Chapitre 2 : Confession
J’ai eu du mal à m’endormir cette nuit là après avoir tout nettoyé et avoir rangé la machine dans un placard. Elle m’a semblé éveillée lorsque je l’ai posée au sol en position verticale. Elle était construite pour pouvoir se maintenir en station debout même lorsqu’elle était désactivée, c’est-à-dire que ses pieds détectaient le sol et que l’armature ajustait sa pose pour trouver un équilibre. Elle était là, debout, les yeux fermés, et j’ai fermé la porte du meuble comme si je ne faisais que ranger un aspirateur. Et après tout, quelle différence ?
C’était là la réflexion que je me faisais alors que je fixais le plafond en essayant de m’endormir. Je me disais que j’exagérais surement la situation. Certes, le Père Velin allait désapprouver ce que j’avais fait, tout comme je le désapprouvais moi-même, mais seulement parce que ce genre d’actes menaient à une vie dissolue et empêchaient l’épanouissement des vertus. En fait, l’anthropomorphisme de cet appareil m’avait empêché de voir les choses telles qu’elles étaient réellement : il ne s’agissait que d’un objet, rien de plus. Je l’ai utilisé pour me faire du bien et ce faisant, je me suis laissé submerger par des pensées impures. Ce qui était condamnable ce n’était pas l’acte en lui-même, mais les pensées impures qui lui étaient associées. Le Père Velin était très clair là-dessus lorsque nous avions abordé la question de mes pratiques masturbatoires.
Même s’il existait encore des endroits dans le monde où la masturbation et l’homosexualité (ou me concernant, la bisexualité) étaient rejetées, nous n’étions tout de même plus au 21ème siècle ! L’Eglise en général, et le Père Velin en particulier, étaient tout à fait accommodant quant aux impératifs de notre nature. Lui savait que j’aimais les hommes autant que les femmes et que j’avais découvert cela en fantasmant lors de mes masturbations avec divers objets sexuels, dont des godes et des plugs. Je n’avais pas abordé le sujet à la légère avec lui, je l’avais fait parce que j’avais besoin de conseil.
Pendant un temps, j’étais obsédé par le sexe fort, et je me pénétrais tous les soirs en pensant à ce qu’un homme pourrait me faire. Comme je n’étais pas habitué à autant d’effusion dans ma vie intime, je m’étais persuadé que ma vie sombrait dans la débauche et que je dévalais une pente vers l’Enfer. Heureusement, mon bon prêtre m’a rassuré et m’a aidé à y voir plus clair: il n’y avait rien de mal en soi à utiliser des objets pour se faire du bien, le seul problème que je pouvais rencontrer c’était la tentation d’une quête exclusive du plaisir qui me détournerait de Dieu. Père Velin m’avait posé cette question à la fin de la confession :
« Lorsque vous fantasmez sur des hommes vous imaginez-vous dans une relation saine et pleine d’amour, à même d’honorer l’amour de Dieu ? »
J’ai dû admettre que non. Je m’imaginais plutôt des inconnus agressifs qui me dominaient avec lubricité. Après cette conversation cependant, j’étais revenu dans le droit chemin, et toutes les fois où je m’adonnais désormais à ce plaisir je m’imaginais un amour pur, celui d’un petit-ami viril. Il est si vrai que cette pratique ne me détournait plus de Dieu que j’avais perdu mon obsession et drastiquement réduit le nombre de séances : je ne m’enfonçais de gode dans les fesses qu’une ou deux fois toute les semaines pour me soulager. J’en avais toujours besoin mais je ne faisais plus de fixation là-dessus.
Cela voulait-il dire que je pouvais continuer à profiter sexuellement de cette machine ? Cette question me tarauda pendant plus d’une heure. D’un côté Père Velin critiquait fortement la pornographie en ce qu’elle occultait la dimension amoureuse de l’acte sexuel, de l’autre il m’avait assuré qu’il n’y avait aucun mal à m’aider de jouets pour atteindre l’orgasme. Mon FG-61 était-il plus semblable à une actrice pornographie ou à un godemichet ? Sans que je sache réellement comment, je suis finalement parvenu à m’endormir malgré toutes ses pensées qui dansaient dans ma tête. Le lendemain, je me suis réveillé encore fatigué des cogitations de la nuit, mais je n’ai pas tout de suite repris le cours de mes interrogations.
Après mon exercice physique quotidien, mon petit-déjeuner et le travail que j’avais à faire sur mon ordinateur, j’ai consulté ma messagerie électronique vers 11h. À ma grande surprise, Melina, une fille que je connaissais vaguement parce qu’on était dans la même classe au Lycée, me proposait de passer l’après-midi ensemble au Musée des Réalités Virtuelles et Augmentées. Ma surprise ne dura qu’un temps, en remontant la chaîne de ses cercles d’amis sur les réseaux sociaux j’ai très vite compris que son message était lié à une de mes connaissances à laquelle j’avais confié ma résolution de trouver quelqu’un cette année. C’était donc cela : un vrai rencard ? J’aurais pu me sentir flatté mais Melina n’était pas une très jolie fille, si bien que je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine gêne. Les photos sur son profil confirmaient qu’elle ne s’était pas embellie depuis le lycée : un visage trop long, des oreilles trop grandes, un nez trop rond en son extrémité, une bouche trop fine Que le Seigneur me pardonne pour ces pensées.
Finalement, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains et d’accepter le rendez-vous pour plus tard dans la semaine. J’étais content d’avoir l’occasion de flirter mais je ne pouvais pas m’empêcher de comparer le visage de Melina et celui du robot qui était dans mon placard. C’est alors que je me remis à cogiter dur : pourquoi le FG-61 ne pouvait-il pas être ma petite copine ? Je m’imaginais aisément me promener avec elle au Musée. J’ai senti à cet instant que j’allais de nouveau réfléchir pendant une heure si je ne me confiais pas à quelqu’un, j’ai donc décidé d’envoyer un message au Père Velin pour lui demander d’organiser une confession. Comme toujours, il accepta.
Je suis me suis précipité dans ma voiture volante et j’ai décollé depuis le toit de l’immeuble après avoir patienté cinq minutes dans le tunnel vertical qui permettait de sortir le véhicule du garage compris dans mon appartement. J’ai évité les minarets stabilisés en lévitation au-dessus de la ville et je me suis dirigé vers la plateforme volante sur laquelle était érigée l’église catholique Saint Amable de Clermont qui flottait en orbite autour de mon quartier depuis que je m’étais installé dans la métropole.
Comme à son habitude lorsque je passais quasiment à l’improviste, le Père Velin s’était déjà installé dans le confessionnal. Je suis entré pour prendre ma place. Après des salutations murmurées au point où elles étaient quasiment inexistantes, je lui ai dit :
« Bénissez-moi, mon Père, parce que j’ai péché ».
Il m’a béni au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et il m’a laissé parler.
« Mon Père, j’ai reçu mon robot hier, il ressemble à une très belle jeune femme. Je ne pensais pas que cela me troublerait autant mais ça a été le cas. A tel point que j’ai perdu le contrôle.
— Avez-vous regardé cette machine avec désir ?
— Mon Père, j’ai fait bien pire. Je je m’en suis servi comme objet sexuel
— Je peux vous aider comme je vous ai aidé auparavant, mais pour cela il faut que vous m’expliquiez exactement ce qui s’est passé dans votre cur et dans votre corps.
— Je suis tombé amoureux de son visage. Je me suis mis à l’embrasser, mais très vite tout a dérapé et mon amour est devenu luxure.
— J’insiste encore une fois, sans détail je ne peux pas comprendre, et si je ne comprends pas c’est que vous ne vous confessez pas, mon fils. »
J’admirais son sens du détail et de l’analyse. La dernière fois que je m’étais confessé au sujet de ma sexualité, le Père Velin m’avait écouté expliquer pas à pas comment j’atteignais l’orgasme pour pouvoir distinguer le bien du mal. Je lui avais décrit comment le son de ma ceinture que je défaisais provoquait mon excitation, comment j’enlevais mon pantalon et mon sous-vêtement d’un seul geste en m’imaginant désirable, en m’allongeant sur le dos, comment je déroulais une capote sur mon gode, lubrifiais le tout avant de l’enfoncer lentement dans mon cul en appréciant chaque centimètre. Je lui avais dit ce à quoi je pensais quand je faisais des va-et-vient : un bel homme qui me dominait et ne recherchait que son plaisir personnel, un vrai mec en quête de jouissance. Je lui avais fait savoir que j’atteignais d’abord un orgasme dans les fesses, purement passif, avant de pouvoir éjaculer en me branlant.
Si j’avais peint tous ces détails, c’était peut-être aussi que j’avais entendu les cliquetis de la ceinture de l’uniforme du prêtre, et que, bien que j’en n’avais aucune preuve concrète, je devinais que sa curiosité n’était pas toute théorique.
Cette fois-ci, je lui ai raconté tout ce que j’avais fait à la machine : ma façon de lui lécher la langue, la bouche, le visage, de frotter ma queue contre elle, de prendre ses seins en mains tout en renonçant à Dieu, d’enfoncer mes doigts dans sa bouche soumise.
Les bruits provenant de son côté du confessionnal ne laissaient plus aucune place au doute contrairement à la dernière fois. Le Père Velin était en train de se masturber en écoutant mon récit. L’idée que cet homme respectable soit subjugué par mes mots m’excitait au plus au point. Mon sexe prenait de la vigueur. J’avais très honte d’insulter ainsi la religion mais je ne pouvais pas m’en empêcher, je devais continuer mon récit pour faire plaisir à mon mentor et meilleur ami, alors je me suis mis à mentir :
« Je me suis retenu de jouir, parce que je voulais absolument me vider les couilles dans cette salope.
— Oh ! » grogna t-il en entendant ce mot, je n’étais jamais allé aussi loin avec lui, même en décrivant comment j’aimerais qu’on me prenne le cul. Sa masturbation redoubla de vitesse.
« Je l’ai glissé jusqu’au bout de la table et j’ai retiré son pantalon. », mentis-je en sortant ma queue en érection pour me caresser.
« Et ensuite, qu’avez-vous fait ? Je dois savoir. Avez-vous enfilé cette catin ? »
— Oui, oui mon père, je l’ai prise. », dis-je après mettre branlé en grognant pendant quelques secondes tandis qu’il attendait ma réponse avec impatience. Il était impossible que mon prêtre ne sache pas que je l’avais rejoint dans la luxure.
Tous deux, nous prenions énormément de plaisir à nous relancer en insultant l’androïde toutes les quelques secondes. Pour ma part je lâchais des « C’est une salope » et des « C’est une pute. » Son vocabulaire à lui était plus fleuri, cela l’excitait de la traiter de « femme de petite vertu » et de «pécheresse ». Jamais je n’avais cru pouvoir prendre autant mon pied dans une église. Bien sûr, m’imaginer défoncer le vagin de la jeune femme qui m’attendait à l’appartement était plaisant, mais c’était surtout participer au plaisir viril de mon mentor qui me rendait heureux. Je lui ai raconté deux fois comment j’ai dominé cette jeune femme artificielle. Finalement, j’ai sorti un mouchoir pour pouvoir éjaculer sans salir le lieu sacré.
« Oh mon père, je jouis, je jouis !
— Allez-y, mon fils. Tout est pardonné. Tout est pardonné. »
Ainsi, j’ai giclé avec la bénédiction de mon Père. Je me suis affalé contre le mur de bois, repu. Le prêtre continuait de se faire du bien à quelques pas de moi, mais il avait du mal à finir.
« Dites-moi. Qu’avez-vous fait ensuite ?
– Je lui ai défoncé la chatte mon père.
– Elle était froide comme une machine ?
– Oui, elle était toute froide.
– Vous lui avez mis dans la bouche ?
– Oui, je suis sorti et je l’ai forcée à me pomper. Je l’ai utilisé comme la dernière des pétasses.
– Oh mon enfant Oh »
Les bruits qu’il faisait indiquaient qu’il s’agitait beaucoup mais ne parvenait pas à terminer. Cela me faisait de la peine. Je devais faire quelque chose.
« Mon père. Puis-je vous finir ?
– Oh oui, mon fils »
Je suis sorti et je l’ai rejoint de son côté du confessionnal. Il était tout rouge et en sueur. Je me suis agenouillé devant lui et je lui pris son pénis des mains. Je l’ai masturbé vigoureusement avant de mettre sa queue dans ma bouche. Il passa ses mains dans mes cheveux tout en murmurant des obscénités « Oh, la salope, la salope ». Je ne savais pas s’il parlait de moi ou s’il s’imaginait mon androïde. Peu importe, j’étais prêt à abandonner tout signe de virilité pour mieux satisfaire cet homme. Je voulais le rendre heureux. Il ne tarda pas à m’honorer d’une éjaculation. Son sperme gicla à l’intérieur de ma bouche. Je le maintins en place pour qu’il profite de chaque seconde de l’orgasme alors que j’avalais son sperme.
Nous avons remis un peu d’ordre dans la situation et j’ai repris la place qui était la mienne. Nous sommes restés silencieux pendant une éternité, le temps que le prêtre reprenne son souffle. Lorsqu’il prit la parole, il dit ceci:
« En vérité, mon fils, cette machine n’a pas d’âme, en tout cas pas au sens chrétien du terme. Je vous conseille de l’utiliser comme un outil, bon pour faire vos corvées, et bon pour les plaisirs sensuels, si vous faites preuve de modération. Faites seulement attention à ne pas corrompre votre âme. Dieu ne condamne pas les actes faits avec amour, et c’est pourquoi il ne punira pas ce qui s’est passé ici aujourd’hui au nom de notre amitié, il sait faire la part des choses entre l’apparence du vice, et les vices du cur. Faites ce que vous devez faire pour être heureux, mais faites-le de telle sorte que votre âme reste pure. N’oubliez jamais que ce robot à une apparence humaine mais n’est pas une vraie personne. »
Pénétré de cette sagesse, c’est sans hypocrisie que j’ai prononcé la formule de contrition. Il m’a alors donné l’absolution.
« Amen. »
(à suivre)