Anton se demanda si un alignement particulier des planètes perturbant ses surs était à l’origine de leur comportement. Comment expliquer sinon que, sans concertation, elles puissent transgresser le même tabou à quelques jours d’intervalle ? Il tenta bien dans un premier temps de repousser Gwenaëlle, mais elle s’entêtait et revenait sans cesse à la charge.
─ S’il te plaît, frangin si tu savais combien je suis en manque de sexe !
─ Justement, je ne veux pas savoir.
─ Il se trouve que mon cher mari a viré sa cuti. Il préfère les hommes, et la seule possibilité que j’ai de le toucher, c’est de le prendre avec un gode. J’ai trouvé ça drôle au début, mais je n’en peux plus ; il faut qu’un homme s’occupe de moi. Et là, je ne vois que toi
Il se revoyait, quelques jours auparavant, repoussant de la même manière sa jeune sur. Il était peut-être en train de vivre une variante du film Une journée sans fin. Mais puisqu’il avait fini par céder à Sabrina, le doute l’assaillit ; il se demanda pourquoi il refuserait à l’une ce qu’il avait fini par accorder à l’autre. À cet instant, il comprit qu’il s’engageait sur une mauvaise pente, par lui-même savonnée.
─ Et puis regarde : si tu ne voulais vraiment pas de moi, ta queue ne resterait pas pointée vers le haut.
─ Mais les hommes seront toujours des hommes, et balbutia-t-il en réalisant qu’il s’enfonçait.
─ et un trou est un trou, serait-ce celui de ta sur. Je ne te demande pas de tomber amoureux ou de me faire un gamin : je veux juste me sentir désirée par un mec et qu’il me fasse du bien. Et si tu acceptes je te laisserai me prendre par derrière. Je sais que vous aimez bien ça, vous les mecs, et que nous, les nanas, nous vous refusons souvent ce petit plaisir.
─ Ben justement, je pensais à ma nana « Qui, elle, ne me refuse jamais cela. » faillit-il ajouter.
─ Et elle est où, ta copine ?
─ En Thaïlande.
─ Oh, mon pauvre chou, elle est si loin et te laisse dans un tel état laisse-moi m’occuper de toi. Ainsi nous nous rendrons mutuellement service.
Anton finit par renoncer à se débattre. Il ne pouvait avouer à sa sur que pour ce qui était du sexe, il n’avait besoin de rien, Sabrina et Ophélie s’en étant déjà chargées. Gwenaëlle le poussa sur son lit, ôta sa gabardine, dévoilant une robe noire à col carré qui lui donnait un air à la fois strict et femme fatale. Elle l’obligea à s’allonger et vint le chevaucher. Prenant appui sur les genoux, elle posa ses petites mains sur les larges épaules de son frère. Elle lui susurra quelques mots à l’oreille avant d’en titiller le lobe de la pointe de sa langue. Entre ses pieds, elle emprisonna la bite dressée et la masturba avec attention. Le contact des bas sur sa verge troubla Anton dont la respiration se fit insistante. Elle continua ainsi jusqu’à ce qu’elle sente le foutre fraternel se répandre sur la plante de ses pieds.
─ Tu devais être bien excité pour jouir aussi vite !
─ Je pensais à quelqu’un avant que tu n’arrives.
─ Ta Thaïlandaise, je sais ! Je suis curieuse de la connaître, si elle te fait autant d’effet à cette distance. Bien sûr, je l’ai un peu aidée
─ Justement, je voulais annoncer cela demain soir.
Anton lui dévoila le programme : la proclamation officielle et combinée de sa relation avec Kanyaphat et du premier job de mannequin de Sabrina. Une pensée loufoque lui vint à l’esprit : il serait le seul homme à cette soirée, et sur les quatre femmes présentes, il en aurait honorées trois. Il s’inquiéta à l’idée que sa mère soit prise par le même phénomène que ses deux surs. Malgré cette soudaine angoisse, sa queue faisait bande à part et sembla même se réjouir de cette perspective.
─ Hé, frangin, te voilà à nouveau d’attaque pour un deuxième round ! Dis-moi, avant que j’occupe ta langue avec une autre activité, Ophélie, c’est bien cette étudiante qui te suivait partout dans l’espoir de devenir ta petite amie ?
─ Exactement.
─ Et tu comptes lui annoncer de but en blanc que tu as une copine ; ne risque-t-elle pas d’être fortement déçue ?
─ Elle est déjà au courant.
─ Ah Let it be, chantaient les quatre garçons dans le vent.
Gwenaëlle se tourna, présentant sa croupe à la vue de son frère et sa vulve à sa bouche. Elle caressa la verge d’Anton d’une main lente, accompagnant son travail manuel de coups de langue. Il lécha la fente déjà humide et odorante. Sa sur ayant passé plusieurs heures à conduire, il se demanda si, tout en conduisant, elle avait attisé le feu qui couvait en elle. Ce bel abricot dégageait une odeur qui aurait fait bander un eunuque mort. Elle avait préparé son coup, pour sûr. Elle frottait sa vulve contre son visage comme une chatte marquant son territoire. Anton entendit un gargouillis caractéristique, et il s’abandonna à cette sensation que lui procurait la gorge autour de sa queue. Impossible de rester inactif sans mécontenter sa sur ; il reprit son uvre de plus belle. La toison charbonneuse et soigneusement taillée lui évoquait celle tout aussi entretenue de Kanyaphat. Il avait hâte de la revoir.
Anton supplia sa sur de se calmer sans quoi il ne tarderait pas à décharger ; Gwenaëlle accepta de bon cur. Elle avait dû pousser son frère dans ses derniers retranchements pour qu’il accède à sa requête, et celui-ci y répondait maintenant avec enthousiasme et sérieux. Si seulement son mari avait mis autant d’entrain elle n’en serait pas là ! Mais elle n’y perdait pas vraiment au change : si son ex ne portait qu’un intérêt mineur à son clitoris, Anton, lui, en connaissait un sacré rayon. À plusieurs reprises elle fut obligée de lâcher prise au grand soulagement de son frère tant l’alternance de coups de langue appuyés et délicats la faisait grimper aux rideaux.
Tout compte fait, elle avait eu raison d’attendre d’être parvenue à destination pour s’occuper de son plaisir. Elle avait été à deux doigts de jeter son dévolu sur le jeune auto-stoppeur ; elle avait même dû se caresser furtivement pour apaiser sa faim et arriver à bon port. Résultat : Anton devait se régaler des sucs abondants de son abricot soumis depuis longtemps à la tentation.
Gwenaëlle jouit plusieurs fois sous les coups de langue répétés avec une précision infernale. Loin d’être rassasiée, elle souhaitait maintenant sentir la queue de son frère en elle. Était-ce la frustration trop longtemps subie ou le fait de transgresser un tabou en s’envoyant en l’air avec son frère ? Elle n’aurait su dire, mais il était fort probable que la combinaison des deux expliquât qu’elle était excitée comme elle ne l’avait jamais été.
Gwenaëlle glissa entre ses lèvres détrempées deux doigts qu’elle dirigea ensuite vers le petit anneau plissé et foncé. Elle délaissa un instant la queue de son frère pour mieux y revenir, mais cette fois elle ne comptait plus sur sa bouche pour lui procurer du plaisir : pour cette première, elle comptait offrir à son cadet ce qu’elle avait refusé le plus souvent à son ex-mari.
Se voyant confirmer la suite que son aînée avait annoncée, l’excitation d’Anton redoubla. Pour calmer son ardeur et éviter de se précipiter comme un malotru sur ce beau cadeau, il caressa avec douceur le postérieur de sa sur. Gwenaëlle possédait un fessier un peu plus charnu, plus large que celui de Sabrina, mais les deux surs avaient la même peau fragile et blanche.
─ Viens en moi, frangin, mais vas-y doucement ; même si je suis très excitée, je n’ai pas l’habitude.
Anton laissa couler sa salive sur ses doigts et en enduisit sa verge. Il recommença, et cette fois lubrifia l’anus de sa sur. La queue pressée contre son anneau, il saisit Gwenaëlle par les hanches et l’attira avec précaution contre lui, guettant une réaction de douleur. Dès qu’il sentait sa sur se contracter, il stoppait sa progression pour lui laisser le temps de se détendre. Ce n’était pas gagné ! Malgré la bonne volonté dont elle faisait preuve, Gwenaëlle avait du mal à s’ouvrir à cette pratique.
─ Si tu veux, on peut changer ; je ne veux pas te forcer
─ J’insiste ! Je sais que tu ne m’en voudrais pas, mais c’est pour marquer le coup.
─ Alors on reprend à zéro, parce qu’on n’y arrivera pas comme ça. Le gland n’est même pas encore passé.
─ Tu as l’air de t’y connaître plus que moi je m’en remets donc à ton savoir-faire. Que préconises-tu ?
─ Je vais commencer par aller chercher de la crème pour les mains ou un lait dans la salle de bain.
─ Attends, j’ai un tube de crème dans mon sac à main.
─ Parfait.
Anton posa le tube que lui avait tendu sa sur sur la table de chevet. Il s’en servirait plus tard. Pour l’instant, il comptait travailler en douceur le petit muscle avec sa langue puis ses doigts. Gwenaëlle s’allongea sur le ventre, suivant les instructions de son frère qui s’installa derrière elle. Il lui écarta les jambes et colla sa langue sur la pastille serrée. De la pointe, il décrivit des cercles concentriques autour de l’orifice. Entre chaque série de cercles il léchait à grandes lapées la rondelle qu’il enduisait de salive.
─ Ça ne te dégoûte pas ? interrogea Gwenaëlle.
─ Si j’avais eu le moindre soupçon sur ton hygiène, je me serais contenté de t’inonder la raie de crème.
─ Alors, je t’en prie, continue ; tu me fais un bien fou. Si j’avais su j’aurais venu, plus tôt !
Anton répondit à son injonction et s’appliqua au bonheur de sa sur. S’il faisait trop bien, il risquait de la voir revenir à la charge les jours suivants. Tant pis, il ne pouvait concevoir de bâcler le travail.
Tout en continuant d’assouplir le seigneur des anneaux de sa langue, Anton glissa une main entre les cuisses de sa sur et introduisit le pouce entre les lèvres tandis que, de ses autres doigts, il frictionnait le clitoris. Gwenaëlle poussa un long soupir de plaisir.
─ Homme, sweet homme, plaisanta-t-elle. Il manque une paire de mains pour me passer le dos
─ Tu veux que j’aille réveiller Sabrina ?
─ Arrête tes conneries, je n’ai pas envie quelle sache que tu me bouffes le cul.
─ Je te rassure : je plaisante. Je n’ai pas envie non plus qu’elle soit au courant. Alors j’espère que tu ne rameuteras pas toute la maison en jouissant à tue-tête.
─ Dis donc, frangin, je sais me tenir ! Mais si tu es capable de me donner un orgasme au-delà de huit sur l’échelle de Richter, ne te gêne pas : je mordrai ton polochon.
Sans rien dire, Anton accepta le défi. Il posa ses mains sur l’intérieur des cuisses de sa sur, lui écartant au maximum les jambes de sorte qu’il pouvait la lécher du clitoris à la rondelle d’un même coup de langue. À chaque fois, Gwenaëlle serrait le drap dans ses poings.
Elle n’arriva pas à calculer depuis combien de temps il lui faisait subir ce traitement, mais cela aurait bien pu continuer durant des heures qu’elle ne s’en serait pas plainte. Décidément, dans cette famille on était doué pour les langues ! Elle se mit à imaginer son frère lors de ses périples internationaux. Il avait dû multiplier les conquêtes, foutu comme il l’était, et comme les marins qui ont soi-disant une femme dans chaque port, il avait engrangé de l’expérience. Elle avait de la chance de pouvoir en profiter en son tour.
Elle sentit un liquide couler sur sa rondelle ; ce devait être de la salive car il n’y en avait pas assez pour que ce soit de la crème pour les mains. Puis un doigt s’immisça entre les replis de son illet. Un majeur progressait lentement, prenait son temps. Le geste était pourtant ferme ; elle sentait les phalanges qui tournaient dans son petit trou, dilatant avec délicatesse le muscle peu habitué à ces manuvres. En même temps que le doigt s’enfonçait, il tournait. Elle n’avait qu’une envie : se sentir ouverte, offerte à son frère, mais il ne fallait pas griller les étapes : elle s’abandonna donc à l’expertise d’Anton. Le doigt ressortit pour revenir aussitôt, accompagné de l’index. Oh, que la tournure des doigts et des événements lui plaisait !
Et voilà qu’arriva l’instant fatidique. Gwenaëlle s’était efforcée de ne pas jouir sous les doigts de son frère ; elle se réservait pour que cette première sodomie qu’elle avait souhaitée soit une révélation. Cette fois, elle était bien plus détendue ; et lorsqu’elle sentit son frère se plaquer contre son dos, elle ne se contracta pas. Elle s’étonna même de l’excitation qui la faisait frissonner. Elle avait la chair de poule, comme lors de ces instants de son enfance où son père, s’asseyant à côté d’elle dans le salon, lui expliquait avec patience une leçon qu’elle ne comprenait pas. Gwenaëlle se laissa envahir par cette douce chaleur. Elle se sentait fondre sous la prévenance dont Anton débordait. Pourquoi fallait-il que l’homme le plus à même de la combler fût son frère ?
Lui se savait chanceux. Outre le fait que sa compagne lui laissait toute latitude sur le plan sexuel, ses deux surs lui offraient chacune un cadeau inestimable : Sabrina, sa virginité, et Gwenaëlle, le soin de l’initier à la sodomie. Il redoublait d’attention pour son aînée qui, en retour, le laissait progresser sans encombre. Il s’allongea sur son dos, l’embrassa de l’épaule jusqu’au cou puis enfouit son nez dans la noire chevelure. Il aimait ça, humer le parfum des cheveux. Pas uniquement ceux de sa sur. Tous.
─ Heureusement que tu m’as dit avoir une femme dans ta vie, parce que là on pourrait te croire amoureux, plaisanta Gwenaëlle. Mais ne t’arrête surtout pas !
─ J’aimerais avoir plus de deux mains pour m’agripper à tes larges hanches, caresser tes seins magnifiques et pétrir tes fesses rebondies.
À cet instant, Anton comprit qu’il aurait aussi aimé être doté d’une multitude de bouches, disséminées partout sur son corps, pour lécher ou mordre les formes généreuses de sa sur tout en restant arrimé à son cul.
─ Mes fesses m’ont toujours complexée. J’ai beau me dire qu’elles sont tout simplement charnues sans l’être excessivement, je crois que j’ai toujours été jalouse de Sabrina pour ça. Elle a un corps juste parfait. Même lorsqu’elle était encore gamine, on sentait déjà qu’elle aurait un corps superbe.
─ C’est pour cette raison que cela a toujours été tendu entre vous ?
─ Je crois que oui.
Avant que ne vienne à sa sur l’idée de lui demander son avis sur le physique de Sabrina, Anton, dont la queue avait maintenant disparu dans le fondement de Gwenaëlle, lui demanda de contracter ses muscles autour de son pieu.
Il avait reçu dans la journée le courrier du laboratoire d’analyses : les tests s’étaient montrés négatifs. Il avait été fébrile en décachetant l’enveloppe mais il fut soulagé de lire le résultat. Il s’était montré imprudent avec Sabrina et s’en était voulu, mais il pourrait maintenant se laisser aller l’esprit tranquille lorsque viendrait le moment de jouir. Cette sensation d’anneau enserrant la base de sa queue était si grisante que, n’ayant pas de préservatif sous la main, devoir se retirer aurait été on ne peut plus frustrant.
Pour l’instant il n’avait qu’à se concentrer sur le plaisir de sa sur. Après l’avoir laissé jouer de ses muscles, Anton entama un retrait tout aussi lent. Lorsqu’il fut sorti, il se contenta de faire pénétrer le gland pour commencer ses va-et-vient. Il ne s’attendait pas à une réaction aussi favorable de sa sur : Gwenaëlle s’ouvrait, se laissait investir par les poussées fraternelles. Elle n’avait finalement qu’un seul regret : ne pas avoir rencontré plus tôt un initiateur hors pair.
Après de longues minutes pendant lesquelles Anton lui avait transformé l’anus en un champ bien labouré donnant ainsi tout son sens à l’expression sillon fessier elle jouit, exigeant que son frère se déverse en elle pour noyer le feu né des frottements de son bâton. Lorsqu’il fut secoué de soubresauts involontaires, ce fut comme s’il la poignardait, et elle savoura ces exquises douleurs. Il s’épancha en elle, et ces jets brûlants, ces contractions de la verge, elle en redemandait Elle crispa ses doigts autour des poignets d’Anton. Qu’il la morde à la nuque, qu’il brame son plaisir, peu importait : elle le voulait animal.
Puisqu’elle en redemandait, Anton ne se fit pas prier, et tel un bélier frappant à la porte il reprit la cadence. Comme dans peu de temps il aurait des difficultés pour maintenir son érection, la course contre la montre était lancée. La sueur perlant sur son front, il soufflait comme un buffle prêt à charger, espérant pouvoir encore décharger. Sa verge commençait à avoir les symptômes de la barre de chocolat exposée au soleil ; mais, opiniâtre, il persévéra : tant qu’un minimum de raideur lui permettrait de continuer, il ne lâcherait pas l’affaire.
─ Ça ne sera pas l’éjaculation du siècle, mais je sens que ça vient
─ Peu importe le contenu du flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Tu ne sais pas le bien fou que cela me fait de te voir te démener pour me satisfaire.
Anton, lessivé, s’affala sur le dos de sa sur. Comme la nuit était bien avancée, il s’excusa auprès de Gwenaëlle car il n’allait pas tarder à plonger dans le sommeil. Déjà à moitié inconscient, il avait passé un bras autour de la taille de sa sur.
─ Dors, tu le mérites. Comment pourrais-je t’en vouloir après les efforts que tu as fournis pour mon plaisir ?
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Le jour était levé depuis quelques heures. Rachel s’activait dans la cuisine. Son fils lui avait parlé d’un repas pour lequel il avait convié Ophélie. L’instinct maternel s’étant aussitôt mis en éveil, elle avait passé son temps à énumérer les possibilités que cachait cette annonce. Après nombre d’années passées à courir après son fils, la belle étudiante devenue belle photographe avait-elle réussi à lui mettre le grappin dessus ? Après tout, ils avaient plein de choses en commun ; cela semblait logique.
Rachel s’était proposé de cuisiner les plats préférés de son fils ; elle attendait donc qu’il se réveille pour savoir ce qu’il avait décidé. Il n’y aurait rien de bien compliqué, mais elle devrait peut-être faire quelques courses. Constatant qu’Anton ne se levait pas, elle commença à tourner en rond, réfléchissant à ce qu’elle pourrait préparer si son fils se réveillait trop tard. Vu la saison, ses tomates farcies feraient un tabac. Cette recette avait l’avantage de ne demander que d’acheter un peu de viande. Il lui en restait dans le congélateur, reliefs de différents plats qu’elle avait prévus trop abondants. Elle enfila ses chaussures pour aller compter dans le potager les tomates disponibles. Lorsqu’elle sortit, elle aperçut la voiture de Gwenaëlle qu’elle n’avait pas encore remarquée. Sa fille avait dû arriver tard et se glisser dans sa chambre sans faire de bruit ; il faudrait donc compter une part de plus.
Cette année, le potager donnait à foison. Rachel ramassa les plus grosses tomates ; les convives allaient se régaler. Elle posa sur la table de la cuisine le plat rempli du fruit de sa cueillette et grimpa en direction de la chambre d’Anton pour le prévenir de l’arrivée de sa sur aînée ; s’il avait des choses à préparer pour la soirée, alors mieux valait le réveiller pour lui éviter de courir après le temps perdu.
Elle toqua d’un doigt léger à la porte de son fils. N’obtenant aucune réponse, elle ouvrit, s’apprêtant à sortir Anton de son sommeil d’une voix délicate. Bouche bée, Rachel ne sut comment réagir devant le spectacle pour le moins inattendu qu’elle avait sous les yeux : Gwenaëlle couchée sur le ventre, et allongé à côté d’elle, Anton, tout aussi nu que sa sur, la tenait par la taille. Le drap ne masquait que leurs jambes qu’il était toutefois impossible d’imaginer autrement qu’emmêlées.
Elle eut envie de les réveiller en les traitant de grands malades, mais elle s’en abstint. Reculant à petits pas, elle ferma avec précaution la porte, se disant qu’elle était sans doute encore dans son lit en train de dormir et que tout cela n’était que le fruit de son imagination.
Rachel sortit un verre du placard, le remplit de gin et le vida cul-sec ! Elle se demanda si elle avait raté quelque chose dans l’éducation de ses enfants puis se servit un autre verre. Sabrina, qui venait de se lever, était sidérée de voir sa mère picoler à une heure aussi matinale. Hormis à l’occasion de quelques soirées, sa mère ne buvait que rarement.
─ Qu’est-ce qui t’arrive ? Je ne t’ai jamais vue comme ça.
─ Euh rien.
─ Maman, ne dis pas de bêtises. Que se passe-t-il ?
─ Rien, j’ai simplement vu quelque chose que je n’aurais pas dû voir ou que j’aurais préféré ne pas voir.
─ Quoi ?
─ Ça ne te concerne pas. Je t’en ai déjà trop dit.
─ C’est quelque chose qui concerne papa ?
─ Laisse ton père où il est ; cela ne le concerne pas non plus. Et lui, s’il avait vu ce que j’ai vu, il s’en retournerait dans sa tombe.
─ Mais qu’as-tu vu, bon sang ?
─ Laisse-moi, s’il te plaît. N’insiste pas. Ce n’était peut-être qu’un mauvais rêve. J’ai le repas de ce soir à préparer et je m’occuperai de cette histoire plus tard.
─ Je ne t’ai jamais vue dans cet état, aussi loin que je m’en souvienne, même après la mort de papa. Alors si tu veux en parler, n’hésite pas
─ Tu es gentille, ma petite chérie, mais mon rôle de mère, c’est justement de te préserver de ce genre de tracas.
Sabrina enclencha la bouilloire et fouilla dans la boîte à thé ; son choix se porta sur un sachet orangecannelle. Elle versa du lait sur ses céréales puis passa deux oranges et une pomme dans la centrifugeuse. Elle s’installa face à sa mère, comme pour mieux la surveiller.