Les deux amoureux se sont réveillés au petit matin, Sonia est dans une forme toute relative, car même avec les confidences que lui a faites Marc, elle ne se sent pas trop rassurée. En effet, après le départ de ses amies, Sonia fit part de ses inquiétudes à son amoureux :
Tu sais Marc, je suis inquiète pour la suite de cette mission, je ne sais pas, mais j’ai un mauvais pressentiment ; je suis certaine que quelque chose va merder.
Pourquoi veux-tu, il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal. Il faut que tu les mettes en confiance, tu fais ce que te demande Mike et tout ira bien.
Justement, c’est ça qui me dérange, j’le sens pas ce mec, je suis certaine qu’il ne pense qu’à me sauter et ça, il n’en est pas question, je ne le veux pas.
Tu dis ça parce que tu es amoureuse, et moi aussi, cela ne me plaît pas de te voir au lit avec ce mec ; mais il ne faut pas que tu oublies que tu t’es engagée dans cette brigade spéciale. Rappelle-toi ce que t’as dit le commissaire, et l’engagement que tu as signé en entrant.
Oui, je sais. Je me suis engagée à mettre tout en uvre pour réussir les missions qui me seront confiées, quitte à payer de ma personne et de coucher s’il le fallait.
Voilà, tu es en plein dedans, et franchement si tu veux avoir le Boss ; tu vas devoir te surpasser. Il va falloir jouer de stratégie, comme de l’aguicher pour que d’une part, il te conduise à un maximum d’endroits où il se ravitaille, et qu’il te conduise chez le Boss.
En fait, tu es en train de me demander de faire la pute pour le choper ?
Le mettre en taule, je crois que c’est ce que tu veux ?
Oui, dans ce cas, il devra accepter de mettre une capote, sinon rien.
Et bien voilà, tu as la solution, et de toute façon, tu trouveras toujours un moyen de te sortir d’un mauvais pas. Bon, nous allons aller chercher la voiture et je vais t’expliquer quelque chose sur le trajet.
Elle se douche, prépare un gros sac dans lequel elle sélectionne des vêtements confortables pour conduire, mais aussi quelque peu aguicheurs dans le genre débardeur et short ultra-moulant qu’elle aime porter pour courir et conduire.
Elle s’est promis qu’un jour, elle conduira Marc dans une calanque, elle sera nue au volant ; arrivée dans un chemin qu’elle connaît bien. Marc très excité la prendra sur le capot de la voiture et ils finiront dans l’eau de la Méditerranée en faisant encore l’amour comme des fous ; quitte à se faire surprendre par des promeneurs.
Dans son sac de voyage qui la suit depuis Sissonne, elle range un maximum de vêtements, d’affaires de toilette et de sous-vêtements ; puis elle s’habille. Bien déterminée à se jouer de son coéquipier de trajet, sur les conseils de Marc, elle revêt un débardeur moulant sans rien dessous, d’un short ultra-moulant, de petites chaussettes et de baskets ; mais comme le fond de l’air est un peu frais ce matin, elle enfile un jogging. Fin prête, elle propose à Marc d’aller chercher l’Audi afin de ne pas être en retard à son rendez-vous. Sur la route qui les conduit au garage de la police, Marc lui explique un certain nombre de choses.
Sonia, tu vas écouter attentivement ce que je vais te dire et surtout ne pas en parler, normalement je ne devrais rien te dire ; mais je tiens à toi et je ne voudrais pas que tu prennes des risques parce que tu te sentirais angoissée.
C’est trop cool, alors je te suis tout ouïe.
Alors si Madame veut bien m’écouter… Bref : ta voiture est prête et surtout encore un peu modifiée.
Waouh ! Vous lui avez mis un moteur de 500cv ?
Faut pas rêver, car je pense qu’elle a largement de quoi semer les plus rapides des voitures de police. Non, je veux parler de ta sécurité et du repérage ; écoute. Il faut que tu saches que tu seras en communication permanente avec un central qui sera chargé de tout enregistrer, les conversations et les images. Dans l’habitacle ont été installées des caméras qui filmeront l’intérieur et l’extérieur, tu pourras envoyer des messages sous forme de codes, mais tu ne recevras pas de réponses, car tu ne pourras pas nous entendre.
Oui, je comprends, mais pour les codes, c’est quoi au juste ?
Ouvre la boîte à gants et prends la feuille et tu l’apprendras par cur ; mais à utiliser en cas d’urgence. Je continue : en plus de la balise que tu portes, la voiture est équipée d’un puissant GPS au centre. Chose importante : partout où tu passeras, la police sera prévenue, tu auras des barrages avec des contrôles ; ne t’inquiète pas, ils ne te videront pas la voiture. C’est pour faire plus vrai et mettre la pression à celui qui sera à côté de toi ; tu devras faire celle qui est capable de maîtriser les situations les plus difficiles. De façon à pouvoir te secourir en cas de besoin, tu seras aussi suivie soit par des drones, soit par un hélico, une voiture ou une moto. Si tu arrives à loger le Boss je serai là avec une équipe d’intervention et des secours si besoin ; tu vois que tu ne seras pas seule.
Ah ! Mais là, on vire au film d’espionnage, un vrai James Bond !
C’est un peu ça, suite à tes investigations à Marseille et surtout au fait que tu es la seule à pouvoir identifier formellement celui qu’on cherche. Les ministres des pays membres de la communauté européenne se sont mis d’accord pour mettre tous les moyens possibles pour porter un coup au trafic de drogue et à la prostitution. Je peux te garantir que si cette mission est un succès, tu ne seras pas perdante.
Et toi, tu vas faire quoi ?
Moi ? Je serai en communication avec le central et surtout, grâce aux localisations téléphoniques, je vais essayer de savoir où se trouve le centre névralgique de cette organisation pour préparer une intervention ; à mon avis, c’est là qu’il faudra taper et vite.
Et tu as déjà une idée ?
Oui, sans doute du côté de Marseille, mais il faudra que ce soit toi qui interviennes. C’est pour cela qu’il faut que tu arrives à ce que Mike t’y conduise.
Mais tu seras là ?
Je te l’ai dit, je ne te lâcherai pas ; je tiens trop à toi.
Et après ça, que va-t-on faire ?
Prendre des vacances bien méritées, et puis, tu as aussi de la famille que tu aimerais sans doute revoir ?
Comment tu sais ça ?
Enfin ma chérie, je suis flic …
Donc tu t’es fait un dossier sur moi.
Si tu savais…, Sonia, je vais te confier quelque chose : j’ai déjà été en couple et j’ai même une fille. Les choses se sont mal passées avec mon ex, et je ne veux pas renouveler ça, alors je me suis renseigné sur toi plus profondément que pour l’enquête à ton sujet. Je pense que retrouver ta famille serait bien.
C’est vrai, et ta fille, tu la vois ?
C’est très compliqué, je t’expliquerai un jour.
OK, comme tu veux ; mais il est vrai que je serais très heureuse de revoir Amélia, ses parents et ma grand-mère. Je pense que je ferai des recherches après cette mission.
En disant cela, elle se remémore les apparitions de sa cousine qui arrivent la nuit de temps en temps ; serait-ce un message ?
Ils arrivent au garage de la police, Sonia récupère la voiture qu’elle inspecte soigneusement pour tenter de repérer les appareillages cachés, mais rien ; elle n’arrive pas à trouver quoi que ce soit.
Sacré boulot, dit-elle discrètement à Marc.
Sonia, nous avons bossé toute la nuit pour modifier ta voiture, je suppose que Marc t’a un peu expliqué ce qu’on a fait ?
Oui, je lui en ai parlé succinctement. Bien, on peut y aller ?
Le chef du garage donne les clefs à Sonia et les saluts. Sonia sort la voiture et s’arrête à côté de la voiture de Marc garée sur le parking. Elle y récupère son sac et offre un long, très long baiser chargé d’amour et d’émotions ; puis elle monte dans la voiture et prend la direction du « Lido ». À peine arrivée, Mike portant un sac de voyage se présente, il est accompagné d’un autre homme, les bras chargés de deux pacs d’eau. Sonia descend et ouvre le hayon pour que les deux hommes puissent charger leurs bagages.
Bonjour Sonia, en forme ?
Oui, je suis en pleine forme, je me suis bien reposée, le plein est fait, tout est paré ; je suis à vos ordres capitaine !
Effectivement, je te sens d’un air plutôt joyeux, j’aime ta bonne humeur… et ta tenue,
Bien. On va où ?
Malaga par l’autoroute.
Mais c’est à …
1500 kilomètres, nous devons arriver avant 20 heures ; alors il va falloir bombarder.
Dans ce cas, en route.
Sonia s’installe et démarre le moteur, elle adore le bruit de ces six cylindres doux à bas régime, mais agressif quand elle le lui demande. Elle quitte rapidement Marseille et prend la direction de Montpelier. L’autoradio réglé sur la station Vinci autoroute diffuse des chansons entraînantes entre des spots infos qui signalent tout problème de circulation, ces renseignements sont capitaux pour mener à bien leur mission ; Sonia chantonne.
Tu es vraiment en forme, et ravissante ; j’aime beaucoup ta tenue.
Ah, ça te plaît de voyager conduit par une nana en tenue moulante ?
Oh oui, je suis très content de t’avoir rencontrée, je sens que nous allons faire du bon travail ; je ne sais pas quel métier tu fais, mais je pense que tes collègues de travail doivent apprécier ton travail…
Mike suspend sa question dans l’espoir que Sonia y réponde ; méfiant, il voudrait en apprendre plus sur elle. Sonia a bien compris ce qu’il cherche à savoir, lui répond sans aucune hésitation :
Ne te casse pas la tête à chercher, je n’ai plus de boulot, je me suis fait virer de l’armée …
Pour ?
Violence et rébellion sur un officier ; ça te va ?
Tu as tabassé un gradé ?
Oui, je n’aime pas qu’on me manque de respect et qu’on me fasse chier pour des cagades.
Bon, je vois ; et c’est donc pour ça que tu cherchais du boulot ?
Oui, pour payer ma voiture, lui répond-elle en pensant « Putain, qu’il est lourd ce con »
Ah, OK !
Au fait, tu m’as dit qu’on va où ?
Malaga.
Alors programme le GPS.
En rentrant l’adresse, sans le savoir, il est en train de donner au central toutes les informations sur leur destination.
Marc qui a rejoint l’endroit tenu secret, regarde et écoute avec attention les précieuses informations qu’il vient de recevoir. Les inspecteurs et inspectrices chargés d’assurer la permanence s’exclament :
« Elle est vraiment trop forte cette Nana, on va tous les niquer ! »
Marc est ravi et donne l’ordre de prévenir la police espagnole et de rester en contact permanent avec eux. À partir de ce moment-là, les planques s’organisent, les informations sur leur position, leur vitesse et la probabilité de leur heure d’arrivée sont communiquées toutes les heures. Sur l’autoroute, Sonia file à près de 200 kilomètres/h.
À 12 heures, ils font le plein et une pose casse-croûte à une station de service de l’aire d’autoroute de Barcelone ; Sonia en profite pour retirer son survêtement et faire trois fois le tour du parking au pas de course. Quand elle revient à la voiture, Mike lui dit :
Tu es toujours comme ça quand tu conduis ?
Oui, et ce sera toujours comme ça, c’est très bon pour la circulation, ça détend et c’est bon pour la ligne ; tu devras en faire autant.
Oui, mais la voiture ?
Ne t’inquiète pas, si je ne suis pas à côté d’elle, elle se ferme automatiquement et il est impossible de la démarrer ; mais je ne te dis pas pourquoi, car je n’en sais rien.
La réalité est que le système anti démarrage est connecté par une fréquence radio à la puce GPS qu’elle porte en elle. De la catégorie « secret-défense » elle est donc inviolable, et passée une certaine distance, le système verrouille tout le véhicule.
Elle prend une grande gorgée d’eau et elle se réinstalle au volant et redémarre la voiture, le GPS indique 997 kilomètres pour arriver à destination.
Bon, nous avons largement le temps, pour arriver à l’heure ; je vais même pouvoir respecter les limitations de vitesse.
Pas question, si tu veux te reposer ; tu fonces. À vingt et une heures, on charge et on repart aussitôt.
Non ? Il faut que je fasse le retour ce soir ? Je ne suis pas d’accord, quand nous serons arrivés sur place, j’aurais conduit pendant douze heures et je dois me reposer ; moi, je ne veux pas me casser la gueule, d’autant que je vais devoir « bombarder » comme tu dis.
Je l’savais que tu réagirais comme ça, car moi aussi j’ai dit au patron que c’était de la folie de faire tant de route d’un coup. Je l’appelle.
C’est qui le patron ?
Le Boss, et ça va être compliqué de lui faire entendre raison, il est têtu et a toujours raison, il faut lui obéir sinon…
Sinon quoi ?
Sinon, il va m’obliger à te flinguer.
Quoi ! Et tu le ferais ?
Je n’en ai pas du tout l’intention …
OK, alors dans ce cas, je m’arrête à cette aire, tu l’appelles et tu me le passes, sinon…
Sinon quoi ?
Sinon je te laisse ici et je me casse.
D’accord.
Elle ralentit, pénètre sur l’aire de repos, et se stationne sur un emplacement où elle pourra facilement et rapidement ressortir au cas où. Mike descend et appelle son patron ; elle en profite pour faire quelques mouvements pour se dégourdir les jambes puis se réinstalle au volant. Au bout de quelques minutes, il remonte en tendant son téléphone :
Sonia, le patron veut te parler, dit-il en secouant la main, Sonia comprend qu’il est en colère, l’homme parle fort ; Sonia reconnaît la voix.
…
Tout d’abord, bonjour Patron. Ensuite, je vais vous donner mes règles, votre sbire en connaît déjà trois ; la quatrième est pour vous deux. Règle numéro quatre : je transporte votre merde là où vous voulez, mais dans ma voiture, c’est moi le patron, il n’y a que moi qui décide quand je dois m’arrêter et combien de temps de repos il me faut pour récupérer…
…
Non, pas question, je veux dormir toute la nuit et dans un hôtel ; on charge demain matin à la première heure, on reprend la route et je m’engage à vous livrer avant dix-huit heures…
…
Non, c’est à prendre ou à laisser ; si ça ne vous convient pas, je plante votre sbire ici et je me casse…
…
Certainement que je vous rencontrerai, c’est quand vous voulez…
…
À la fin de la mission ? C’est-à-dire ?
Elle tend le téléphone à Mike en disant :
On y va, boucle ta ceinture et accroche-toi…
Elle démarre aussitôt en trombes, Mike termine sa conversation, raccroche et dit :
Bien, tu me la mis dans une colère noire, personne ne lui a jamais parlé de cette façon-là ; mais tu as malgré tout gagné. Nous mettrons ta voiture sur le lieu de chargement, il faudra laisser le hayon arrière ouvert et nous dormirons dans un hôtel à deux pas de là.
Parfait, tu vois bien que quand il veut.
Sauf que le jour où tu vas le rencontrer, tu vas manger.
C’est ça, tu sais, je ne me laisse pas faire facilement, alors on verra bien ; allez, j’ai envie de me baigner ce soir ; on fonce ?
Alors fonce…
À une moyenne de 180 kilomètres/h et vingt flashs de radar plus tard, ils arrivent à Malaga ; il est dix-huit heures. Mike indique la route pour se rendre à l’hôtel, situé en bord de mer au bord d’une plage. Elle découvre un bâtiment sobre, tout comme le hall et une charmante réceptionniste souriante. Mike demande :
¿Hola hablaís francés ?
Bonjour, oui Monsieur, vous voulez une chambre ou deux ?
Sonia dévisage Mike, s’interroge et dit :
Une, s’il vous plaît.
[À suivre]