26 – Un vendredi mémorable.
Après une nuit merveilleusement réparatrice, au cours de laquelle j’ai dû faire des rêves très colorés dont je ne me suis pas souvenue en me levant, je me suis réveillée d’une humeur délicieuse : ce matin, j’allais chez Nadine où je voyais Martine qui allait tout nous expliquer à propos de ce Luc dont je ne voyais pas du tout à quoi il ressemblait, ce soir mon Marc allait venir et allait – enfin – me faire l’amour. Je nageais dans le bonheur, je flottais sur un petit nuage rose. Dans mon esprit ce serait une journée superbe : je verrai mes meilleures amies et surtout l’amour de ma vie.
Dès que je me suis réveillée, je me suis précipitée sous ma douche. Je voulais faire des essais pour exposer mes découvertes à Marc. Je me suis masturbée un peu, mon clitoris en a profité pour durcir et grossir. Avec le jet de la douche, je l’ai arrosé en faisant varier l’intensité du jet. Je me suis rendu compte que je pouvais avoir un petit orgasme comme ça. Je me suis juré que j’allais montrer ça à Marc.
J’étais prête à me préparer comme il m’avait expliqué, pour le recevoir dans mes reins, mais je me suis dit qu’il valait mieux que j’attende le dernier moment : je me nettoierai en profondeur avec le liquide du pharmacien, je viderai bien mes intestins et je reprendrai une douche vers seize heures. Comme ça, quand il arrivera, je serai propre comme un sou neuf qu’il pourra utiliser à sa guise.
En me faisant cette réflexion, je me suis dit que j’étais vraiment folle : confier tout mon corps à Marc alors que nous nous connaissions depuis si peu de temps, Qu’importe, une petite voix dans moi me criait que je devais lui faire une confiance absolue.
J’ai fini de me préparer et je me suis habillée pour aller au rendez-vous de mes amies.
Martine et moi sommes arrivée ensemble devant la porte de Nadine. Nous nous sommes embrassées et nous avons sonné. Nadine nous a ouvert en nous interrogeant :
Alors, mes belles, il y a du nouveau chez vous deux ?
Nous nous sommes contentées d’opiner de la tête. Elle nous a fait rentrer et nous a appris :
Dépêchons-nous, je suis curieuse de savoir.
Elle nous a entraînées dans la chambre que Martine a baptisé du nom de « chambre du cercle fermé magique ». Nous nous sommes mises nues puis nous nous sommes allongées, Martine au centre. Elle nous a dit, en montrant une petite enveloppe :
Je vais vous montrer à quoi ressemble Luc.
Dans l’enveloppe, il y avait trois photos. La première représentait un groupe de personnes, des étudiants au cours d’un bal, nous a appris Martine. La seconde montrait un petit groupe de quelques personnes, parmi lesquelles il y avait le fameux Luc, sa soeur, que Nadine et moi avons reconnue tout de suite et Martine. La troisième, enfin, était une photographie d’identité du Luc en question, qui avait été donnée à Martine par la soeur de Luc.
Nadine et moi n’avions qu’un souvenir très vague de Luc, que nous n’avions vu qu’une fois ; en revanche, nous avons reconnu qu’il était très beau. Il était un peu plus grand que Martine, donc, sans être petit, loin de la taille de mon « géant » comme Martine persévérait à nommer Marc, c’était ce que Nadine, avec son franc-parler, a nommé « un beau mec, avec une petite gueule craquante », ce qui nous avait fait rire toutes les trois. Il était blond, avec des yeux très bleus, il me semblait qu’il possédait une carrure exceptionnelle, ce que Martine nous a expliqué en disant qu’il avait pratiqué de nombreux sports. Martine, curieusement, semblait rechercher notre approbation à sa fréquentation future de Luc.
Elle a dû être rassurée lorsque Nadine lui a appris :
Ton Luc, si je n’étais pas aussi bêtement fidèle à mon Charles, j’en ferai bien mes petits quatre heures, enfin mes cinq à sept !
Sur le même ton, Martine lui a répliqué :
Et tu crois que je te laisserai faire ? Maintenant qu’il est libre, il est à moi… enfin… j’aimerais qu’il soit à moi !
Elle nous a expliqué ce que lui avait raconté la soeur de Luc : il avait monté un cabinet d’architecture qui marchait très bien, jusqu’au jour où il s’est rendu compte, incidemment, que sa femme le trompait avec des clients. C’est la femme de l’un d’eux qui, écoeurée, avait vendu la mèche : son mari avait participé à une soirée au cours de laquelle la femme de Luc s’était envoyée en l’air avec cinq hommes en même temps. Elle était au courant puisque l’un des participants, à titre de souvenir, avait fait des photos et les avait distribuées aux autres, tout heureux d’avoir un souvenir de cette femme. Elle était tombée par hasard sur les photos que son mari conservait imprudemment. Elle voulait divorcer, mais comme ils avaient trois enfants et que leur maison n’était pas finie de payer, elle avait préféré avoir une explication orageuse avec son mari puis informer Luc. Il avait exigé une explication de sa femme qui s’était enfuie chez l’auteur des photos et c’est là qu’elle avait eu son accident.
La malheur, c’est que Luc se jugeait responsable de la mort tragique de sa femme. Martine sentait confusément qu’il fallait qu’elle l’aide à affronter ce problème avant de tenter de construire une relation comme celle qu’elle voulait avec lui.
En guise de conclusion, Nadine a déclaré :
Je vais finir par croire que, en dehors de nous trois, toutes les femmes sont des salopes !
J’ai ajouté :
Le pire, c’est que je crois que j’en fais partie.
De quoi ?
Des salopes, comme dit Nadine. Si vous saviez ce que Marc me fait faire.
Je leur ai tout raconté depuis le début de mes relations avec lui. Nadine était au courant d’une bonne partie, mais elle ignorait notre début de partie de jambes en l’air en partant au restaurant, notre retour tout nus, mes masturbations pendant que Marc se rasait et puis, jusqu’à hier, l’ignorance de ce « fist-fucking ». Quand je leur au raconté ça, elles m’ont demandé :
Mais tu n’as pas eu mal ?
Tu sais, a ajouté Martine, la peau est tendre à cet endroit là. J’ai vu dans mon cabinet deux femmes qui ont eu des problèmes au sexe parce que leurs maris, justement, leur ont fait ça. Ils s’y sont pris d’une manière moins douce que ton Marc, remarque.
Moi, les filles, je n’ai pas eu mal, je me suis contentée de jouir. Il est très pédagogue !
Martine se mit à rire :
Dis donc, tu me donnes une idée. Je vais lui proposer qu’il s’associe avec moi. Je donnerai les explications théoriques, lui les aidera à pratiquer.
Je lui ai répondu en riant :
Si tu fais ça, je t’arrache les yeux ! Il est à moi, rien qu’à moi et je ne veux le partager avec personne.
Je plaisantais, tu sais, m’a répondu Martine.
Nadine a ajouté :
Ce qui m’intrigue, c’est que je n’entends plus du tout parler de ses exploits, même si j’ignorais ses particularités, disons. Maman se tient au courant de ses frasques, en secret de papa qui ne veut pas en entendre parler parce que Luc fait partie incidemment de la famille. La soeur de papa est partie à Londres après s’être mariée avec un veuf qui avait un fils d’à peine un an, Luc. Nous sommes donc cousins je ne sais pas trop par quel miracle, mais je l’aime bien. Elle a divorcé parce qu’elle menait, paraît-il et selon mon père, une vie plutôt dissolue, ce qui ne l’a pas empêchée d’élever Marc comme s’il avait été son fils, surtout après le décès de son mari, alors que Marc devait avoir cinq ou six ans. Avant mon anniversaire, je n’avais vu Marc adulte que quelques fois, mais j’ai senti tout de suite que le courant passait bien entre nous. Toi, ma chérie, c’est autre chose ! Pour en revenir à ce que je te disais, maman m’a dit que, depuis mon anniversaire, elle n’entend plus parler de lui. Elle se demande même s’il ne s’est pas trouvé ce qu’elle appelle « une petite minette qui le mène par le bout du nez ». J’aimerais bien savoir, d’ailleurs, où elle loge le nez dans une affaire comme celle-là !
Nous avons éclaté de rire et elle a jouté :
Mais j’ai bien l’impression que la « petite minette », c’est une grande brune aux yeux violets.
Je leur ai appris :
Je ne suis sûre de rien, mais je peux vous dire qu’il me bouleverse à l’intérieur de moi. Quand il m’appelle d’une voix très tendre « ma douce » ou « ma chérie », je crois que mes glandes, comme tu dis, Nadine, se mettent en route et je commence à partir sur le chemin de la jouissance. Alors quand il me touche…
Martine m’a dit :
Ben dis donc, c’est grave, là. Tu l’aimes, ça ne fait pas l’ombre d’un doute. Et lui ?
Nadine reprit la parole :
Écoute, pour que maman me dise que plus personne ne parle de ses exploits, ça veut dire que Marc est sérieusement accroché. Évidemment, il faudrait savoir ce qu’il fait à Londres, mais maman a des échos qui viennent de là, justement. ll paraît que toutes ses ex murmurent qu’il a bien changé, que depuis à peu près un mois, il ne les regarde plus, qu’il rejette même celles qui deviennent trop collantes à son goût. A mon avis, Sylvie, tu as toutes tes chances.
Merci, Nadine ! Martine, je te souhaite de pouvoir faire la même chose, un jour, avec ton Luc.
Martine ferma les yeux et murmura :
Merci, Sylvie. Tu sais, c’est aussi ce que je me souhaite.
Elle regarda sa montre puis nous apprit :
Flûte, il va falloir que j’y aille. Merci, les filles de m’avoir écoutée sans juger.
Nadine lui répondit :
Tu sais, c’est pour ça que Sylvie et moi avons inventé ce « cercle fermé magique », comme tu l’appelles. On écoute, on console, on ne juge pas, on ne conseille pas. Ça fait du bien de le savoir, tu sais.
C’est vrai ! Merci encore. Bon, je vous laisse.
Elle est sortie du lit et nous l’avons imitée. Nous nous sommes rhabillées et nous nous sommes quittées après un petit baiser sur le bec de chacune.
En rentrant chez moi, dans la 2CV, j’étais sur un petit nuage : la « petite minette » dont la mère de Sylvie parlait, ça ne pouvait être que moi. Je me doutais qu’il avait du briser pas mal de coeurs, j’étais heureuse qu’il les ait toutes laisser tomber pour se consacrer uniquement à moi.
Du coup, je me suis remise nue, comme il aimait que je sois, je suis redescendu dans mon futur magasin et j’ai tracé à la craie, sur le sol, le plan de tout ce qui irait dedans. J’ai naturellement tenu compte de ce que m’avais dit Marc.
Alors que je remontais chez moi pour préparer mon repas, le téléphone a sonné. J’ai décroché. J’ai entendu la voix de Marc qui m’interrogeait :
Sylvie ?
C’est toi ? Je suis heureuse de t’entendre, figures-tu que je viens de tracer à la craie, sur le sol de mon futur magasin, tous les emplacements.
Il eut un petit rire et me demanda :
J’espère que tu n’as pas oublié ce que je t’ai dit.
Non, j’ai repoussé les cabines d’essayage d’un mètre vers l’avant. Qu’est-ce que tu vas faire ?
C’est une surprise. Tu verras. Je t’annonce une autre surprise : je vais venir avec un camion anglais et des spécialistes pour installer mon cadeau dans ton magasin.
Vrai ? Mais tu es fou ! Ça va te coûter cher pour un petit truc.
Non, ce n’est pas un petit truc, c’est un cadeau que je te fais. A mes yeux, rien n’est trop beau pour toi.
J’ai fermé les yeux pour savourer ses paroles. Il a ajouté :
Mais que fais-tu, en ce moment ?
Je viens de remonter chez moi, puisque j’étais dans mon magasin. Je m’apprêtais à préparer mon repas.
Comment es-tu habillée, dis voir ?
Avec rien !
Rien ?
Oui, je suis toute nue. A chaque fois que je vais dans mon magasin, je me mets comme ça. C’est de ta faute, c’est toi qui m’a fait prendre cette habitude
Je sens que je vais me dépêcher de venir te voir. Tu m’accueilleras avec ce que tu as en ce moment ?
Nue ?
Oui !
Tu m’as dit que tu venais avec des spécialistes anglais.
C’est vrai ! Remarque, ils apprécieraient sûrement de te voir nue !
Arrête ! Je vous attendrai habillée et je me mettrai nue uniquement pour toi.
Merci, ma chérie !
Il attendit un petit moment puis reprit :
Pendant qu’ils installeront ce que je leur ai demandé, je serai dans toi, j’en rêve, si tu savais !
Et moi, tu crois que je n’en rêve pas ? Tu ne peux pas savoir l’impression affreuse de vide que je ressens quand tu n’est pas à la place que tu veux dans moi.
Il y a eu un moment de silence puis il m’ appris :
A ce soir, ma Sylvie ! Je te téléphonerai pour te dire précisément à quelle heure nous arriverons.
Il a raccroché. J’avais hâte d’être à ce soir.
(à suivre)