Le lendemain, Tristan se réveille comme il s’est endormi : le drap recouvrant la moitié de son corps et la main posée sur son entrejambe. Il faut croire que ses pensées érotiques et culpabilisantes lui ont permis de passer une nuit relativement bonne. Sous la douche, devant son café chaud, en laçant ses chaussures et au volant, ses pensées se dirigent vers sa fille, son comportement, son corps et l’effet qu’elle lui fait. Ce n’est qu’arrivé au travail que ses pensées se préoccuperont de l’instant présent. Membres du personnel absents, problèmes techniques, négociations de planning… Tout comme la veille, cette journée commence sur les chapeaux de roues. Le midi, Eric et Tristan préfèrent même prendre leur pose à tour de rôle pour éviter de terminer la journée à pas d’heure. A 17h pétantes, Tristan compte bien déguerpir et tant pis pour les problèmes restants. Cela attendra la semaine prochaine.
La fin de journée arrivée, Tristan n’a qu’une hâte, retrouver son vieux pote au bowling, boire des bières et lui parler de l’idée musicale que lui a soufflé sa fille. En parlant de Mélissa, quelque part il est content de passer cette soirée sans elle. Après cette semaine riche en émotion, prendre du recul est peut-être la meilleure chose à faire.
Prêts à commencer leur partie, les deux compères posent leurs bières sur la table haute prévue à cet effet. Eric sélectionne sa boule avant de s’élancer. Quelques tirs plus tard, Tristan aborde l’idée du groupe de musique :
Au fait, j’ai essayé de t’en parler au boulot, mais avec la charge de travail qu’on avait, je nen ai même pas eu l’occasion. J’ai réfléchi à une activité en dehors du boulot.
Tristan s’en va tirer son coup. Eric boit une gorgée de bière :
— Ah oui ? Qu’est-ce que tu comptes faire ?
— C’est avant tout une idée de ma fille, mais je pense me remettre à la musique.
— Ah bon ?!
— J’aimerais bien refaire un groupe… Jouer des reprises, un peu comme quand on était jeunes.
— C’est une excellente idée ! Dis-moi, t’aurais pas besoin d’un batteur ?
— J’allais y venir ! Et donc, je me demandais si ça te dirait d’en faire partie ?
Eric envoie sa boule dans les quilles :
— Et comment !
— Cool ! parce que tu vois, non seulement on s’amuserait à faire de la musique ensemble, mais en plus, si on fait des concerts, ça me permettrait de peut-être rencontrer deux ou trois nénettes sympas !
— Même si on ne fait pas de concerts ! Admettons, on va boire un coup avec un des gars du groupe. Des copines à lui s’invitent à la soirée, il te présente en tant que guitariste du groupe, le truc qui fait fondre n’importe quelle nana et hop t’as plus qu’à marcher sur le tapis déroulé sous tes pieds.
— Ahah effectivement cette option pourrait être envisageable. Donc voilà si ça te dit, dès ce week-end, je me colle aux recherches.
Eric approuve cette idée en buvant sa bière. Tristan continue :
— En plus, l’autre jour en passant au magasin de musique, un bassiste sensiblement de notre âge recherchait un groupe. Je ne sais pas ce qu’il cherche à faire, mais ça ne coûte rien d’essayer.
— Complètement mon pote !
Eric semble assembler toutes ces informations dans sa tête puis manifeste à sa manière son enthousiasme. Il tape dans le dos de Tristan, lève son verre pour trinquer. Le choc des deux verres se fait dans le brouhaha environnant puis il dit :
— Par contre… On commencera mollo, va falloir que je dérouille tout ça, dit-il en tournant ses poignets comme pour les échauffer.
— Oui, ne t’inquiète pas, on commencera par des morceaux simples avant d’en entamer des plus complexes. Moi aussi, il faut que je dérouille mes doigts !
Enjoué par cette idée de refaire de la musique avec son ami d’enfance, Eric commande une deuxième tournée de pinte et dit à Tristan :
— Ahah ça me fait plaisir, je sens que je vais retrouver le vrai Tristan !
— Content de voir son ami réagir ainsi, Tristan commence à lui parler des morceaux qu’il aimerait faire. Un long débat s’enclenche entre eux.
Plus tard dans la soirée, Tristan rentre chez lui. Mélissa n’est pas encore rentrée, il décide d’aller récupérer de cette journée et de cette semaine sans plus attendre. Ni une ni deux, la tête sur l’oreiller, bercé par le litre de houblon ingurgité, il s’endort.
Le week-end tant attendu, Tristan se lève frais comme un gardon. Pour un mois de septembre et à 8h30 du matin, il fait plutôt beau et bon. Mélissa dort. Il décide de ne pas traîner et d’aller profiter du grand air en allant courir. Après une semaine pareille, rien de tel que d’aller courir après une bonne nuit réparatrice. En plus, ça remet les idées en place, chose qu’il a bien besoin en ce moment. A peine le nez dehors qu’il en ressent déjà les bienfaits, mais forcément, durant sa course, Tristan va automatiquement penser à sa fille, à son comportement et à ses formes. Il se demande jusqu’où tout cela va aller et se dit surtout qu’il est urgent pour lui de trouver une jolie femme avec qui passer du bon temps. Qu’elle soit plus jeune ou de son âge, que ce soit pour une heure, une nuit ou une vie, peu importe, l’urgence est là, car son il frétille devant chaque femme sur son passage. En y réfléchissant, il ne dirait franchement pas non de passer un peu de temps avec une fille plus jeune que lui de quelques dizaines d’années, assoiffée de sexe et gaulée comme un mannequin de lingerie, mais cela n’arrive que dans les films ou qu’à ceux qui ont les poches remplies de billets, pense-t-il.
La fin de la course approchant, il se pose un peu au soleil dans le parc voisin puis fait un détour à la boulangerie pour faire plaisir à sa fille qui, pour ne pas changer, aura sûrement les crocs à son réveil.
En début d’après-midi, père et fille vont au cinéma. Pour une fois, Mélissa ne le fait pas souffrir en portant un décolleté, elle est joliment habillée d’un pantalon noir et d’un haut fleuri. Son parfum si bien accommodé avec sa tenue semblerait même être celui des fleurs imprimées sur son haut. Une fois assis à leur place avec leur pot de pop corn et leur soda, Tristan la complimente sur sa tenue vestimentaire et son parfum. Mélissa le remercie avec un joli sourire ensoleillé.
Ils discutent un peu. Tristan se sent bien et se sent étrangement en bonne compagnie avec sa fille. Comme si son manque de compagnie féminine était comblé. De plus, il regarde la salle dans son ensemble, il n’y a pas grand monde. Une vingtaine de personnes à tout casser. « Tant mieux », se dit-il, « je n’avais vraiment pas envie de me retrouver dans le brouhaha d’une salle bondée. »
Les lumières s’éteignent, les bandes-annonces et le film commencent. Au commencement du film, Tristan pose spontanément sa main sur la cuisse de Mélissa. Il se rend rapidement compte qu’elle na rien à faire là, cela ne lui était jamais arrivé ou du moins pas dans ses souvenirs. Il s’apprête à l’enlever, mais se rend compte qu’elle ne le repousse pas et ne semble pas évoquer le moindre gène. Il décide de la laisser pour voir. Elle ne le repousse toujours pas. Lui par contre n’arrive pas vraiment à définir ce qu’il ressent. Il est partagé entre le gêne de laisser sa main posée sur sa cuisse et le fait qu’il apprécie ce qu’il touche. Serait-ce le fait que ça lui plaise qui le perturbe ? Le film a seulement commencé depuis cinq minutes et il a déjà du mal à se concentrer sur les images. Il se ressaisit pendant quelques minutes supplémentaires, mais Mélissa ne l’aide pas. A présent, elle croise ses jambes en faisant en sorte que sa main reste où elle est. Elle pose même la sienne sur son poignet. L’ atmosphère sombre du film enveloppe aussitôt la salle et l’attention de Tristan avec.
Il arrive enfin à suivre le film, mais progressivement il sent ses paupières s’alourdir jusqu’à ressentir une fatigue contre laquelle il a de plus en plus de mal à lutter. Sûrement le résultat de la combinaison du sport et de l’obscurité.
A deux pas de l’assoupissement, il sent une main légère se poser sur sa cuisse. Tristan devrait réagir, mais il se contente de la regarder. Il voit ses doigts entrer doucement en mouvement avant de la sentir bouger avec légèreté. Progressivement, il la sent monter, monter, monter, cette approche lui provoque des choses. Elle continue son chemin en se promenant autour d’une chose grandissante. Tristan est irrémédiablement incapable d’arrêter cela. Il se sent prisonnier de son corps, hypnotisé par ce sentiment étrange. Mélissa pose ensuite sa tête contre lui, met son corps en contact avec son bras malgré l’accoudoir qui les sépare. Ce contact le pousse à tourner la tête vers elle. Mélissa se comporte étrangement, elle semble vouloir attirer son attention tout en restant discrète. Tristan comprend rapidement pourquoi. Dans l’obscurité, l’autre main de sa fille est discrètement en mouvement sur son entrejambe. Il n’en croit pas ses yeux. Elle fait cela comme s’il ne la voyait pas, mais Tristan la voit très bien, son sang bouillonne et elle n’a pas l’air de faire semblant.
A force, cette situation finit par l’exciter lui aussi. Il ressent des choses, mais ne sait absolument pas quoi faire, cette fille à côté de lui n’est tout de même pas n’importe qui ! A présent, Mélissa re-croise ses jambes en y emprisonnant sa main et en se tournant un peu vers lui. Mélissa quitte des yeux l’écran pour regarder évoluer sa main, mais à aucun moment elle ne croise son regard. Dangereusement, elle s’approche de la zone interdite, vers ce dont il redoutait le plus et avait envie à la fois. En même temps, Tristan ressent la chaleur humide entre ses jambes. Les quelques mouvements de bassin de sa fille suffisent à stimuler sa petite chatte à travers son pantalon contre sa main.
Maintenant c’est lui qui la sent, oui, la paume de cette main légère et curieuse a franchi la frontière interdite ! Tristan sent qu’elle glisse en épousant la forme de sa bite, que ses doigts prennent connaissance de sa forme longue et grossissante. Un courant électrique chaud s’étale en lui. Il traduit la sensibilité de son sexe pourtant rangé dans son jean.
Soudain, le sentiment d’être observé le traverse. Il tourne la tête à gauche, un homme assis sur le siège voisin. Tristan est pétrifié, il se sent piégé ! Un éclat lumineux provenant de l’écran éclaire le visage de l’inconnu : Eric ?! Mélissa continue malgré tout. Tristan tente de l’arrêter, impossible ! Il est pétrifié. Mélissa va encore plus loin en défaisant les boutons de son pantalon ! Sa main glisse à l’intérieur : « Non, Mélissa, arrête ! » essaye-t-il de dire sans qu’un son ne sorte de sa bouche.
Eric dit alors :
— Putin… Y en a qui ont de la chance… Un mannequin de lingerie, ça n’arrive pas à n’importe qui. Tu vois, je te l’avais dit, rien de tel que les rencontres, les vraies rencontres ! En plus, elle a l’air d’avoir les crocs !
Tristan ne comprend plus rien et n’arrive plus à rien faire. Sa fille est de plus en plus chaude, de moins en moins discrète. C’est surréaliste, les sensations ne lui semblent même plus en lien avec ce qu’il se passe, à tel point qu’il a l’impression de perdre la tête. D’un coup, la lumière s’allume. Eric les regarde passivement. Tristan est pris d’un sentiment de honte. Ça n’en finit pas, les quelques spectateurs se lèvent ! La double porte battante s’ouvre brusquement, le personnel du cinéma pénètre dans la salle avec trois policiers ! Tout le monde les voit ainsi ! Tristan a envie de crier, de pleurer, de fuir, il se sent humilié, impuissant, condamné à jamais et incapable de faire le moindre mouvement. Les accusations pleuvent !
Tout se trouble, la lumière s’assombrit, il ressent un engourdissement et, soudain, un son explosif retentit suivi d’ une musique spectaculaire. Tristan ouvre les yeux : les images géantes enflammées illustrent le son qui l’a tiré de l’enfer.
Les yeux écarquillés, Tristan prend un peu de temps pour revenir à la réalité, à accepter le soulagement que tout cela n’était qu’un cauchemar. Il regarde sa fille, quelques détails réels ont dû perturber son sommeil : Mélissa a la tête posée sur son épaule en regardant le film avec une main posée sur lui alors que la sienne est toujours entre ses jambes croisées. « A quel moment me suis-je endormi ? » se demande Tristan.
Perturbé par ce rêve, il décide d’ aller se rafraîchir, les idées aux toilettes. Il traverse les couloirs déserts du cinéma. Ces quelques pas sur le revêtement en moquette lui font déjà du bien. Dans les toilettes, il ne fait pas attention aux quelques personnes qui en sortent. Il passe ses mains sous l’eau froide, se rince le visage et se regarde dans le miroir :
— Qu’est-ce qui t’arrive mon pauvre vieux, tu perds la tête…
Les goûtes d’eau perlant sur sa barbe lui rappellent l’épisode sous la douche. Tristan part dans ses pensées, revoit cette scène surréaliste, se remémore une nouvelle fois toute cette semaine. Toujours les mêmes questions, pourquoi Mélissa l’obsède-t-elle tant alors que c’est sa fille. Rien ne peut l’en empêcher, ni son auto-persuasion ni le sport, ni même Eric, son meilleur ami.
Il se dit qu’il faudrait peut-être ouvrir le dialogue à ce sujet… Mais s’il se trompe ? Si c’est lui qui interprète mal tout cela ? Comme l’a fait son rêve…
Une personne entre dans les toilettes, il est temps de retourner en salle.
En sortant du cinéma, père et fille débattent du film. Pipelette qu’elle est, Mélissa entre dans un monologue relevant chaque détail du film. Vu que Tristan n’a pas vraiment – du tout – suivi le film, ce monologue l’arrange. Au bout d’un moment comme chaque homme fait lorsquune femme parle trop, il place quelques mots pour ne pas la vexer. Dans la voiture, le moulin à parole ne s’arrête pas de tourner pour autant. Tristan est excédé, il cherche alors un moyen de conclure la conversation. Il y arrive. En route, Sabrina appelle Mélissa pour qu’elles se voient le soir même. Tristan accepte qu’elle sorte. Il se dit que ça lui permettra peut-être de prendre du recul face à tout ça. En plus dehors, le temps est bien différent que ce matin. Tout est gris, il se dit qu’il a bien fait d’en profiter ce matin.
Une fois rentrés, elle se prépare puis repart, car Sabrina passe la chercher.
Enfin seul, Tristan se pose dans le canap’ sans allumer la télévision, pensif en ressassant tous les événements marquants de cette semaine. Il en vient à repenser à ce rêve proche du cauchemar. Et si elle l’avait réellement touché ? Ses intentions auraient été tellement fortes que Tristan en aurait rêvé ? Tristan ne sait plus quoi en penser. Il se lève fumer une clope sur la terrasse. Le soir s’installe. La température baisse et le ciel est constamment gris depuis qu’il est sorti du cinéma. On dirait bien que le prolongement de l’été touche à sa fin. Rien de bien motivant. Il termine sa cigarette, ère dans l’appartement sans réel but que celui de vouloir savoir où tout cela va les mener. Il entre dans la chambre de Mélissa.
A l’intérieur un bordel sans nom en partie à cause des préparatifs de dernières minutes. Le clapet de son ordinateur portable est à moitié ouvert sur son lit. A côté, une pile de vêtements propres qu’elle n’a pas encore pris la peine de ranger, au sol des vêtements et sous-vêtements qu’elle a sûrement essayés avant de partir et sa serviette de bain encore mouillée étendue à la va-vite sur le dossier de sa chaise de bureau. Tristan en profite pour bien étendre sa serviette pour éviter qu’elle ne tombe et empeste l’humidité.
C’est alors que quelque chose l’interpelle. Sous son lit, du côté opposé de la porte, il aperçoit un bouquin pas très épais à couverture rigide. Son instinct le pousse à le prendre. Il s’assoit sur le bord du lit en regardant la couverture. Au milieu se trouve une serrure pour lier la couverture séparée en deux. « Très original » se dit Tristan. La couleur entre le rouge et le marron lui donne même une allure de grimoire. Entre ces pages, le coin d’une feuille dépasse. Curieux, il essaie de la prendre en glissant un marque-page récupéré depuis sa table de chevet afin de ne pas perdre l’endroit où était glissée la feuille. Opération réussie, il ouvre cette feuille pliée en deux.
A première vue, cela ressemble à une feuille de cours. En titre : La Guerre Froide. Les quatre premières lignes introduisent ce chapitre d’Histoire puis la phrase écrite s’interrompt. Des dessins sont gribouillés dans la marge en dessous de la date correspondant à mardi dernier : une rose ensanglantée, des curs puis en anglais, quelques mots qui ressemblent à des paroles de chanson. Mais ce qui marque l’attention de Tristan est le texte qui suit. Un texte étoffé avec de temps à autre des mots raturés :
« Qu’est-ce qui m’a pris hier ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Journal, il faut que je te raconte quelque chose que je qualifierais de grave… Mais en même temps, j’en garde un bon souvenir… Hier soir, mon papa chéri ne décrochait pas un regard de mon décolleté. A force, je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de le tester, car il est vrai que j’ai ramé pour attirer son attention ces derniers jours. Tu l’aurais vu, il était tout déboussolé, je suis même prête à parier qu’il regardait autre chose lorsque j’avais le dos tourné… mais ce n’était pas le seul… Quand il est allé prendre sa douche, je suis allée me brosser les dents comme d’habitude… J’ai aperçu son reflet dans le petit miroir et là j’ai craqué… Complètement craqué. Le voir nu sous la douche ne me rendait pas indifférente, je suis rapidement devenue très excitée. J’ai alors commencé à me toucher discrètement en le regardant… Lui ne me voyait pas, enfin… Je crois sinon, le connaissant, il aurait dit quelque chose. Puis les choses se sont accélérées. J’aurais pu aller dans ma chambre pour continuer, mais non. A force, j’avais envie qu’il me voit, qu’il m’accepte et me prenne comme il l’aurait fait avec n’importe quelle femme. Et quand son sexe est devenu dur, ça m’a rappelé la fois où j’avais failli craquer sur le canapé, j’avais envie de la sentir dans mes mains, de la prendre en bouche, de lui faire plaisir, de sentir en même temps ses mains sur moi… Quand j’y repense petit journal, à l’heure actuelle ça me provoque des choses, je sens que je suis toute humide… Je le revois, je revois ce moment où j’ai perdu pied et que je me suis laissé monter au septième ciel.
Mais en même temps, ça me tourmente. Qu’est-ce qu’il se serait passé s’il m’avait vue ? Voilà la question que je me pose… plusieurs scénarios me viennent à l’idée. Je me dis qu’il m’a peut-être vue, mais qu’il ne veut pas me le dire… En même temps, c’est compliqué à dire… J’ai aussi tendance à penser qu’il aurait appelé l’hôpital psychiatrique s’il m’avait vue… mon bas de pyjama était quand même à mi-cuisse, j’étais adossée contre le mur et une de mes mains s’occupait de mes seins pendant que l’autre s’occupait de mon minou… Qu’est-ce que j’étais mouillée quand j’y repense… s’il avait ouvert le rideau, je n’aurais pas pu nier… j’ai peur… peut-être qu’un jour je perdrai le contrôle ? Tu crois qu’un jour je craquerais pour de bon ? »
Tristan en reste bouche bée. Cela confirme tout ce qu’il pensait depuis le début, mais une phrase l’interpelle « cela me rappelle la fois où j’ai failli craquer sur le canapé ». De quoi veut-elle parler ? Quand était-ce ? A-t-elle écrit d’autres choses à ce sujet ? Tristan se pose dix mille questions. Il comprend que ce qu’il tient entre ses mains est son journal intime. Il meurt d’envie de l’ouvrir pour en savoir plus, mais où est cette clef ?
Ni une ni deux il commence à chercher. Sous le lit, sous son oreiller, dans les tiroirs de sa table de chevet, dans son bureau, il va même jusqu’à regarder dans la pile de vêtements, dans ses chaussures, dans son sac de cours en vain. Il s’assoit pour réfléchir. Il pense alors à un endroit où personne n’irait fouiller : son tiroir à sous-vêtements. Esclave de sa curiosité, Tristan ouvre son placard mural. Il ouvre un premier tiroir, pas le bon. Le deuxième, rempli de petites culottes, de string, de chaussettes, de soutiens-gorge de toutes les couleurs et au style varié. Soucieux de ne laisser aucune trace, il y plonge les mains sans y mettre le bazar.
Cette exploration l’amène à faire quelques découvertes alléchantes. Pour commencer, il tombe sur une panoplie de nuisettes : une noir à dentelle, une autre rouge et noir, une blanche aux bordures du décolleté en dentelle noir, une noir à poids blancs puis un ensemble de lingerie noir avec des nuds rose pâle. Quelques endroits sont transparents, un mélange de dentelle et de satin. Cela ressemble à du haut de gamme. Tristan prend le soutien-gorge, regarde l’étiquette au dos : Aubade 90 D. Lire la taille de son bonnet lui est excitant, mais il ne s’attarde pas, range le tout méticuleusement et reprend ses recherches. Il ne fallut pas attendre longtemps pour tomber sur autre chose. Tristan tâte. Cela ressemble à une pochette en satin, mais quelque chose s’y trouve à l’intérieur. Il la sort : sans même sortir le contenu, il comprend. Il l’ouvre :
« La coquine » se dit-il. Tristan en sort un gode assez réaliste de bonne taille, mais pas non plus exagéré, avec un petit tube de lubrifiant et un petit vibromasseur rose. Il prend un peu de temps pour analyser cet équipement coquin et passe en revue tout ce qu’elle pourrait faire avec. Il range ensuite le tout aussi méticuleusement que sa lingerie.
Résultat des courses : pas de clé, mais de somptueuses découvertes qui l’amènent à regarder plus attentivement sa lingerie, ses multiples sous-vêtements, à relire la taille de son bonnet et à ressentir des envies sexuelles de plus en plus pressantes. Il laisse tomber la recherche de clé pour le moment. Il se dit qu’elle l’a peut-être avec elle pour être sûre que personne ne tombe dessus ou alors il tombera dessus un autre jour.
Tout en regardant son linge intime, il repense à la semaine, à la séance de cinéma, à son rêve, à ce qu’il a lu, à ses seins, au souvenir qu’il a de les avoir accidentellement touchés, à la vue qu’il avait lorsqu’elle a tiré sur son haut… Il commence à se toucher, à répondre à ses envies… « C’est mal, mais qu’est-ce que c’ est bon » se dit-il. Il sort ensuite sa queue gonflée et dure, se procure de délicieuses sensations tout en touchant et en regardant ses tissus.
Lui vient alors une idée. Il entoure sa queue d’une de ses culottes, son excitation grimpe d’un cran. Il remplace ensuite cette culotte par la lingerie coquine Aubade. Un flash lui vient, celui de voir sa fille habillée de ce fabuleux ensemble. Dans son imagination, ses seins sont enclavés dans cette dentelle noire et décorés de ce petit nud rose. Ses fesses pâles seraient traversées par le string noir et devant, son petit minou serait presque visible à travers le tissu noir transparent surplombé du même nud rose.
« Hummm qu’est-ce qu’elle est bonne » se dit Tristan. Il l’imagine aussi chaude que dans la salle de bain et aussi proche de lui qu’au cinéma en train de le masturber. En repensant à ce qu’elle a écrit, elle serait très sensible à ses caresses puis ne résisterait pas à l’envie de le prendre en bouche. Tristan la voit parfaitement se pencher à côté de lui afin de prendre son sexe en bouche, cette vision le transporte encore plus loin. Il s’imagine maintenant pétrir ses seins à travers sa lingerie pendant qu’elle le suce avec passion, découvrir et toucher sa chatte toute mouillée. Elle le branlerait dans sa bouche, contre sa langue, excitée par ses caresses, par ce qu’elle fait et par le plaisir qu’elle lui procure. Tristan sent qu’il ne va pas tarder à venir, soucieux de ne pas être démasqué, il saisit illico presto un des soutiens-gorge posés au sol, se masturbe avec, la tête remplie de ce fantasme incroyable. Au fur et à mesure qu’il grimperait vers l’extase, il masturberait son minou sous son tissu semi-transparent, Mélissa le branle contre sa langue en gémissant, Tristan jouit :
Dans son imagination, du sperme chaud et épais sort en grande quantité contre la langue de Mélissa, dégouline sur ses doigts, éclabousse un peu son visage ! Enfin, elle suce sa queue en avalant le restant de sperme qui en sort.
En réalité, Tristan souille son soutien-gorge. Son sperme coule à même le sol et sur ses doigts.
Il reste ainsi un moment à ressentir la fin de son extase et la puissance de son imagination. Une imagination liée à des faits réels.
Ses pensées se reconnectent à la réalité, au fait qu’il s’est branlé encore une fois en pensant à sa fille, mais pire, avec quelque chose qui lui appartient… Tristan culpabilise. Il s’empresse d’aller nettoyer son soutien-gorge et lui-même par la même occasion.
Après avoir pris soin de vérifier que tout est bien à sa place, Tristan quitte la chambre de sa fille pour se mettre dans le salon. Il regarde l’heure : 19h34. Il se surprend d’avoir passé autant de temps dans sa chambre, quasiment 1h30. Son téléphone portable clignote. Sa fille lui a envoyé un message disant qu’il ne l’attende pas pour manger et pour le prévenir qu’il y a de fortes chances qu’elle dorme chez Sabrina ce soir. Tristan se dit qu’il a eu beaucoup de chance qu’elle ne soit pas rentrée pour manger ! Il lui donne son accord pour qu’elle dorme chez Sabrina. Elle lui répond :
— Merci mon papa chéri, je t’aime. Avec un smiley en forme de cur.
Ils s’échangent ce genre de texto depuis une paire d’années, mais à l’heure actuelle, surtout après ce qu’il vient de faire et ce qu’il vient de lire, ce texto sonne différemment pour Tristan. Il décide cependant d’y faire abstraction et de lui répondre comme il le ferait d’habitude, mais en ajoutant de quoi enjoliver le message :
— De rien ma petite chérie, amuse-toi bien, je t’aime aussi. Avec un smiley en forme de baiser et un autre souriant.
Tristan passera la suite de la soirée à faire de la musique et à jeter un il aux annonces de groupes et de musiciens sur Internet. Aucun ne retient son attention, mais il se dit qu’il y jettera un il de temps en temps au cas où il trouverait ce qu’il cherche. Ensuite, en repensant aux lointaines années de sa jeunesse, l’idée lui vient de sortir sa vieille console de jeux vidéo. Il s’éclate, prend plaisir à refaire des jeux qu’il avait torchés dans sa jeunesse et à constater le challenge que les jeux offraient à l’époque.
Puis dans la soirée, sa fille lui envoie un texto :
— Ça va, tu ne t’ennuies pas trop mon papa chéri ? Sabrina te passe le bonjour. 🙂
— Oh c’est gentil, tu lui passeras le bonjour de ma part aussi. Non, j’ai rebranché ma vieille console et je t’avoue que je ne vois pas le temps passer. Et toi, ça se passe bien ?
— Trop cool, faudra qu’on y joue quand je reviens… Enfin demain lol. Oui très bien, là on est rentré chez Sabrina. On va peut-être ressortir après, on verra.
— Oui demain aprem on pourra y jouer. D’accord ma chérie, amusez-vous bien, mais restez prudentes.
— Oui ne t’inquiète pas mon papa chéri. Pour le moment, y a rien à craindre, on est chez elle, mais je me demandais si on pouvait faire une soirée avec Sabrina un de ces quatre ? J’aimerais bien l’inviter à la maison.
— Oui bien sûr, d’autant que ça me ferait plaisir de la revoir, ça fait un bail !
— Cool je suis trop contente, elle aussi serait contente de te revoir. Bon je te laisse, geek bien, je te fais plein de bisous (et Sabrina aussi).
Ce dernier texto met un des sens de Tristan en éveil. C’est bien la première fois qu’elle lui marque « je te fais plein de bisous » et est aussi surpris que Sabrina veuille autant lui communiquer sa motivation de le voir. Quoi qu’il en soit cette surprise n’est pas désagréable, Tristan lui répond :
— Vous allez me faire rougir avec tous ces bisous. Allez, je vous embrasse toutes les deux, amusez-vous bien.
Mélissa conclut avec un smiley en forme de bisou et un cur.
Avant d’aller dormir, Tristan pense à elle et ressent l’envie de lui envoyer un texto pour lui souhaiter une bonne nuit. Il y met même un smiley en forme de cur.
Elle lui répond quelques minutes plus tard avec un message composé de quelques fautes d’orthographe et d’une dizaine de curs à la fin en ajoutant qu’elle lui fait encore plein de bisous.
Tristan s’endort.