Et avant chaque rencontre, tu ne sauras plus pourquoi. Dans chacun de ses regards, tu tomberas pourtant, Eternellement.
* * * * * *
Ce soir, je saute le pas, je suis devant l’entrée et c’est aussi impressionnant que cela fait peur, devant, un homme m’a remarquée, il s’avance vers moi…
Vous êtes curieuse, n’est-ce pas ? C’est un vilain défaut, vous savez. Et moi de répondre :
Comment ça ?. Vous êtes de l’Eglise, non ?…
Et en plus perspicace, venez.
Je me sens frissonner, mais je le suis, trop curieuse, en effet. Il tape à la grande porte avec la tête du lion, cela résonne et quelqu’un vient entre-ouvrir, l’homme avec moi lui glisse une phrase à l’oreille, je vois l’il du deuxième homme se tourner vers moi. Est-ce qu’il lui donne une sorte de mot de passe ? Où est-ce qu’il lui parle de moi ?
Nous entrons, l’odeur d’encens s’ajoute à la liste des sensations qui me mettent le doute. Les sons de pas sont étouffés dans la moquette rouge, la déco est plutôt royale, en fait, c’est exactement ce que j’imaginais de l’extérieur […]
Croyez-vous en Dieu ? L’homme avec moi me sort de mes pensées, je réponds :
Bien sûr…
Bonne réponse, me dit-il, en souriant, wouah ! Quel sourire ! il a un air de malice. Ah, je viens de remarquer qu’une personne porte un masque dans la pièce suivante…
Allez-y, vous êtes curieuse non ? Alors, allez-y.
Je ne me fais pas prier, je rentre dans la pièce, des gens parlent entre eux tout bas, j’entends quelques ricanements. C’est pour moi ? L’homme qui porte un masque, je le regarde, il m’intrigue, forcément. Il se passe quelques minutes comme cela et je le vois qui glisse un mot à l’oreille de celui à sa droite, et il part, il prend les escaliers au fond du couloir. Si jallais à la porte pour regarder où il allait. Oui, mais je reste dans cette pièce, je me demande si je ne devrais pas rentrer à mon hôtel. Un homme s’avance vers moi, c’est celui à qui l’homme masqué a parlé !
A quoi pensez-vous dans votre coin ?…
Ha, euh, je me demandais…
Si vous n’alliez pas rentrer ?…
Mince, c’est exactement cela. L’homme se met à rire et je lui dis :
Je n’ai pas l’impression d’être à ma place ici…
Ha bon ? Pourtant, je pense que vous êtes exactement là où vous devez être.
OK, je veux vraiment partir maintenant !
Mais ne nous laissez pas maintenant, je vous invite à boire un verre ? Suivez-moi dans la cuisine, on sert un peu de tout…
L’air qu’il vient de prendre en disant "un peu de tout" ne me rassure pas, mais pourquoi ? Je suis encore en train de me faire un film fantastique dans ma tête ! On y boit du sang peut-être ?…
Bien rouge…? Le vin ? me demande-t-il.
J’ai un peu de mal ce soir, je dois être parano, mais si j’arrêtais de me parler dans ma tête, je pourrais entendre ce qu’il me dit entièrement, je pense que je comprendrais sans doute mieux, non ?
Vous aimez le vin rouge Mademoiselle ?. Mince, j’en ai oublié de répondre.
Oui, pardon, j’étais dans mes pensées, dis-je avec un ton exténué.
Tenez, buvez, cela va vous réchauffer, vous vous sentirez plus calme.
Euh, je, non, ne pense pas…
Merci, dis-je en souriant et en remettant ma longue mèche de cheveux derrière mon oreille.
Vous savez, ici, vous devrez vous présenter au maître des lieux…
Je veux partir de nouveau ! J’imagine qu’il parle de cet homme avec ce masque. Mon Dieu ! Qui est celui-là !?
Alors, vous disiez, à propos de Dieu, que vous y croyez ? N’est-ce pas ?
Pourquoi choisit-il ce sujet comme cela ?
Vous parliez de Dieu, me dit-il.
C’est moi qui en parlais ? Avec un verre de vin peut-être que j’ai pensé tout haut, mon Dieu…
Mademoiselle, posez ce vin, je vous en conjure, votre teint rougit…
Oui. Oui, je suis un peu, quand il a dit que cela allait me réchauffer, là, en effet, bon ; après, ce n’est pas la première fois que je chauffe après un seul verre, mon Dieu non ! L’homme me sourit, il a ce même genre de sourire que l’autre de tout à l’heure, c’est si, je ne sais pas, je me sens tourner légèrement. Arrêtez !! Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, j’ai à peine le temps de penser et quand je regarde autour de moi de nouveau, le monde continue de bouger, je suis comment ? Ai-je l’air figée ?! A l’arrêt ? Morte ? Angoissée ?? Merde. Si je continue à me parler dans ma tête, je vais louper la moitié de ce qu’il se passe encore…
Pourquoi êtes-vous venue ?. Vous attendiez sûrement cette question…
Ha ! En effet, je me demande moi aussi pourquoi je suis venue ici, la curiosité, encore, je me mets dans de sacrées situations par curiosité n’empêche.
Vous devriez descendre maintenant, me dit-il avec un ton plus sérieux.
Mais il n’a même pas attendu ma réponse non ?! Descendre ? Descendre comme descendre là où l’homme avec le masque est descendu ?
Vous savez cet homme, le maître, il vous attend. Alors, allez-y, descendez, je ne vous montre pas, j’imagine que vous savez d’où je veux parler. Il me sourit encore, avec cet air…
Bon ciao ! Je ne vais pas descendre rejoindre le masqué, je commence à avoir peur, je devrais lui faire croire que j’y vais…
D’accords, j’y vais, au revoir !
Attendez ! dit-il d’un ton autoritaire, il m’accroche le bras et je tressaille !
Votre foulard, il a glissé de votre cou, je me permets de vous le rendre…
Il m’enfile, le foulard ! Le foulard !! Mais je sens. Son visage est très près du mien non ? Son souffle, attend, me dit-il quelque chose ?…
Ne vous faites pas prier Mademoiselle…
Je, j’imagine qu’il sait ? Qu’est-ce que je fais maintenant ?. Je me dirige vers la sortie de la pièce, je suis dans le couloir, je regarde les escaliers, en bas des escaliers. Non, je pars ! Je me hâte, mais au moment de me tourner vers la sortie, je heurte quelqu’un. Et merde, il fallait que ce soit lui.
Vous, descendiez ? me demande-t-il, en ouvrant son bras gauche vers le haut ; pourquoi vers le haut ? Je regarde en l’air, il me glisse alors son autre main dans le creux du dos. Ha ! Mon corps a tremblé, je sens sa main comme une brûlure qui me fait l’effet au ventre des papillons d’une envie irrésistible…
Vous voyez, ne me résistez pas, venez.
Il descend, je le suis. Pourquoi le suis-je ?! Haaa, je suis si curieuse ? C’est plus calme ici. Il ouvre une porte, elle grince cette porte ; cela résonne, j’imagine que la pièce est grande. Ha oui ! c’est grand. Il y a un bureau, c’est donc son bureau. Sa chaise royale ; dis donc ! Il est bien installé le "maître" !. Je souris bêtement et lui demande :
Vous, on vous surnomme le maître des lieux, vous…
Si je le suis ? Pourquoi ? Comment ?
Qui êtes-vous ? Je lui demande.
Le maître en ces lieux…
De cette. Eglise ?
En ces lieux. Il me répond d’un air plus sérieux, je ne pense pas aller plus loin dans les détails…
Il ouvre ses bras tendus vers le bas, le temps de baisser la tête pour regarder, d’un sursaut, il relève ses mains, et claque des doigts. Je sursaute, je le regarde et j’aperçois son regard. Il est amusé.
Je suis un homme un peu, tiens, suis-je même un homme ?
Bien sûr, cela se voit…
Ha.
Il a l’air déçu de ma réponse ? Je ne comprends rien…
Pourquoi êtes-vous venue ici ? me demande-t-il.
Je suis, curieuse, je crois, je ne sais pas pourquoi, je suis vraiment désolée, il ne fallait pas non. Je le sens bien…
Il me sourit ; de tous les rictus, je crois que celui-ci est le plus terrifiant de beauté, car c’est celui que j’arrive à imaginer dans son regard noir…
Vous le sentez ? Vous sentez réellement cela ?
Je crois, je ne suis pas sûr du tout, je sens, toujours ces papillons dans mon ventre, trop de vin ? Juste un verre, merde quoi…
Vous les sentez ?…
Qui ?
Bon ! Il fit un sursaut, encore, se retourna et s’assoit sur sa chaise et croise ses jambes…
Sa main droite frôle son masque, on dirait qu’il fait mine d’agacement, mais avec le masque, cela rend la chose un peu drôle, comme un spectacle de marionnettes, son autre main caresse délicatement son genou du dessus. Je lui dis :
Pardon, j’ai l’impression de n’avoir jamais les bonnes réponses…
Ho si. Vous les avez, il a répondu rapidement.
Sa main est toujours sur son masque, et cela sonnait comme une plainte. Il, assis comme cela, il est plutôt. Bref, il faut que j’arrive à partir d’ici. Je me retourne vers la porte, mais avant, que vais-je lui dire ? Au revoir ? Juste comme cela ? Il faut que j’invente quelque chose là, Ah !
Il…?
Il est si près ! Combien de temps a-t-il eu le temps de se relever et venir jusqu’à moi ? Je pars dans mes pensées, bon Dieu !!!
Ah non, il faut arrêter de l’appeler ici, s’il vous plaît… ! me dit-il, en mettant le dos de sa main sur ma joue. Ses gestes sont dénués de sens, mais si gracieux…
Mais je ne dis rien !
Vous le savez déjà.
Oui, je le sais. Je le sens.
Ha ! Bah, voilà…!
Il s’assit sur son bureau. Maintenant, il est plus près de moi qu’au moment où je voulais partir. Voulais ? Je ne veux plus ?
Vous me disiez vouloir rester, je crois, dit-il, en regardant ses doigts, qu’il fait gesticuler, gracieusement.
Arrêtez !
C’est vrai que vous êtes comme une horloge dont le poids ne saurait où donner de la tête…
Il m’agrippe de ses doigts, gesticulants, et, vraiment forts. Je n’arrive pas à enlever mon poignet de sa main. Il penche sa tête sur le côté, on dirait comme un chat qui veut de l’affection.
[Tic…]
Mais, ses yeux, non, ils demandent autre chose…
[Tac]
Comment peut-il encore me serrer plus fort ?
Puis-je ? me demande-t-il.
Mais quoi ? S’il peut continuer à me broyer le poignet ?! Qu’est, je ne lui ai rien dit, pas même un non. Où suis-je ? Dans ma tête ? Dans la réalité…?
Devant moi. Ne vous inquiétez pas.
D’accord, cela, je sais, je le sens bien, son regard, sa main, et l’autre, l’autre main ??!
Elle a trouvé son chemin…
Et son regard ; à ce moment précis, je suis comme hypnotisée, j’ai trouvé.
Vous ne résisterez plus…
Non, je n’ai jamais résisté, je suis venue, je savais. Ses doigts…
Oui…
Je crois que j’aime la sensation.
Certainement.
Je pense…
Et je vous ai toujours écoutée…
Non ! Non ! lui dis-je.
Non ? J’ai dit non ? Je le sens plus énervé que jamais, son regard qui, la seconde d’avant, était doux, est devenu noir, sa main a grimpé dans mon dos et il me tient maintenant la nuque, il se relève doucement, tout en me regardant, je sens sa respiration forte, c’est un autre homme, plutôt une bête. Je peux sentir qu’il n’en peut plus, de quoi ?
De vous !!!
Sa main sur ma nuque me pousse violemment à terre. Je ne saurais me relever, j’ai honte, j’ai peur, j’ai mal.
Vous osez venir ici, et vous osez vous refuser à moi.
J’ai peur, je cache ma bouche avec ma main droite, mes sursauts me gênent, je ne veux pas faiblir devant lui, c’est peut-être un peu tard non ? Je refuse, je sens le poids de la culpabilité, les yeux rivés sur le plafond, je contemple cet homme d’en bas, il est agacé, vif, fin. Non ! Je ramasse mon foulard, et je me relève rapidement, malgré le tournis. Il me regarde, je pars, il ne fait rien. Ne bouge plus.
J’ai pu atteindre la porte de sortie, personne ne m’empêche de partir, tous me regardent, cela parle encore tout bas, à mon propos ? Je suis dans la rue, je rentre, je m’empresse ; je cours dans plusieurs petites rues, j’ai pris une chambre pas loin, c’était fait exprès, au cas où. Il y a encore quelqu’un à cette heure à l’accueil ? Elle me fixe. Est-ce qu’elle sait ? Je me sens coupable. Je rentre dans ma chambre, la porte est fermée. Ouf, je mets la TV, il y a un documentaire sur les pingouins.
[Tic]
Cela résonne encore dans ma tête, je veux m’endormir. Je le vois ! Pourquoi ? Il est là ? Dans la réalité ? Dans ma tête ? Je fais un rêve lucide, je fais un rêve lucide, je fais. Oui, je suis bien dans un rêve, mon doigt traverse ma main, haaa ! Je l’enlève, je l’enlève ! Cela reste traumatisant, quand est-ce que mon cerveau se repose ?. Je me réveille, quelle horreur ! Je me tourne dans les draps, il est ici. Pas étonnant, je ne suis pas si loin. Quelle idée ! Bien sûr qu’il m’a suivie…
Temps que vous me voudrez, je serais là, quelques part, tapi dans votre ombre.
Pourquoi suis-je allée là-bas ? C’était vraiment juste de la curiosité ?
Tout n’a pas commencé qu’aujourd’hui, vous le savez, aujourdhui, vous étiez venue pour y mettre un visage, n’est-ce pas ? dit-il en se glissant près de moi.
Si près.
Je l’ai toujours été.
Il m’agrippe les hanches, je me débats, pardon ? Non, cela, ce nest pas se débattre ! Je me tortille, je suis entre-deux.
[Tac]
Il approche son visage du mien. Il a un visage ! Si. Beau. Je crois, il fait noir.
[Tic]
Je le sens m’écarter les jambes, j’ai tellement envie pourtant ! Il m’embrasse. C’est doux, pourquoi ne pensais-je pas, n’imaginais-je pas cela comme ça ? Il pénètre. Je sens…
[Tac]
J’ouvre les yeux ??! Je me réveille ?!! Le matin ?
Le soleil se lève…
Il était si près, je devrais y retourner ? Quoi ?! J’ai été ensorcelée. Mais pourquoi y suis-je allée si ce n’est pour ressentir enfin cela ? Vraiment ? Pour y mettre un visage, il a dit. Mais, c’était lui ou mon inconscient ? Depuis trop longtemps, il hante mes pensées et aspire mon âme dans son vortex infernal de compulsions toutes aussi folles les unes que les autres. Si je voulais y mettre un visage ? Certainement.
D’ailleurs, l’ai-je vu ? Je, je ne m’en souviens pas. Pourquoi ? Je veux m’en souvenir ! Il faut que j’y retourne ! Je suis déjà en train de planifier d’y retourner, je vais sortir.
Le soleil est levé.
Je respire enfin, il fait si beau, le ciel est à nu. Les yeux rivés sur celui-ci, je ne fais même pas attention au reste du monde, celui du bas, je souris, je me sens comme une plante qui avait besoin de sa lumière.
La lumière ?
Portée par sa chaleur rayonnante, je me retrouve devant une Eglise, une vraie.
J’entre ? C’est si majestueux, vu du bas, le sommet pointe vers le ciel et le transperce avec sa croix.
J’entre ? Les murs sont chauds, frappés par la lumière du soleil matinal.
Mais, je sais qu’à l’intérieur, ils sont froids, je me souviens. Les rayons ne passent pas la porte, on entre dans un autre monde quand on franchit le seuil. Ah, je suis dedans. Mon corps fait ce qu’il veut non ? Voulais-je entrer ? Maintenant que je suis là. J’aime l’ambiance. Ce calme. La hauteur. Je me sens petite.
Coupable ? Il faut que je sorte. Je me tourne.
Il est…
Devant moi, mort pour nos péchés. Les miens aussi ? Et les prochains ?. Les prochains ? J’ai déjà prévu on dirait. Non, je me demande, c’est tout. Je sors. Il fait moins beau, combien de temps suis-je restée dans l’Eglise ? J’ai encore passé mon temps, entre-deux…
[Tic]
Non. Est-ce que je veux dormir déjà, pourquoi ? Je veux sentir de nouveau ses lèvres m’embrasser avec une douceur angélique…
Angelique ? Haha. Il faut que je mange. Je m’arrête à une terrasse, depuis quand je n’ai pas mangé ? Cela m’arrive souvent, mon corps, je ne le sens plus, à force de rester ici. Je mange. Je lève les yeux de mon assiette, pourquoi est-il là, lui ? N’est-ce pas l’homme d’hier ? Celui qui m’a offert ce verre de vin. Rouge. Merde, il m’a vu. Je souris, lui aussi. Je veux partir. Je mange, ma tête me fait si mal maintenant. Pourtant, le soleil matinal n’est plus, c’est celui qui me blesse le plus, je crois. Il vient chatouiller mon inconscient quand je dors encore, me sors pour une nouvelle journée éreintante dans son vortex. C’est une étoile qui me maudit, mais parfois je l’aime plus que de raison.
Hier, aujourd’hui, demain, demain ? Il fait nuit, je suis dans ma chambre. Quand est-ce que je suis rentrée, tant pis. Je me couche, si j’ai mangé ? A l’instant, on dirait, mais cet instant, c’était midi.
Je le veux.
[Tac]
Maintenant. Qui ?
Ou quoi…?
J’ouvre les yeux, il est assis devant moi, dans le fauteuil. Je me lève et me dirige vers lui. Je le veux.
Viens…
Je me baisse à son niveau, oui, son visage est magnifique. Je n’ai jamais vu un visage aussi beau. Ses yeux, pourquoi me regarde-t-il comme cela ? C’est ce que je veux ?
Embrasse-moi…
J’approche mes lèvres des siennes, son souffle serein me rassure, pourquoi est-ce que je le frôle aussi longtemps ? J’aime ce jeu. Lui, non. Ses yeux me veulent si fort. Pourquoi ne fait-il rien ? Si je m’arrête ici, que va-t-il se produire ? Comme hier, va-t-il me laisser partir ? Je vais ensuite regretter, me retrouver dans une Eglise demain matin, et ne pas voir la journée passée ? Comme toutes ces journées fanées déjà. Je frôle ses lèvres, je passe ma langue, il passe la sienne. Je m’assois sans me faire prier, sur lui. Ses cheveux sont un doux ébène, il me laisse faire, il est juste un peu en arrière sur son siège, son regard est plein de douceur.
Je l’embrasse, il met une main au niveau de mon visage, et la passe dans mes cheveux, son autre main me tient la taille, puis la hanche. Je serpente, il met sa main sur mes fesses et je sens son autre main accrocher dans mes cheveux, plus de fougue, je sens sa poitrine se peiner à se remplir encore plus d’air, j’entends sa respiration, comme hier, il se transforme. Moi aussi, je sens les papillons, je le veux.
Je suis là.
Je sais ! Je veux plus ! Pourquoi cela me fait-il aussi souffrir ? Cela ne devrait pas être comme cela ! Je sens ses mâchoires se serrer, il m’agrippe tellement fort, mais j’adore cela. Je veux plus ! Il ne se laisse plus faire on dirait. Je regarde son visage, mais mes yeux sont embués de désir. Il est si beau, ses yeux sont d’un noir hypnotisant, ses lèvres sont impures, c’est mal.
C’est un mal nécessaire, me dit-il.
Il se lève et me porte, je l’embrasse, ses mains tiennent mes fesses, il doit être fort. Si fort, je ressens sa puissance, il coule encore dans mes veines à chaque caresse. Il me pose sur le lit délicatement et son visage s’enfouit dans mon cou où il passe sa langue, cela me chatouille, mais cela me tue. Sa main glisse sur mes cuisses, mais il ne le fait pas encore. Pourquoi ?? Je veux plus. Il passe, il remonte sa main, non ! Pourquoi me faites-vous cela ? Je me sens coupable, d’en vouloir plus, trop.
Il me faut plus, moi aussi…
De quoi parle-t-il ? Pourquoi est-ce que je demande et est-ce que je sais ? J’étends mes bras, de part et d’autre du lit, ouvert, il me regarde, son regard paraît satisfait. Sa bouche m’appelle, je ne peux bouger. Je voudrais…
Dis mon nom…
Je, je ne le connais pas…
Si…
Je n’oserais jamais. Ses lèvres murmurent, doucement. J’entends, oui, je peux l’entendre, mais jamais ma bouche ne saura le répéter. Ai-je, tout de même, rempli ma part du marché ? Non ?. Je ne le pense même pas.
Tu en souffriras pour l’éternité…
Il me regarde avec un air gourmand. Sois mon sang, viens à moi, Ange. Il enlève sa chemise, le vêtement noir, l’espace d’un instant, et à cause de la buée de mes yeux, il fait illusion, qu’il déploie des ailes de son dos.
Il est…
Majestueux, le plus beau de tous.
Je suis figée, de peur, de désir ardent. Il contrôle tout désormais. Si ce n’était pas déjà le cas, là, j’en suis certaine. Mon corps lui appartient, mais pourquoi n’en a-t-il pas encore fait ce que je pensais ? Pour me faire souffrir. Il me tente quand je ne veux pas, il me frôle quand je le veux, il me trouve quand je me cache de lui, c’est une souffrance constante. Son torse nu dont la respiration le rend puissant à chaque bouffée d’air me fait un certain effet, je le contemple, il est là pour être contemplé. Ses muscles bandés sont taillés comme dans une statue, certainement la plus belle statue que jamais personne ne devrait contempler. Il ne m’embrasse plus. Et sa douceur, où est-elle partie ? Il met sa main entre mes jambes, mon Dieu, je suis trempée !
Arrête, dis-le mien.
Non, j’ai peur. Il enfile un à un ses doigts, je tressaille. Il me regarde, ses yeux sont dans les miens, parfois je ne peux même pas tenir le regard, je gémis en regardant à droite. C’est si mal. Pourquoi ne m’embrassez-vous pas ? Vous êtes désireux de me voir gênée, sans pouvoir me cacher dans votre cou. Je le sais. Il enfonce ses doigts plus profonds, et le va-et-vient est lent, mais puissant, la sensation me plaque littéralement, tellement que je sens mon dos vouloir se plier dans l’autre sens, tout mon corps est attiré à lui, je croise son regard, il me dévore déjà. Il touche des endroits sensibles, il le sait à la seconde où il le fait, comme si mon corps était un puzzle dont il connaissait toutes les pièces. Je veux plus.
Donne-moi ce que je veux, dit-il en ouvrant, en ouvrant…!
Non, non ! Il m’attrape le cou, il me lève à lui.
Tu le veux tellement fort que j’entends tes pensées.
J’ai mal, il m’étrangle. Les larmes me sortent, mais mes bras sont toujours ouverts bien qu’il me soulève à lui. Avec son autre main, il part chercher ce que je sais, il me retourne violemment. Je mange le drap, j’ai à peine le temps de trouver un endroit où respirer qu’il me coupe la respiration en s’enfilant en moi. Je reste dans un sursaut si long que le haut de mon corps se raidit. Ma respiration s’entrecoupe violemment de gémissements. Je le sens dans un long râle à peine audible tellement il est grave. Cette voix-là me tue de désir.
Il m’attrape les cheveux et me donne un grand coup de nouveau, mon Dieu, c’est lent et puissant…
Tu vas souffrir à chaque fois que tu ne prononceras pas mon nom.
Il me tire à lui, cela me blesse, je sens son souffle dans ma nuque, il murmure, cette voix suave de nouveau, je ne comprends pas ce qu’il me dit pourtant. Il me mord à l’épaule, cela me fait crier, je sens couler un liquide, je n’ose regarder, j’ai tellement mal que cela doit être mon sang. Il ne s’arrête pas de me baiser, pour autant, cela me tord en arrière, étant indéfiniment attirée par son corps chaud comme la braise. Je rêve de l’embrasser quand même. Je le supplie des yeux, mais rien n’y fait, il sort d’entre mes jambes, et tâtonne plus haut. J’ai vraiment peur maintenant.
Alors, dis mon nom…ça passera mieux…
Tous les supplices du monde ne sont rien à côté de ce qu’il me demande.
Comme tu veux.
Il commence à s’enfoncer, et ma respiration se saccade de terreur, je cherche de l’air.
Dis-le !
Jamais. Il me pénètre si fort que je retombe en avant, ce qui lui permet de glisser rapidement au fond de moi, je gémis de douleur et de plaisir à la fois. Il met son visage au niveau du mien, je sens son poids penché vers moi. Cela me fait gémir encore, il me murmure à l’oreille :
Tu aimes tellement ça, je te ferais souffrir de toutes les façons, tu le sais…
A la fin de sa phrase, il émet un râle court, mais intense comme pris, lui aussi, d’une chose sur laquelle enfin il n’a pas le contrôle. Il tourne légèrement mon visage et m’embrasse enfin…! Je sens son corps, sursauter légèrement, et une chaleur infernale dans mon ventre, il déverse sa semence en moi, il a choisi de m’embrasser à ce moment précis, cela n’en finit pas, sa langue, son liquide chaud, son bras m’enroulant la taille, son souffle sur mon visage, nos gémissements.
Je vendrais mon âme au Diable pour le vivre éternellement.