoi ?
Hein ? On aimerait quoi ? Oh, tu sais, ce n’est pas le plus important. Nous avons tant de projets Jean et moi, que cela n’arrive pas au meilleur moment
Merde ! Elle me surprend par ses paroles. Oui, c’est bien de galère qu’il s’agit pour Michel et moi. Dix ans que nous sommes mariés et autant de temps que nous tentons d’obtenir le même résultat et ma belle-sur qui à trente-quatre ans se met en ménage et au bout d’à peine quelques mois La sensation que ce n’est pas juste, que la vie est une vraie saloperie. Les larmes me montent aux yeux. Marie le comprend sans trop savoir pourquoi.
Je vois que tu es contente pour moi mais ne pleure pas ! C’est un beau jour pour nous. Et je suis certaine que Michel et toi aussi bientôt, vous nous en ferez un aussi.
Elle remue un peu plus le couteau dans la plaie. J’en ai mal aux tripes. Là, debout dans ma cuisine alors qu’elle me sourit avec sa gueule d’ange, j’ai des envies de meurtre. Huit ans à trainer les cabinets médicaux, à me laisser tripoter dans tous les sens par ces hommes de science et prendre en pleine figure qu’en deux temps et trois galipettes, ma petite belle-sur arrive à faire ce que j’espère depuis mon mariage. De quoi me rendre enragée.
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Le repas familial chez ma belle-mère est un autre cap. La grossesse de Marie devient le centre de toutes les conversations et je me morfonds dans l’interminable attente que le déjeuner prenne fin ! Je sens peser sur moi le regard de Michel. Lui sait ce que j’endure sans doute là, chez Marine. Elle va et vient, souris qui déambule à petits pas. Et elle est aussi prise par la nouvelle.
Si mon Henry était encore là comme il serait heureux. C’est dommage que toi Claude tu ne nous aies pas encore donné un beau bébé aussi
Marine Marine si vous saviez comme ces choses-là sont douloureuses pour votre fils et moi. Mais inutile de parler, il nous faut juste faire contre mauvaise fortune bon cur. Elle est heureuse et sa vie n’a pas toujours été rose. Veuve depuis quelques années, nous la retrouvons comme par le passé, chaque dimanche pour son repas dominical. De temps en temps nous l’invitons au chalet, mais elle n’aime guère quitter ses souvenirs. Marie est le centre d’intérêt de tous et je me dois de suivre le mouvement.
Et toi Jean ? Tu préférerais une fille ou un petit gars ?
Bof tu sais Claude, pour Marie et moi, c’est sans importance. Ça remet en cause pas mal de choses et bouscule un peu nos projets.
Donc vous n’avez pas de préférence ?
Ben non ! Sauf si les garçons sont plus sages que les filles Belle-maman, chez vous qui était le plus bruyant ? Michel ou Marie ?
C’est loin tout cela Jean ! Je ne crois pas qu’ils aient jamais été tellement turbulents. Michel aimait sa chambre et la musique. Marie quant à elle restait des heures, plongée dans ses livres. Qu’est-ce qu’elle a pu dévorer comme bouquins Après, nos enfants étaient sages. Je ne me rappelle pas les avoir grondés plus que cela.
Jamais une petite bêtise vous avez eu de la chance alors.
Oh, mais si, Jean, mon frérot savait comment piquer les tablettes de chocolat sans se faire attraper. Et pour ne pas le dénoncer, je lui faisais du chantage
C’est ce qui m’a donné envie d’être avocat, pour défendre les causes perdues Je suis heureux pour toi ma sur un petit bout à la maison, c’est un peu de soleil au fond du cur.
Il a lancé cela avec un soupir dans la voix. Si les autres ne semblent pas s’en apercevoir, j’ai ressenti de suite le malaise qui se cache derrière la phrase passepartout. J’en sens les mêmes effets. Mes tripes se sont de nouveau tordues et je pince mes lèvres pour ne pas crier. Saloperie de corps qui ne veut rien donner. Aridité de mon ventre qui se refuse à grossir. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Nous en avons passé des heures et des nuits à faire l’amour, au point de nous en assommer de plaisir. Pour un si piètre résultat. Et tous ces pontes avec leur science et leurs grands mots.
Aucun n’a su trouver le traitement qui nous aurait permis de ne plus être que deux. La fête dominicale pour moi est un calvaire. Les bras de mon chéri ne sont plus suffisants pour calmer cette blessure. La plaie s’est rouverte à l’instant même où Marie m’annonçait avec fierté sa joie et son bonheur. Dire qu’elle le tempérait pour quelques visions d’un avenir bousculé. La jalousie m’arrache les entrailles et je ravale ma morve.
Quel péché mystérieux ai-je bien pu commettre pour en arriver là ? Pas moyen de partager cette allégresse qui règne en maitresse autour de la table et du coup, les mets extra concoctés par Marine ont bien du mal de franchir ma glotte. Michel est attentionné. Sa main se serre sur mon bras, puis elle descend vers mes doigts. Ils doivent être froids comme mon cur en ce moment.
Trinquons ma Claude, buvons en l’honneur de cette nouvelle vie qui croît dans le petit bidon de ma fille.
Marine tend à Michel la bouteille de champagne, seul vin digne à ses yeux d’être débouché à cette occasion. Et la main qui me tient chaud file vers le col de cygne doré d’où vont couler les bulles ambrées. Leurs prunelles pétillent autour de moi et je reste de marbre, tendue comme un arc. Raide sur mon siège, prostrée par tant de malchance, incapable de me réjouir pour ces gens que j’aime pourtant plus que tout. Je me mords les lèvres. Retenir à tout prix ces perles de rage qui pointent entre mes cils.
Le retour en fin de soirée se fait dans un silence de mort. Michel et moi restons sur nos ressentis et ceux-là ne sont pas forcément identiques. À la maison, il ne sait pas comment me faire plaisir et tente vainement de se montrer tendre. Je connais bien sa manière si personnelle de chercher l’oubli dans des gestes d’affection. Sans nul doute il est aussi affecté par cette enfant qui perturbe du coup nos existences. Maladroit, gauche et cependant si humain comment pourrait-il s’imaginer ce qui bout sous ma tignasse brune ?
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La semaine qui suit la révélation de Marie est quelque chose d’horrible pour mon cerveau dérangé. Je broie du noir, passe du sourire aux larmes sans aucune transition. Et petit à petit s’installe en moi, une mélancolie, une langueur que je ne parviens plus à maitriser. À tel point que j’arrive à en être vraiment malade. Michel se rend donc pour le repas familial du dimanche suivant, seul chez sa mère. Mon esprit se refuse à assimiler cette grossesse comme quelque chose de beau, de bon. Et c’est le début d’une descente aux enfers qui me plonge dans un marasme sans précédent.
Plus les jours passent et moins je me sors de cette gangue effrayante. Personne et surtout pas Michel ne peut m’approcher. Je suis une pelote d’épingles, un serpent, prête à mordre quiconque me frôle d’un peu trop près. Et mon malheureux mari suit ma déchéance lente, il supporte mal cet éloignement progressif que ma tête lui impose. Tout devient sujet à disputes, tout prend une importance que rien ne justifie. J’en veux à la terre entière en général et surtout à mes proches en particulier.
Mon pauvre amour est en première ligne. Je me suis pris en pleine gueule cette mise devant le fait que mon ventre sera à jamais stérile et la manière dont ma caboche réagit est disproportionnée sans doute. Mais je ne sais plus comment m’en sortir et me sens coupable de ce vide monstrueux, de cette anomalie de la nature. C’est entièrement de ma faute et j’en deviens d’une agressivité débordante avec tout ce qui m’entoure. Les gens comme les objets font les frais de cet état second que je ne jugule plus.
Mes paroles aussi sont blessantes pour mon unique soutien, à savoir Michel. Et à force d’être sur la sellette, il lui arrive d’être au bord de la fracture. Nos joutes verbales quotidiennes désormais le secouent au rythme de ma mauvaise humeur permanente. Et ce qui doit arriver arrive. Le second samedi, après que Marie nous ai révélé sa mise enceinte, mon mari craque totalement.
Bon Claude ! Tu vas enfin me dire quel mal j’ai bien pu faire pour être ainsi puni ? Je ne peux plus t’approcher ni même te parler sans être pris pour cible par tes mots blessants. Je sais ! C’est difficile pour toi de ne pouvoir avoir d’enfant.
? Difficile ? Mais bon sang, rends-toi à l’évidence ! Nous ne serons jamais heureux et je te rends la vie impossible. Mais j’ai mal.
Je le vois bien. Je ne peux plus rien pour toi ! Il te faut un médecin ! C’est impératif, obligatoire sinon nous courons à la catastrophe tous les deux.
Je comprends mais je connais la solution. Nous devons faire un break toi et moi !
Quoi ? Mais non ! Il existe des solutions moins radicales !
Non Michel ! Je dois partir un moment, te laisser vivre autre chose. Et puis chaque fois que je croiserais ta sur et son ventre tout rond je ne supporterais pas de ne pas voir le mien en faire autant.
Merde mais c’est moi que tu punis parce que ma frangine est enceinte. C’est pourtant quelque chose dont nous devrions nous réjouir et ça devient un calvaire ? Pire, une cause de rupture dans ton esprit. Je t’en supplie, il existe de très bons psys et l’un d’eux peut nous aider. Je ne veux pas te perdre je t’aime.
Moi aussi, Michel, je t’aime et c’est justement pour cette raison que je me dois de quitter la maison au moins pour un temps. Celui de faire le point et d’oublier ce qui me fait le plus mal. Par la même occasion, je cesserais de te punir comme tu le dis si bien !
Non je ne peux pas vivre sans toi Claude !
Nous sommes à deux pas l’un de l’autre et je sens qu’il aimerait se rapprocher. Je tiens absolument à éviter les effusions qui me semblent en cet instant aussi vaines qu’inutiles. Je me replie prudemment vers notre chambre à coucher. Mais mon mari me colle aux Basques. Et sur le lit, j’ouvre une valise vide avant de saisir les piles de sous-vêtements sur les étagères du dressing.
Qu’est-ce que tu fais mon amour ? Tu n’es pas sérieuse là ? Tu veux me quitter parce que Marie attend un enfant de Jean ? Dis-moi que je fais un rêve tout éveillé, c’est un cauchemar, je vais me réveiller dis-le-moi !
Non Michel je vais m’installer dans l’ancien appartement de maman. Il n’est toujours pas vendu et il y a tout ce qu’il me faut pour laisser passer l’orage. Je ne veux plus te faire souffrir et surtout, je ne veux plus non plus avoir devant les yeux ce ventre rond qui va encore s’alourdir C’est trop terrible pour moi, tu comprends. Et je n’ai pas le cur à te séparer de ta famille
Mais personne ne va comprendre. Nous avons l’air d’un couple si
Si normal, c’est bien cela que tu veux dire ? Trop Michel et la vision de Marie enceinte jusqu’aux yeux va finir par me tuer. Alors je veux oublier ou voir cela de plus loin
? Mais qu’est-ce que je vais devenir sans toi ? Tu y songes à cela ?
Je n’ai plus envie de discuter. Je boucle mon bagage et je file sans me retourner. Il n’a pas besoin de voir mon visage ravagé par les pleurs ni de savoir que mes sanglots sont violents. Je décampe sans me retourner, comme fautive une fois encore. Oui ! Fautive d’être une pauvre femme stérile ! Les quelques kilomètres entre le chalet et cet immeuble où mes parents ont passé leurs dernières années de vie heureuse m’offrent un répit. Et enfin, j’entre dans ce refuge sensé me protéger contre presque toutes mes meurtrissures. Sauf peut-être celles des souvenirs. Elles seront sans doute plus longues à se refermer ou à cicatriser
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Nous nous appelons souvent. Les liens qui nous unissent ne sont pas totalement rompus. Oh ! C’est ténu, aussi fin qu’un fil de toile d’araignée et Michel garde un minuscule espoir. Nous ne déjeunons plus ensemble, ne discutons plus vraiment. Chaque coucher de soleil nous éloigne un peu plus et les nouvelles aubes nous trouvent plus étrangers. Il m’arrive parfois d’avoir envie de voir bouger, d’entendre des voix et je sors. L’endroit où je vis, situé en centre-ville permet de n’avoir guère de chemin à faire pour que tout se peuple aux alentours.
Je n’irai pas jusqu’à mentir et dire qu’il ne me manque plus vraiment. En fait ce sont les petites attentions de fin de soirée, les caresses très précises qu’il savait si bien me distiller qui me font défaut. Je n’ai pas eu une seule aventure et notre séparation dure depuis plusieurs mois déjà. Personne ne parle de divorce et l’idée elle-même ne m’effleure pas vraiment l’esprit. Non, c’est juste une rupture dans la routine d’un quotidien trop pesant. Mais alors pourquoi ce samedi soir ai-je le feu au corps ? Je pourrais l’appeler pour prendre un pot, aller au cinéma seule ou tout bêtement attendre devant ma télé que l’envie s’éloigne.
C’est donc après une douche rapide que je me décide. Une jupe qui tombe quelques centimètres au-dessus du genou, un chandail moulant ma poitrine sans rien sous ce dernier, et des hauts talons assortis au reste parent ce corps qui pour d’obscures raisons me démange. Il y a aussi cette envie de prendre l’air, de boire un verre, de sentir que la vie est partout dans les rues. Et j’atterris dans un rade où les conversations cessent dès mon entrée. Puis au fil des minutes les hommes accoudés au comptoir m’ignorent autant que je m’en désintéresse.
Il en reste toujours un plus hardi que les autres, un plus fougueux, ou un parieur qui pour amuser la galerie veut épater ses potes. Et devant moi, ce type transparent qui joue les bellâtres, ronds de jambe et bouche en cul de poule, il se croit intelligent et intéressant. Je ne le vois pas. Transparent et invisible, il tente dans une danse effrénée d’attirer mon attention. Peine perdue, puisque de toute façon, je ne cherche pas du sexe. Enfin après avoir éclusé deux vodkas presque cul sec, je me décide à continuer mon périple.
C’est presque l’heure du film au cinéma du quartier et là ou ailleurs sauf que cette fois le dandin écervelé me suit à quelques pas. Je sais qu’il est derrière moi, que c’est mon arrière-train qu’il reluque sans vergogne au rythme de mon avancée vers le cinoche. Je ne risque pas grand-chose au milieu de ces badauds qui prennent l’air par une belle soirée de printemps. Mon ticket à la main, je pénètre dans la salle obscure avec la sensation que mon poursuivant a aussi fait la même chose.
Je prends place dans une allée toute en haut de la salle. Le siège est en bout de la rangée donc pas de problème en ce qui concerne l’individu qui me colle aux fesses depuis ma sortie du troquet. La place à ma droite est disponible, et cet idiot me fait me relever de mon siège pour venir s’installer juste sur celle-là. Je suis certaine qu’il m’observe en silence tout en passant devant moi. Puis le noir de la salle engloutit tout. Le film débute enfin sur l’immense toile de l’écran.
Je n’ai pas choisi la salle pour ce qui va être projeté, mais plus par besoin d’être dans la masse grouillante des anonymes d’un soir. Et par malchance ce qui est propulsé sur le fond blanc est un film d’horreur. Les cris des autres spectateurs me font souvent fermer les yeux. Je ne visionne que partiellement la marée de sang qui dégouline partout dans cette sinistre séance. Et je me cramponne au siège alors que des zombies ou des morts vivants déambulent dans tous les sens, pourchassant je ne sais qui, quoi !
À quel moment une main saisit elle la mienne ? Je ne m’en rends pas tout de suite compte vu le contexte émotionnel particulier. Et je suis presque sûre que je serre les doigts qui se crispent sur les miens. La main ne semble plus vouloir quitter ma paluche. Et au bout d’un temps extraordinairement long, elle arrive à s’agripper au genou qui doit frôler celui de mon voisin. Cette fois le doute n’est plus permis le type me caresse doucement. Et chose curieuse, je ne cherche pas à faire cesser ce commerce indésiré.
Alors le gars profite honteusement de la situation et la pogne grimpe rapidement sous ma jupe. Je ne bronche pas, seule ma respiration s’accélère plus que la normale. Mon tripoteur cinématographe croit avoir gagné la partie et se permet des privautés pour lesquelles il s’est bien passé de demander la permission. Mais la fin du film bouleverse les desseins de mon caresseur inconnu. Il se colle littéralement à moi alors que je descends en suivant la file des sortants. Et contre mon cul, je sais, je suis certaine que ce type bande déjà.
Mais je ne veux rien céder. Il a trop profité de ma peur panique. L’air frais de la rue me ravive les sens et un peu la mémoire aussi. Il est toujours là et lorsque je me retourne il me sourit.
On va chez toi ? Ou tu préfères l’hôtel ?
On ne va nulle part. Tu rentres chez toi, dormir avec ta bobonne et moi je n’ai nul besoin de toi !
Allez, ne fais pas ta mijaurée. Ne me dis pas que ma main sur ta chatte t’a laissée indifférente ! Je sais que tu mouilles et que tu as envie autant que moi de baiser sois sympa.
Je n’ai pas pour habitude de me laisser faire par des imbéciles et c’est limite ce que tu t’es permis dans la salle. Alors tu te barres ou je me mets à hurler et tu vas voir rappliquer les flics dans pas longtemps.
Pff ! Encore une coincée du cul. Pauvre conne. Parce que peut-être que tu n’es pas faite comme toutes les autres tu es pire que toutes les salopes que je connais. Tu as de la chance que nous ne sommes pas seuls
Tu te tires oui ou non ?
Le gars tourne rapidement les talons et prend une petite rue adjacente. Je continue mon chemin pour traverser la place de l’église. Quelques personnes forment du reste, au centre de celle-ci, un attroupement bizarre. En m’approchant, je vois de quoi il s’agit. Chez nous, nous n’avons pas de « bobottes ni de baraque à frites », par contre nous avons les camions à pizzas. Et les gens font la queue. Je me faufile dans la ligne et l’odeur des tartes italiennes me ramène à des soirées similaires, un autre temps que mon odorat n’a pas oublié.
C’est au tour de la jeune femme qui me précède de commander. Apparemment c’est une habituée ou une connaissance du pizzaiolo.
Et pour toi Jade ? Une quatre saisons
Oui et une « Texane » pour Rémy.
C’est parti ma belle sinon ça va ton mec ?
Je n’écoute plus vraiment la conversation entre ces deux qui de toute évidence sont amis. La jeune femme soudain me secoue un peu le bras.
Eh ! Madame vous êtes dans la lune ou quoi ? Le patron vous demande ce que vous voulez.
Ce que je veux ?
Oui quatre saisons ? « Texane » ou une autre la liste est écrite là sur le fond du camion
C’est quoi une « Texane » ?
Ah ! Une pizza avec de la viande hachée du buf et on casse un uf juste avant la fin de cuisson
Ben non, une quatre-saisons s’il vous plait ! Mais sans origan, si c’est possible.
Le client est roi et la cliente reine Alors il sera fait selon vos désirs.
La jeune femme qui est devant moi attend ses deux cartons. L’autre devant son four s’attarde sur ma silhouette. Je le ressens et la cliente aussi du coup, qui me reluque de la tête aux pieds.
Vous n’êtes pas d’ici vous !
Euh non pas vraiment.
Un peu paumée alors ? Vous allez voir, le patron est un vrai chef. Vous êtes en vacances par chez nous ?
Hein ? Euh non ! J’ai mon appartement pas très loin de cette place
C’est chouette alors. Pas de copain ? Un mari peut-être ?
Non, non !
Pieux mensonge qui me sort tout seul de la gorge. Elle me regarde avec un drôle d’air.
Moi je suis en couple avec Rémy un très chic type, vous n’auriez pas envie de passer la soirée moins seule ?
Comment cela moins seule ? Je ne comprends pas !
Ben, vous pourriez venir diner chez nous. Nous sommes nous aussi toujours très solitaires et parfois une jolie frimousse pour le temps d’une soirée vous voyez, ça pourrait être sympa et je crois qu’il nous reste une bouteille de « chianti » alors si vous vouliez bien
Qu’est-ce qui se passe dans ma tête ? Je ne sais même pas qui est cette femme et pourtant son discours m’inspire confiance. Et puis pourquoi pas ? Après tout, un petit verre et un peu de compagnie pourraient être plutôt salutaires. L’autre gus du cinoche est peut-être encore dans les parages et ça devrait l’écarter définitivement. Et c’est donc sans arrière-pensée que je m’entends d’une voix enrouée lui répondre
Vous êtes certaine que ça ne va pas gêner votre compagnon ?
Tu rigoles toi ? On est deux paumés comme toi et ma foi notre porte est toujours ouverte à tout le monde. Merde je crois que je t’ai tutoyée tu peux aussi en faire autant ! Moi c’est Jade.
Claude je m’appelle Claude. Et je suis séparée de mon mari depuis quelques mois
Ah j’avais bien flairé un truc de ce genre ne t’inquiète pas, ni Rémy ni moi ne sommes du genre à poser des questions. Tu ne parleras que de ce que tu veux ou qui te fait plaisir. Nous ne cherchons pas d’embrouilles.
Nous avançons côte à côte dans une petite rue, pas très éloignée de celle où je réside. Et un passage étroit mène tout droit à un appartement au rez-de-chaussée d’une grande villa. Là, un grand type nous ouvre la porte avec un large sourire. Il se saisit de nos cartons de bouffe sans poser de questions. Parfois les grands yeux noirs du mec de Jade s’attardent un peu sur mes courbes, rien de bien fâcheux cependant.
Il vient de repasser les pizzas au four et c’est sur une table de salon qui doit avoir vécu mille fantaisies que nous dinons en riant. Je me sens bien, moins seule et c’est bien là l’essentiel. Le vin légèrement pétillant vient renforcer ma sensation de liberté et de toute-puissance. Il fait suite aux deux Vodkas ingurgitées trop rapidement sans doute. Le résultat en est que je me sens plutôt euphorique. J’y vais de quelques confidences que les oreilles de mes nouveaux amis reçoivent sans me couper la parole.
Rémy lui est assis sur un fauteuil qui fait face au canapé où Jade et moi sommes installées. Enfin, il se lève pour ramasser les cartons nous ayant servi d’assiettes, évacuant également la bouteille de vin italien désormais vide. La main de Jade, pareille à celle du gaillard du cinéma s’est simplement posée sur mon avant-bras. Elle ne cherche pas à abuser d’une situation que notre promiscuité favoriserait. Non elle parle de tout, de rien, volubile au possible, et son homme ne reparait pas.
Quand m’a-t-elle attiré contre elle ? Je n’en ai aucune idée. Je suis la tête contre son épaule et il ne faut guère plus de temps pour que ma nuque se retrouve sur ses genoux. Elle assise et moi à demi cassée en deux, sans vraiment en avoir conscience, je rectifie ma position. Ce qui fait que je m’allonge entièrement sur l’assise du sofa. Et ses mains entourent maintenant mes tempes. De ses doigts elle exécute sur celles-ci de petits cercles qui me calment, apaisant aussi mon corps tout entier.
Pour couronner le tout, instinctivement, je relève la gambette qui se frotte au dossier. Mon pied monte tout seul vers le genou de mon autre jambe et s’adosse gentiment contre la barrière bien douce de tissu. Ce faisant ce mouvement entraine un léger froissement de ma jupe, dévoilant vraisemblablement à la vue de mon hôtesse, mon collant sombre. Je n’en ai cure. Du reste mes quinquets sont fermés, comme pour me faire oublier que je suis chez une inconnue. Quand je dis une c’est plutôt chez un couple d’inconnus que je me trouve même
Les doigts qui frictionnent mes tempes sont d’une douceur exquise. Et les moulinets s’étendent au fil des minutes, toujours aussi gentiment. Enfin deux mini pinces formées par des index et des pouces me triturent les lobes de mes oreilles, me plongeant dans une béatitude supplémentaire. Je n’ai aucune réaction lorsque la patte qui me caresse le côté que la poitrine de Jade ne comprime pas, descend plus que de raison sur la naissance de mon cou. Sans transition, cette menotte s’envole pour venir se placer soudain au niveau de mon ventre.
Là où mon chandail couvre la fermeture de ma jupe. Comble de surprise, je la sens qui se plie en deux et ses lèvres viennent à la rencontre de mon nez. Un bisou sonore fait éclater le silence de cette pièce où nous sommes toutes deux. Des doigts recroquevillés en forme de crochet remontent dans une diagonale qui va de ma hanche gauche à la pointe de mon sein droit. Cette menotte aux ongles peints entraine sous son passage mille sensations et aussi le fin lainage qui masque ma peau. Une longue étape de cet index qui tourne, retourne dans les environs de mon nombril me sait soupirer.
Je me sens bien, la tête dans du coton, mais il me reste un brin de lucidité et entre mes cils, je tente de deviner si Rémy est revenu. Apparemment non ! Alors je me laisse couler à nouveau dans la félicité de ce petit moment où je ne maitrise plus rien. Mon pull se bloque sous la barrière basse de ma poitrine pas du tout dévoilée. Je n’arrive plus à raisonner sainement et la tête qui me surplombe dans une lente inclinaison vient au-devant de la mienne. Les paumes qui courent sur ma bedaine me font frissonner. Et alors que des lèvres rejoignent les miennes, mon chandail passe par-dessus les deux montagnes libres.
Tu as des seins magnifiques.
Je ne réponds pas de peur que se brise ce charme fragile que Jade a su créer. Les petites pinces sont revenues et l’une d’entre elles fait gonfler un téton qui ne demandait que cela. Ça dure une éternité et ma tête reste bloquée sous celle de ma nouvelle amie. Elle m’embrasse à bouche que veux-tu, me forçant par ses baisers à occuper mon esprit ailleurs. Et je pressens soudain que mon sein libéré n’était qu’une escale dans les projets de cette Jade audacieuse. Pourquoi devrais-je refuser un moment de bonheur ?
C’est bien à cet instant que se glisse entre le tissu de ma jupe et de mon collant une intruse rampante. Lentement les doigts découvrent ce qui se cache toujours dans ma culotte. Il y a simplement un léger flottement lorsque les visiteurs discernent mon buisson, arrêt de quelques fractions de seconde laissant augurer d’une surprise. Jade m’embrasse de plus en plus langoureusement et je ne prends pas vraiment garde que ma jupe s’entrouvre, qu’elle et tout ce que je porte coulent le long de mes longues quilles.
Quand je réalise qu’elle ne peut décemment avoir trois mains il est trop tard pour intervenir. Mes nichons sont malaxés pendant que deux bras bien forts écartent un maximum mon compas pour laisser libre passage à une caboche qui ne peut appartenir qu’à Rémy. Des lèvres se collent aux miennes, celles ouvertes par l’homme qui aspire doucettement ma fente. Et je soupire sans plus me débattre. Une langue râpeuse monte et descend sur cette chatte que personne d’autre que Michel jusqu’à cet instant n’avait eu le privilège de voir.
Dans mon cerveau je sais que je vais le tromper. Et cette idée me fait l’effet d’une bombe. Plus moyen de juguler les attentes insidieuses de ce corps qui me trahit. Il me semble devenir folle. Mon ventre part en live, je suis secouée par d’étranges tics. De ma gorge, des râles s’échappent, seulement bâillonnés par les baisers incessants de Jade. Dans ma main, je sens que l’on me glisse quelque chose. C’est le compère de cette amie qui vient d’y loger un petit paquet de quelques centimètres ! Et la femme cette fois ne m’embrasse plus.
Sa voix me parvient de loin, entrecoupée par des spasmes qui me font me trémousser.
Il peut le mettre ? C’est préférable tu ne crois pas ?
Comment pourrais-je aligner deux paroles sensées alors que je suis ventousée par une bouche et que mes sens sont sans dessus-dessous ? Qui ne dit mot consent, et l’adage est respecté. La femme récupère l’objet dans ma paume ouverte. Elle le tend à son pote Je ne cherche pas à comprendre, je sais seulement que les quelques secondes où il me libère les cuisses lui servent à placer sur son manche la capote salvatrice. C’est de tout son poids qu’il reprend la place vacante. Déjà à l’entrée de mon vagin se présente un popaul plutôt raide, bien endimanché.
Un premier coup de reins enfonce en moi la bête chaude. Je souffle et ouvre la bouche pour trouver de l’air. Alors il va et vient un moment. Sans pour autant quitter l’endroit, il se redresse et je sens mes jambes qui sont relevées. Mes talons en appui sur ses larges épaules il me pistonne de nouveau. C’est là aussi que Jade soulève ma nuque. Elle se pousse sur le côté et je saisis la démarche quelques secondes plus tard. Entre mes paupières entrouvertes, je la vois qui à genoux derrière ma tête embrasse son mâle.
Jade soulève aussi son derrière et sa jupe entirbouchonnée sur ses hanches, elle approche de ma figure son ventre nu. Elle est imberbe en totalité et j’aperçois la chatte de cette femme qui vient se coller sur mon nez. D’instinct j’ouvre les mâchoires et sans que je sache vraiment comment ni pourquoi, je lèche cette vulve qui se frotte sur mon visage. Les coups de bites de son mec sont plus cadencés, moins tendres. Et le tout est baigné dans nos soupirs respectifs. Mon unique pensée remonte vers mon mari et c’est en jouissant que je me mortifie de honte. Il est désormais un homme cocu.
À suivre