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Nouvelle – Chapitre 3

Nouvelle - Chapitre 3



Statue figée offerte aux regards lascifs, elle sent la tension monter dans toute la pièce. Elle imagine, à travers le tissu du foulard les visages contemplatifs et les yeux gourmands. Mais elle se dit alors que toutes ces personnes ont surement une grande expérience de l’érotisme et du sexe. Leur raffinement épicurien les a certainement déjà conduits à organiser de nombreuses fois ce genre de soirées. Et si je ne leur plaisais pas tant que ça ? Se dit-elle. Le doute la fit redescendre du piédestal ou elle se croyait. D’autant plus qu’elle avait aperçu, à son arrivée, dans la grande pièce de belles femmes élégantes. Plus belles qu’elle. Ces sombres pensées firent vaciller son dos. C’est alors qu’elle entendit à nouveau la porte s’ouvrir.

D’autres personnes arrivaient dans la pièce. Il lui semblait qu’elles étaient presque une vingtaine à présent. En fait, tous les gens de la grande salle se disait-elle. Ils sont tous venus. Elle perçut dans ce nouveau public un silence ému et elle entendit même un souffle de désir non retenu. Une sorte d’inspiration de surprise et d’émotion forte. Cette idée la rassura et elle rejeta doucement les épaules en arrière, se cambra imperceptiblement comme pour se donner confiance en elle. Le désir qu’elle avait cru percevoir avait amplifié le sien. Son ventre se soulevait un peu plus rapidement et elle sentit sa poitrine se dresser comme une ultime provocation. Dans son esprit, l’anxiété, bien que toujours présente, commençait à laisser de plus en plus de place à l’excitation des sens.

Elle sentit alors deux hommes saisir ses bras mais d’une manière nouvelle. Plus douce, plus caressante. Elle reconnut la voix de son ami P. qui, tout en la tenant, lui chuchota: « Ne t’en fais pas tout va bien aller ». Alors, elle ne résista pas lorsqu’on l’amena contre un des murs de la pièce. Elle abandonna même machinalement ses petites ballerines à côté de sa robe. Les personnes s’étaient réunies en arc de cercle autour de ce trio. Puis les deux hommes avaient levé ses bras pour placer ses mains à plat contre le mur, juste devant son visage. Elle appuya alors son front sur ses mains comme pour une prière sacrée. À nouveau elle entendit la voix rassurante de P.: « Reste comme ça et ne bouge pas ». Elle était calme, immobile mais son esprit imaginait tous les regards de l’assistance descendant de son dos jusqu’au bas de ses hanches. Un frisson nouveau se mit à parcourir son corps.

Elle sentit alors deux mains caressantes monter de ses cuisses jusqu’à ses hanches. Sans doute l’une était à son ami P se dit-elle. Les doigts glissèrent délicatement par-dessus l’élastique de son slip blanc. Puis, d’un geste lent, le firent descendre le long de ses jambes et disparaître. La nudité totale était maintenant son seul habit. Les personnes de l’assemblée détaillaient sans retenue les fesses pâles et rebondies de la jeune femme et les plus impatients se délectaient déjà de la volte-face imminente.

Plus de fausse pudeur, plus de sécurité. Son cur battant à tout rompre, elle prit une grande inspiration et se retourna lentement.

Au fond d’elle-même, elle fut soulagée de porter son bandeau pour ne pas avoir à croiser tous ces regards inconnus. Elle se tenait fière, ses bras le long du corps et bien plantée sur ses deux pieds. Comme si elle attendait, résignée, sa mise à mort. Tous les regards la parcouraient et s’attardaient sur cette nouvelle portion de corps qui leur était offerte. La jeune femme avait un beau triangle de toison noire discrète qui masquait sa féminité. Mais aussitôt, comme pour ne pas laisser trop de temps au public et le tenir en haleine, les deux hommes guidèrent la jeune femme vers le grand lit et l’allongèrent sur le dos. Ils attachèrent ses mains et ses pieds délicatement écartés avec des tissus noirs. Cette fois, rien ne pouvait échapper aux regards avides qui avaient tout le temps de se délecter de ce corps.

Bien qu’un peu apeurée, elle se sentit belle en cet instant et imaginait encore tous les gens autour. Elle ne savait même pas combien précisément mais peu lui importait. A ce point d’abandon de soi, ils auraient pu être des centaines qu’elle n’aurait pas été plus embarrassée qu’elle ne l’était déjà.

Sa gêne fit rapidement place à une agréable sensation. Une personne commença à embrasser son corps d’une manière si douce et si experte qu’elle en oublia presque les gens autour. La surprise, l’imprévisibilité de ces caresses firent découvrir à la jeune femme une volupté nouvelle. Les baisers et caresses appuyés contre sa bouche descendirent lentement sur ses seins qui se dressaient à nouveau. Puis l’exploration arriva sur son ventre plat et profond et la langue inconnue fit quelques arabesques autour de son nombril. La bouche parcourut les cuisses quelques instants puis s’arrêta sur la vulve de la jeune femme. Les mouvements de langue étaient si tendres, si parfaits, qu’elle se cambra de désir et laissa échapper un petit souffle de plaisir. La caresse s’accéléra subtilement et le ventre de la jeune femme ne put retenir un spasme. Sous les yeux lascifs de l’entourage, le sexe de la jeune femme se gorgeât de désir et ses mains entravées agrippèrent le tissu noir.

Une chaleur moite avait envahi son corps jusque dans ses tempes. Malgré ses entraves, elle tendit légèrement son bassin comme pour réclamer davantage de cette bouche si complice. Plus rien n’existait que son plaisir qui commençait à arriver lentement par vagues. Mais la douce volupté s’interrompit soudainement. Elle restait là, allongée, expirant par saccades, en attente d’une nouvelle promesse sensuelle.

Puis, alors que ses doigts relâchaient les tissus qui emprisonnaient ses poignets, elle sentit un corps nu s’étendre délicatement sur elle…

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