Plus complices que jamais, Arthur et Hélène se rendirent vite compte que l’élargissement de leur horizon sexuel avait des conséquences directes dans leur vie quotidienne. La première, inattendue, se matérialisa par un regain de tendresse: petits baisers, câlins rapides, caresses furtives… Ils retrouvèrent, sans en parler directement, toutes ces petites attentions qu’ils avaient l’un pour l’autre au début de leur relation. Leur couple sortit donc renforcé de cette "renaissance sexuelle".
Ils n’étaient pas, évidemment, pour autant épargnés par les soucis du quotidien. En particulier Hélène, dont une inquiétude tenace était devenue souffrance. Émilie, sa meilleure amie qu’elle connaissait depuis plus d’une dizaine d’années, ne lui donnait pratiquement plus de signes de vie et surtout annulait au dernier moment les moments qu’elles devaient passer ensemble. C’était très inhabituel de sa part, d’autant que ces annulations se faisaient sur des motifs souvent tirés par les cheveux. Au début Hélène mit ça sur le compte des récents déboires de son amie et de sa nouvelle vie: en effet Émilie avait quitté son amour de jeunesse quelques mois auparavant. La rupture ne s’était pas bien passée et la jeune femme s’était renfermée sur elle-même. Puis elle avait décidé de profiter de son célibat et de la liberté qui allait avec en multipliant les conquêtes grâce à des sites de rencontre. Cette façon de vivre avait contribué à l’accaparer et à éloigner les deux amies. Mais Hélène était bien décidée à régler cette situation et à éclaircir ce qui pouvait poser problème.
C’est ainsi qu’un samedi soir, elle laissa mari et enfants à la maison pour se rendre chez Émilie. Situation autrefois banale et pourtant devenue source angoisse chez elle tant il était devenu difficile pour les deux jeunes femmes de se voir. Pourtant cette fois l’engagement avait été tenu et Hélène était bien résolue à évoquer son mal-être. Devant la porte, la jeune femme hésita quelques instants… Elle réajusta ses cheveux courts : elle était rongée par le stress. Mais elle frappa, malgré tout. Sa meilleure amie vint lui ouvrir: Émilie était sensiblement de sa taille, elle arborait des cheveux bruns, mi-longs, avec une frange qui masquait son front et une paire de lunettes dont la monture noire lui donnait un air aussi sexy qu’autoritaire. Un air qui s’évanouissait dès qu’elle souriait, ce qui fort heureusement lui arrivait souvent. Bien proportionnée de manière générale, elle arborait une poitrine plus qu’imposante qu’elle essayait de ne pas trop mettre en valeur, mais qui bien malgré elle attirait tous les regards.
Émilie accueillit Hélène dans une étrange atmosphère faite de non-dits qui semblait régner dans le salon où elles s’installèrent. L’ouverture d’une bouteille de vin rouge, l’ambiance feutrée d’un éclairage discret mais chaleureux et le confort du canapé permirent toutefois aux deux amies de briser la glace qui s’était formée après tous ces rendez-vous manqués. Émilie, après sa période difficile, avait remonté la pente et elle expliqua mi-fière mi-honteuse que depuis qu’elle avait pris le parti de s’amuser, de profiter sans se poser de questions, tout allait mieux. Hélène savait que son amie accumulait les conquêtes et qu’elle s’était même laissée aller à tenter des expériences nouvelles… Elle avait ainsi appris récemment que son amie entretenait actuellement plusieurs liaisons, dont une avec une jeune femme !
Après quelques verres, elles purent enfin aborder le problème qui leur tenait à cur… Hélène exposa sa crainte, celle de perdre son amie, insidieusement, et elle voulait réagir avant qu’il ne soit trop tard. Émilie lui avoua qu’il n’y avait aucune volonté de lui faire du mal…
— Mais c’est vrai que… que depuis quelque temps je me suis peut-être arrangée pour moins te voir.
— Mais pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? lui demanda Hélène, anxieuse.
— Rien. Rien du tout… Mais… Enfin c’est difficile à expliquer…
— Essaye ! Je peux tout entendre ! Il n’y a pas si longtemps on se disait tout ! Hélène essayait d’être le plus bienveillante possible.
— En fait je ne cherche pas à t’éviter… enfin si un peu… mais… c’est compliqué!
— Ben explique ! exigea une Hélène impatiente.
— J’ai envie de te voir, mais je crois que je ne devrais plus te voir.
— Donc c’est bien volontaire de ta part. J’ai fait quelque chose de mal ?
— Non. Tu n’y es pour rien. C’est moi, seulement moi. Émilie se tortillait sur place, comme une petite fille prise en faute.
— Je ne comprends rien.
Hélène s’enfonça dans le canapé, frustrée de ne pas cerner le trouble chez son amie. Après un long silence, cette dernière poursuivit:
— Depuis que je suis seule, avec ces derniers mois qui ont été… difficiles, je… me cherche un peu, comme tu le sais. Je vois plusieurs mecs, je prends du bon temps, j’ai même commencé à sortir avec une fille… Bref, je m’amuse, j’expérimente.
— Et j’en suis ravie pour toi, sincèrement, mais quel est le rapport avec moi, avec nous ?
— Eh bien… Le rapport c’est que depuis quelque temps je… disons que… je pense à toi, un peu plus que je ne devrais. Et pas comme je le devrais…
— Je ne suis pas sûre de comprendre… murmura Hélène qui avait très bien compris.
— Pourtant c’est simple. Depuis quelque temps, quand je suis avec toi, j’ai des envies que j’ai du mal à réfréner. Des désirs qui me font un peu honte et qui ne sont pas franchement corrects vis-à-vis de toi ni de ton mari.
— Tu veux dire que…
— Je veux dire que ça fait un moment maintenant que je… je fantasme sur toi Hélène ! Voilà, c’est dit. J’ai très envie de toi et passer du temps avec toi est devenu presque douloureux. Je ne parle même pas de venir chez vous: j’aurais du mal à regarder Arthur en face.
Un peu honteuse, Émilie était également très soulagée. Hélène scotchait, bouche bée. Elle n’avait pas imaginé une seconde que son amie lui avouerait un truc de ce genre durant cette soirée. En fait, elle n’avait simplement jamais envisagé que quelque chose puisse se passer entre son amie et elle.
— Ouah… Ben merde alors… Si je m’attendais à ça !
— Je pense que ça doit venir de ton passé, le fait que tu aies déjà eu une relation avec une fille, alors que moi je découvre ça. Je suis désolée… Si tu veux partir je le comprendrai…
Hélène reprit un peu ses esprits, son cerveau fonctionnait désormais à plein régime pour entrevoir les multiples options qui se présentaient à elle… Certains scénarios, particulièrement présents ces derniers temps dans sa vie sexuelle avec Arthur, s’imposèrent à elle et la firent rougir.
— Partir ? Non… Disons que je suis un peu sous le choc, il faut que je digère. Mais partir c’est hors de question.
Hélène regardait à présent Emilie avec un regard neuf, ses yeux s’attardèrent sur le corps de son amie, sur ses yeux, sur sa poitrine généreuse, sur sa bouche, à nouveau sur ses seins… désormais elle ne parvenait plus à penser à autre chose qu’à une fin scabreuse. Elle réalisa alors qu’elle se trouvait concrètement au bord du vide et qu’entre le fantasme et le réel il n’y avait plus qu’un seul et unique pas, un pas qu’il lui appartenait ou non de franchir.
— Merci, t’es une vraie amie, je préfère être honnête avec toi. J’imagine que ça va finir par me passer. Putain c’est trop la honte… bégaya Emilie qui, tout à son soulagement d’avoir avoué son secret, n’avait pas remarqué le trouble de sa meilleure amie.
— La honte ? Pourquoi la honte ? Je trouve ça hyper flatteur. Et puis tu sais, entre nous… j’ai toujours trouvé que tu étais une très belle femme… tu es très attirante ! Hélène venait d’amorcer cet ultime pas…
— Tu déconnes ? Tu ne devrais pas me dire ça, tu vas me donner de faux espoirs.
— Pourquoi faux ? questionna Hélène, bien plus stressée qu’elle n’en avait l’air.
— Arrête de te foutre de moi Hélène ! Tu es mariée, tu as deux enfants, on est amies depuis douze ans. Que veux-tu qu’il se passe ?
— J’ai bien quelques idées qui me viennent ma belle…
Cette fois, elle venait de basculer dans le vide. Plus rien ne serait jamais plus pareil…
— Ah mais ne me torture pas comme ça, c’est horrible ! Et Arthur ? Je l’adore Arthur, je ne peux pas lui faire ça !
Emilie était au moins aussi paniquée qu’excitée, elle n’en revenait pas.
— C’est vrai. Arthur est un amour. Mais je pense que tu pourrais être surprise si tu le connaissais comme je le connais.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire par là que ton envie, dont je reconnais qu’elle ne me laisse pas indifférente, cette envie n’est pas incompatible avec Arthur. Disons que depuis quelque temps on a pas mal évolué, on se redécouvre, et que c’est assez chouette. On est plus ouverts à nos désirs respectifs qu’avant, plus en phase avec… avec nos fantasmes.
Émilie avait très chaud, elle buvait les paroles d’Hélène, ayant du mal à croire la tournure des événements. Elle ôta son pull et se retrouva en débardeur.
— Lui aussi a semblé inspiré par mon parcours, mon passé… Et de fil en aiguille il m’a avoué ses envies, pensant qu’elles pourraient coïncider avec les miens. Il avait raison.
— J’imagine qu’il fantasme sur un plan à trois, comme tous les mecs.
— Evidemment. Mais c’est un peu plus subtil que ça: déjà il fantasme sur le fait de me voir avec une autre femme, sur le côté lesbien du truc. Et lui voit cette histoire de trio comme un échange entre les trois partenaires et pas forcément comme deux femmes qui lui seraient offertes.
Hélène était surprise de réussir à se montrer aussi précise avec Emilie. Il est vrai que d’ordinaire les deux femmes n’hésitaient pas à se confier tous les détails de leur vie sexuelle. Mais là, il s’agissait quand même d’un sujet assez brûlant pour elle et son mari, un sujet qui pouvait sérieusement altérer leur vie de couple, pour le meilleur comme pour le pire…
— OK. Je crois que je saisis. Ne le prends pas mal mais j’ai parfois du mal à imaginer Arthur parlant de sexe…
Emilie était désormais tout à fait à l’aise: l’abcès avait été crevé, maintenant tout était possible.
— Je ne le prends pas mal. Je trouve ça dommage mais je ne le prends pas mal.
— Dommage ? Pourquoi dommage ?
— J’aime assez l’idée que mon mari puisse susciter du désir…
— Ben en fait je le vois tellement comme un ami, ça ne me viendrait pas à l’esprit de…
— Vraiment ? Jamais ?
— Ca prend une tournure gênante là… En gros tu veux savoir s’il m’est déjà arrivé de fantasmer sur ton mari ?
— Oui.
— Heu… Hélène, tu te rends compte de ce que tu me demandes ?
— Bien sûr que oui.
— Heuuuu… OK… Oui ça m’est peut-être arrivé une ou deux fois d’imaginer quelque chose avec Arthur… Voilà, t’es contente ?
— Oui ! Vraiment ! Je trouve ça très flatteur, excitant même. Enfin bon, je crois que tu as raison, je ne me vois pas tromper Arthur avec toi.
— Ben oui, je me disais aussi. Dans un sens je suis soulagée, au moins j’ai réussi à te parler… Emilie se renfonça dans le canapé, tout à coup vidée de toute tension, vaincue.
— Attends ! Je n’ai pas fini. Je ne me vois pas le tromper en secret. Mais si je le préviens rien ne dit qu’il ne soit pas d’accord pour qu’on aille un peu plus loin, toutes les deux…
Emilie bondit sur son coussin, complètement estomaquée.
─… Sérieux ? Et tu comptes lui envoyer un petit SMS comme ça. Genre "salut mon chéri, est-ce que ça te dérange si je baise avec Émilie pendant que tu gardes les gosses ?".
— A peu de choses près oui, c’est ce que j’avais en tête. En fait je pensais plutôt l’appeler, genre maintenant.
— Tu ne plaisantes pas là? Tu ne me fais pas marcher ? Tu veux vraiment faire ça ?
— L’idée me semble très tentante oui. Et je crois que l’idée va beaucoup lui plaire. Mais le choix le plus compliqué ne sera pas pour lui.
— C’est-à-dire ?
— Je le connais. Ça va l’exciter, ça va l’exciter et il va nous faire une proposition, il va te faire une proposition.
— Quel genre de proposition ?
— Tu ne devines pas ?
— Qu’on couche ensemble toutes les deux ce soir à condition de coucher avec lui une autre fois.
— Quelque chose dans ce goût-là oui. Ou au moins qu’il puisse nous regarder une autre fois, si tu ne souhaites pas qu’il participe.
— Ouah… Toi tu te vois faire ça ?
— Dans la mesure où je couche déjà avec lui et que je ne suis pas insensible à tes charmes oui, je me vois très bien faire ça. C’est peut-être pour moi que ça serait le plus facile. C’est plutôt à toi qu’il faut poser la question.
— Avec Arthur… Je me suis souvent imaginée t’avouer mon attirance, j’ai rêvé qu’elle soit réciproque mais je n’avais jamais pensé que ça se passerait comme ça… Arthur… et toi…
— Eh bien c’est toi qui as parlé de vivre de nouvelles expériences non ? Alors ? Je l’appelle ? On va bien voir comment il réagit…
─…
— Émilie ?
— OK… Oui, vas-y, fais-le !
Hélène prit son téléphone, moins assurée qu’elle ne semblait l’être. Ces révélations lui avaient mis l’eau à la bouche. Depuis qu’Arthur et elle exploraient de nouveaux pans de leur sexualité il ne se passait pas une journée sans qu’elle songe à faire l’amour à une femme. Son bas-ventre était bouillant, elle sentait une certaine moiteur envahir son entrejambe. Elle aurait pu passer à l’acte, sans égard pour son mari, à qui elle aurait pu ne rien dire ou tout raconter ensuite. Mais elle préférait jouer franc jeu en espérant ne pas le regretter et qui sait, peut-être obtenir encore plus qu’une simple partie de jambes en l’air avec sa meilleure amie. L’idée de la partager avec son mari, de la partager elle, lui faisait un effet enivrant. Perdue dans sa rêverie, elle les imagina tous les deux, enserrés l’un dans l’autre. Et cette vision lui plût: quelle meilleure occasion aurait-elle de réaliser leurs fantasmes à tous les deux qu’avec elle ? Quant à Émilie, durant ces quelques secondes qui parurent durer une éternité, elle attendit. En se rongeant minutieusement les ongles. Tout en sachant déjà qu’elle dirait oui: oui pour ce soir et oui pour une autre fois avec lui. Ne restait plus qu’à attendre la réponse du dernier intéressé…
Arthur décrocha. Les enfants étaient couchés, il était disponible pour écouter la proposition des deux filles. Après les politesses d’usage, Hélène en vint à la raison de son appel.
— Dis-moi mon amour… je suis chez Emilie là et… disons que la soirée a pris un déroulement pour le moins… inattendu.
— Je t’écoute…
— Eh bien, comment dire… On a bien discuté et je sais pourquoi elle avait tendance à m’éviter, à nous éviter ces temps-ci. Il semblerait… il semblerait que je ne la laisse pas indifférente… d’un point de vue… sexuel !
─…
— En fait si elle nous évite c’est qu’elle a un peu honte de ressentir ça, en particulier vis-à-vis de toi.
— Ouah… Effectivement, c’est inattendu. Je ne vois pas ce qu’il y a de honteux mais c’est inattendu.
— On en a beaucoup parlé, et je mentirais en disant que son envie n’est pas un peu partagée.
— Je rêve ma chérie où tu es en train de m’appeler pour me prévenir que tu comptes coucher avec ta meilleure amie ?
— Non, il y a un peu de ça. Je sais que sur le papier cette idée ne te rebute pas, je crois même que je peux imaginer ce qui se passe en toi en ce moment.
— Oui, je ne peux pas le nier… Vous n’avez encore rien fait ?
— Non. Elle est devant moi, elle t’entend et elle ne perd pas une miette de notre conversation.
— En tout cas merci de m’en parler avant, merci de m’impliquer. Emilie, tu crois que… que ce qui se passe ce soir pourrait déboucher sur autre chose, une autre fois ?
— Tu veux dire avec toi ?
— Oui. Evidemment. Avec moi ou devant moi. Pour être très honnête je n’ai pas pour habitude de fantasmer sexuellement sur mes amies, je m’y refuse, mais je mentirais en prétendant que ça ne m’est pas arrivé deux ou trois fois de penser à toi dans des situations disons… pas très avouables.
La jeune femme sentait des bouffées de chaleur l’envahir: elle avait peut-être un peu menti en avouant à Hélène n’avoir fantasmé que deux ou trois fois sur son mari. Ça lui était arrivé bien plus souvent… En vérité, elle avait déjà fantasmé plusieurs fois sur un plan à trois avec eux.
— Je n’ai aucun droit sur Hélène et je n’ai rien à exiger… mais c’est une torture d’imaginer ce que vous allez faire tandis que je suis coincé ici. Tu peux atténuer ça en me donnant un mince espoir Emilie, promets-moi au moins d’y réfléchir !
─…
— Qu’en penses-tu ?
— Heu… J’essaie d’assimiler tout ce que je viens d’entendre…
— Je ne veux pas te forcer la main et je ne veux surtout pas que tu te sentes obligée. Je ne vous reprocherai pas de faire ce que vous avez envie de faire. Mais j’aimerais vraiment que tu envisages sérieusement cette possibilité, que tu essaies de me voir autrement. Tu sais je pourrais peut-être te surprendre…
— Je confirme Emilie. Je crois que tu pourrais apprécier.
Hélène souriait, elle était plus à l’aise depuis qu’Arthur menait cette conversation. Spectatrice amusée des hésitations de son amie, spectatrice excitée par la tournure des événements dont l’issue ne faisait désormais plus guère de doute. Elle aussi avait ôté son pull. N’y tenant plus, elle avait glissé sa main dans son jean, main que son amie fixait avec attention. Emilie finit par lui prendre le téléphone.
— Je suis une grande fille Arthur, et si je prends le temps de réfléchir c’est bien parce que je suis prête à tout envisager. C’est vrai que… quand on se voyait beaucoup, que je n’étais pas célibataire, après les nombreuses soirées arrosées que nous avons passées tous les quatre… C’est vrai qu’il m’est arrivé, quelques fois. Bon peut-être un peu plus que quelques fois, d’imaginer un dénouement différent que le classique "chacun rentre chez soi…"
— Vas-y, sois précise… Hélène ne faisait même plus semblant de se masturber, elle n’avait qu’une envie: sauter sur Emilie !
— Eh bien parfois j’ai fantasmé sur le fait que les garçons partent pour une autre soirée je ne sais où… Et que je finisse seule avec toi Hélène. D’autres fois c’était avec toi Arthur, et que nous finissions par franchir le pas ensemble.
— Continue… lança le couple d’une voix commune.
Mise à l’aise par l’excitation palpable dans la voix d’Arthur et par les caresses que se prodiguait la femme devant elle, elle se lâcha complètement.
— Il m’est peut-être même arrivé, une ou deux fois, d’imaginer que pris de folie nous terminions tous les quatre, dans la chambre…
— Ah ouais, carrément ! lança son amie.
Long silence. La stupeur avait changé de camp. Hélène reprit le téléphone, Emilie n’en pouvait plus. Parler avait levé ses dernières traces d’inhibition, en nage, elle déboutonna son pantalon et commença à faire glisser sa main sur son sexe elle aussi. Arthur confirma qu’il était OK pour qu’elles le fassent ce soir, loin de lui. Mais il fixa une condition:
— J’aimerais, s’il vous plaît, que… vous laissiez le téléphone allumé quand vous commencerez… j’aimerais vous entendre, à défaut de vous voir…
Les deux filles acquiescèrent devant cette demande qui ne leur semblait pas choquante. Elles ne démarrèrent pas de suite, elles discutèrent un peu de tout et de rien, continuant de boire un peu plus vite que d’habitude, cherchant un début d’ivresse qui pourrait leur permettre de se lancer pour de bon. A nouveau la tension était palpable, mais elle n’avait plus rien à voir avec celle du début de soirée.
Tout à coup le son du téléphone coupa.
Arthur, seul dans sa chambre, le sexe tendu, ne put que se prendre la tête à deux mains… Les filles étaient lancées et cette fois il était définitivement exclu de la partie… Avait-il bien fait de ne pas protester ? Il commença à se masturber rageusement en les imaginant. Mais les deux jeunes femmes ne l’avaient pas oublié… Un message lui parvint. Un message vidéo ! Ce qu’il vit était donc en léger différé. Il fut touché de cette délicate attention mais surtout il remarqua qu’il n’avait jamais été aussi excité.
Son écran de Smartphone lui dévoila une image tremblante. Il reconnut Emilie, assise sur son canapé, en sueur, en transe. Son débardeur paraissait moite, la caméra s’attarda alors sur sa main qui bougeait rapidement dans sa culotte qu’Arthur imagina bien trempée. Après quelques secondes de ce spectacle réjouissant, sa femme retourna le portable vers elle-même: en culotte elle aussi, la main moins frénétique mais active quand même. Le son des gémissements d’Emilie emplissait la pièce… Hélène fit un clin d’il à son mari avant de couper. Arthur n’en pouvait plus. Visiblement Hélène non plus et Emilie encore moins.
Après qu’Arthur ait regardé la vidéo plusieurs fois son téléphone sonna : c’était Emilie.
— OK Arthur… Cette fois on va le faire. Je n’en peux plus, on va y aller… Et la prochaine fois tu seras avec nous, la prochaine fois je t’aurai aussi ! En attendant, je vais faire l’amour à ta femme !
— Vas-y Emilie… Je ferai n’importe quoi pour pouvoir vous rejoindre. Vivez ce moment à fond, faites-vous jouir !
Elles se jetèrent l’une sur l’autre. Arthur avait le son: leurs gémissements, leurs mouvements, les bruits de bouche, de vêtements jetés au sol… C’était incroyable de vivre ça en direct mais à distance. Il se masturbait avec frénésie. Lorsqu’au bout de quelques minutes la communication fut de nouveau coupée il devint fou de rage, mais très vite il reçut un nouveau message vidéo d’Hélène. A nouveau cette image tremblante qui l’excitait tant. Sa femme en mode selfie, toujours sur son canapé mais seins nus, elle lui souriait et s’excusait pour la coupure. Elle lui dit de profiter de la balade… et braqua l’écran vers le bas. Entre ses cuisses une masse de cheveux brune s’activait avec fougue. Au bout de quelques secondes Emilie leva la tête tout en continuant de pénétrer sa partenaire, sa propre femme, à deux doigts. Le visage et les lunettes luisants, elle sourit à la caméra.
— Vous m’avez rendue folle tous les deux. Je vais essayer de me montrer à la hauteur de vos fantasmes.
L’écran repassa sur Hélène.
— Mon amour je te confirme qu’Emilie est très, très motivée.
L’image bascula de nouveau sur la brune qui avait accéléré le mouvement de ses doigts.
— J’espère que tu aimes ce que tu vois mon ami. J’ai hâte de te voir en vrai et pas par écran interposé. J’ai hâte de sentir ta queue dans ma bouche !
Et la langue sortie elle retourna fourrer ses lèvres sur le sexe d’Hélène.
La vidéo se coupa. Arthur la visionna deux ou trois fois en se branlant énergiquement.
Puis la sonnerie retentit: c’était sa femme. Elle ne parla pas, mais son mari put profiter du son. Elles s’en donnaient visiblement à cur joie, ça le rendait fou. Il voulait y être mais en même temps il aimait ne pas voir, ne pas savoir, tout en sachant quel plaisir elles prenaient. Il finit quand même par recevoir une nouvelle vidéo, d’Emilie cette fois. Tous les sons qu’il venait d’entendre. Cette fois c’est elle qui apparut la première à l’écran, le visage heureux et à la fois crispé, en parlant elle lâchait parfois de petits râles de plaisir. Visiblement quelqu’un lui faisait quelque chose de tout à fait agréable. Les joues rouges, elle fixait l’écran.
— Resalut Arthur… On s’est dit que tu ne serais pas contre avoir de nouvelles images.
Elle baissa le téléphone et le laissa braqué sur sa poitrine opulente. Visiblement à quatre pattes, ses seins se balançaient au rythme des spasmes et des contorsions provoquées par son plaisir. Leur rythme était hypnotique. A cette vision Arthur cala le mouvement de sa main sur son pénis en suivant la cadence de l’affolante poitrine.
— Tu dois te demander où est ta femme ? Tu as sûrement envie de savoir ce qu’elle me fait non ? Alors regarde là un peu.
Emilie se redressa sur ses genoux et fit passer le téléphone derrière elle pour filmer sa croupe. Arthur reconnut immédiatement les cheveux courts de sa femme qui s’escrimaient entre ses fesses qu’elle pétrissait puissamment de ses deux mains. Emilie appela son amie qui releva le nez: aussi luisante que souriante, Hélène sourit à l’objectif.
— Coucou mon amour ! J’espère que ce que tu vois te plaît !
En parlant elle se lécha deux doigts qu’elle inséra aussitôt dans le sexe de son amie. Pour Arthur c’était une expérience nouvelle et terriblement concrète: lui qui avait poussé sa femme à lui révéler ses fantasmes lesbiens, lui qui avait insisté pour exposer ses fantasmes de trio, il se trouvait pour la première fois confronté à la vision de son épouse qui donnait du plaisir à quelqu’un d’autre que lui-même. D’ordinaire, c’était lui qu’Hélène léchait… Mais cette petite pointe de jalousie disparut presque aussi vite qu’elle était arrivée: ce spectacle mille fois fantasmé emportait toute raison sur son passage, son excitation balayait tous les autres sentiments.
— Tu nous manques mon chéri, vu l’état dans lequel on est, je pense que tu ne serais pas de trop par ici. J’espère que tu prends ton pied en nous voyant !
La jeune femme envoya un baiser vers l’écran puis repartit avec envie travailler son amie au corps. Cette dernière se remit en mode selfie et à quatre pattes tout en continuant de s’adresser à leur spectateur.
— Je ne pensais pas au départ mais l’idée de savoir que tu nous vois ça me rend folle… Pas de doute, elle sait y faire ta femme. Tu sais tout à l’heure elle m’a dit que tu aimais beaucoup que ta partenaire ait un langage cru. Eh bien franchement, je peux te l’avouer, j’adore qu’elle me bouffe le cul ! C’est trop bon de sentir sa langue me fouiller l’anus !
— Et tu n’as encore rien vu ma chérie… ajouta Hélène, au loin.
Emilie lâcha un cri.
— Le doigt… Tu entends ça Arthur, elle m’a collé un doigt dans le cul ! Ta petite femme chérie est en train de me prendre avec son doigt. Si seulement tu étais là, en même temps, tu me prendrais par la bouche pendant qu’elle m’encule avec ses doigts ! Quel pied ça serait !
— Malheureusement je crois que je vais devoir te laisser quelques minutes, histoire de savourer un peu ce qu’elle me fait. Mais reste connecté…
Elle sourit et lécha l’écran avant de raccrocher. La vidéo étant enregistrée, Arthur les imaginait déjà dans la suite de leurs ébats. Il reçut peu de temps après une simple photo: celle d’un gode… Cette fois ce fut lui qui rappela Hélène qui décrocha aussitôt, comme si elle attendait l’appel, mais sans parler, trop occupée pour ça. Toutefois ses cris valaient mieux qu’un long discours. Arthur n’en perdit pas une miette, et lorsque finalement il les entendit avoir un orgasme, lui-même avait joui depuis bien longtemps.
Lorsque Hélène rentra chez elle, bien plus tard, la maison était silencieuse, sombre. En allumant la lumière elle vit dans le fauteuil du salon son mari, nu, la main glissant sur son sexe tendu, en train de la fixer. Sans dire un mot elle vint vers lui, ôta jean et culotte et s’empala sur sa queue. Il ne fallut que quelques minutes pour qu’ils jouissent tous les deux, en même temps. Se serrant amoureusement dans les bras l’un de l’autre, ils ne dirent rien.
Mais tous deux pensaient déjà à la prochaine fois, lorsqu’ils recommenceraient… avec Emilie.
