16.
Alain me réveilla au petit matin pour me demander de nous préparer pour le retour là Arcachon. Mais malgré ses protestations, je réussi à le chevaucher et à mempaler sur son membre tout dur. Si son esprit disait non, son corps criait le contraire.
Nous fîmes lamour une fois avant dêtre déranger par le service détage qui nous amenait le petit-déjeuner.
Je voulus recommencer sous la douche, mais cette fois, Alain eut le dessus et me renvoyer dans la chambre boucler nos valises.
Du retour, je ne vis pas grand-chose du passage, seulement le profil de mon chéri.
— ah, vous voilà enfin, sexclama Isabelle. Comment tu vas ? me demanda-t-elle en particulier.
— ça va. Jai tourné la page. Grâce à Alain, euh Igor
Isabelle me regarda étrangement, puis se tourna vers Alain. Son sourire à moitié figé par sa cicatrice, nappelait pas dautres explications quant au lien qui nous unissait et que connaissait Isabelle.
— tu vois, cétait pas la mer à boire !
— un peu quand même, dit-il en me regardant tendrement.
— allez, racontez-moi tout !
Et on raconta ce quon avait fait ces derniers jours. Je déballai les valises, montrant mes achats et mes Louboutin.
— tu as craqué finalement !
— et encore, elle sest retenue, dit Alain, sinon, elle achetait le magasin. Elle a passé presque deux heures à essayer les modèles sans pouvoir se décider.
— bon, cest pas tout, mes tourtereaux. Mais vos histoires mont chauffée à blanc. Vous ne voulez pas éteindre le feu ?
On soccupa dIsabelle. Moi en à bas à la gougnotter, Igor en haut à jouer avec ses seins pendant quil se faisait sucer. On la prit à tour de rôle, puis ensemble. Et finalement, on réussit à éteindre le feu. Un feu étrange capable de bruler sur un terrain particulièrement humide.
Comme toutes les fins de semaine, Jean-Charles venait les passer avec nous. Le voir réveilla les souvenirs douloureux de ma mission. Je lui lançai un regard noir, presque haineux lorsquil entra dans la maison.
— je suis désolée, dit-il sincèrement.
Je me précipitai dans ses bras et éclatai en sanglots.
— merci ma chérie, merci, répéta-t-il en me caressant les cheveux.
— jai réussi ma mission ? demandé-je.
— oui, au-delà de toute espérance. Laisse-moi me changer et je texplique tout.
Je séchai mes larmes et allai me repoudrer le nez. Charlène arriva près dune heure plus tard, le temps de se travestir et de retrouver sa femme.
— tiens, cest pour toi, dit Charlène en me tendant une enveloppe.
— quest-ce que cest ? Ma lettre de licenciement ?
— ouvre, au lieu de dire des bêtises !
Je déchirai le courrier et en sortis une feuille qui avait lapparence dune fiche de paye. Elle était à mon nom, Nicole Tardieu. Mon métier était « Consultante en relations humaines ». Je descendis directement en bas à droite pour lire un montant énorme. Tellement que je dus my reprendre à deux fois.
— je ne comprends pas.
— assieds-toi. Voilà. On avait des rumeurs sur le couple McIntyre, des rumeurs peu flatteuses. Dans laprès-midi précédant la soirée, Alain est entré dans leur chambre que javais réservée exprès pour eux et y a placé quelques caméras. Tout ton supplice a été filmé sur toutes les coutures et les rumeurs savéraient fondées.
Lors de la négociation finale, on a sorti les enregistrements. Et non seulement on a pu faire baisser le prix de la transaction et obtenir des dommages et intérêts. La somme que tu vois sur la fiche.
Heureusement que jétais assise.
— je tavais rien dit de qui tattendait pour que tu sois la plus naturelle possible. Mais Alain nétait pas loin au cas où ça aurait vraiment dégénéré.
— parce que ça navait pas vraiment dégénéré ?
— non, ils ont fait pire. Mais les victimes, toutes des travestis, navaient pas osé porter plainte.
— mais ils peuvent contre-attaquer ?
— oui, mais les vidéos seront envoyées aux bonnes personnes. Et sils ne veulent pas être éclaboussés dans un scandale, ils ont tout intérêt à la fermer.
— et les autres victimes justement ?
— malheureusement, je ne peux rien pour elles. Jen suis triste, mais cest comme ça. Mais dun autre côté, grâce à toi, il ny en naura pas dautres. Profite de ton chèque. Tu pourras tinstaller avec Alain.
— ben justement, puisquon en parle, dis-je. On sest posé la question avec Alain, Igor. Oh zut ! En fait on est bien ici. Et si vous êtes daccord, on voudrait rester et continuer de vivre comme on la fait jusquà maintenant.
— PARFAIT ! sexclamèrent en chur Charlène et Isabelle. On craignait que vous nous quittiez.
— jaime mon Alain, mais je vous aime aussi. Pas de la même façon, mais je vous aime. Après tout ce que vous avez fait pour moi, je serai malpolie et ingrate de partir.
Le week-end suivant, Alain me demanda de mettre une tenue un peu plus passe partout. Un jean, un pull et des bottes sans talons feront laffaire car on va devoir marcher, mavait-il dit. Et de prendre quelques affaires de rechanges pour une nuit. Connaissant mon homme et son passé militaire, je craignis une sortie rando et nuit à la belle étoile.
Nous descendîmes en ville (à pied) et embarquâmes sur une vedette qui traversa le bassin pour le Cap-Ferret.
Nous marchâmes ensuite sur presque deux kilomètres pour arriver enfin devant un pavillon dans une rue tranquille au milieu des pins.
— bonjour fiston, dit la dame en ouvrant la porte dentrée.
Je jetai un regard noir à Alain.
— salaud ! murmuré-je. Tu aurais pu me prévenir.
— et je suppose quil sagit de Nicole, dit-elle en me prenant dans ses bras pour me faire quatre bises claquantes sur mes joues.
— Chérie, je te présente ma mère, Andrée.
— bonjour madame.
— pas de madame entre nous. Cest Andrée et cest « tu ». Pas de vous entre nous ! Cest compris ?
— oui madam Andrée.
— allez, entrez, entrez.
— papa nest pas là ?
— pas rentré du marché. Tu aimes le poisson ? me demanda Andrée
— elle aime tout, répondit Alain avec un sous-entendu à peine dissimulé.
Je lui donnai un coup de poing sur son épaule, qui neut pas plus deffet quune simple caresse.
— tu à lair heureux mon fils.
— oui maman, je suis très heureux.
Et cétait vrai quAlain avait changé depuis quil mavait avoué ses sentiments. Lhomme habituellement sur la réserve, avare de parole, souvrait de plus en plus, parlait. On discutait beaucoup, de tout, de rien. Il me racontait ses expéditions commandos. On parlait aussi de lavenir. Du mien surtout. Même si pour le moment, ça restait une grande page blanche.
La porte dentrée, souvrit.
— cest moi, cria un homme.
Alain se leva et jen fis autant.
Son père était son portrait craché, en plus vieux.
— Nicole, Jacques, mon papa. Papa, je te présente Nicole.
— ravie de faire ta connaissance, dit-il en me faisant la bise.
— ravie aussi, dis-je un peu bêtement.
Andrée sempara du sac de courses et fila vers la cuisine.
Le temps que son père range son manteau, Alain mavoua que ses parents ne savaient pas que jétais un garçon. Et me demanda de rester discret sur ma vraie nature. Son père accepterait mal que son fils soit homo.
Je fis connaissance du père de mon chéri. Mon beau-père. Je souris à cette idée, qui était un fait. Etant en couple avec Alain, Jacques et Andrée devenaient ipso facto mes beaux-parents. Et moi leur belle-fille. Cette implication me fit frémir de bonheur mais aussi dangoisse.
On passa à table pour lapéritif. Jacques avait été militaire lui aussi, et aussi dans une unité de combat. Je ne posai pas la question sur le grand-père de peur de devoir briser une lignée.
Les parents dAlain ne cessaient de me poser des questions sur ma vie, doù je venais, ce que je faisais. Question dautant plus embarrassantes. Mais à chaque fois, mon chéri venait à ma rescousse, biaisant les réponses ou en inventant avec plus ou moins de réalisme.
Mais le pompon arriva au dessert.
— Le mariage, cest pour quand ? Et les enfants ? Vous en voulez combien ? demanda Andrée
Je manquai de métouffer avec ma part de tarte aux pommes.
— malheureusement, maman, il ne va pas falloir compter dessus. Nicole a eu un accident étant jeune et depuis, elle ne peut pas avoir denfants.
« tu métonnes ! » pensé-je
— oh ma pauvre chérie, me consola Andrée. Comme cest triste.
— je me suis fait une raison, dis-je faussement contrite.
Le repas du soir fut beaucoup plus léger. De toute façon, à part un yaourt, rien dautre ne put descendre.
Je découvris la chambre dAlain. Mais on se garda de faire lamour, même si ce nest pas lenvie qui nous manquait. Je navais pas lhabitude dexprimer mon plaisir en silence.
Le dimanche fut tranquille. Alain me fit visiter la presquile, la cité ostréicole du Canon, mais aussi les maisons qui bordaient le bassin avec la pinasse familiale.
On rentra sur Arcachon avec la dernière navette.
— voilà, tu connais mes parents.
— tu aurais pu me prévenir avant.
— mais tu ne serais pas venue.
— si mais pas si vite.
— cest bien ce que je dis : tu ne serais pas venue. Bon, ça sest plutôt bien passé, non ?
— oui, très bien. Tes parents sont charmants.
Je me remis à penser aux miens qui mavaient reniée. Jusquà présent, je ne men formalisai pas plus que ça. Mais aujourdhui, je ressentis comme un manque. Alain me prit dans ses bras, toujours aussi réconfortants et rassurants.