Nos deux compères n’avaient pas encore réglé tous leurs arrangements.
D’un signe sans équivoque, Zakis Niarchos fit comprendre à son épouse qu’il valait mieux aller se promener plus loin encore un certain temps.
Flo ne se le fit pas dire deux fois.
– Suis-moi, je vais te montrer où je vis !
Flo me fit visiter son incroyable maison, évitant sciemment d’ouvrir certaines portes avec un petit clin dil qui en disait long.
– Voici la petite salle que l’on prépare pour la soirée de demain.
C’est ici que tu seras présentée à notre aréopage.
– Tu ne devrais pas plutôt dire où doivent s’exécuter les orgies projetées ?
Cette salle a les dimensions d’un gymnase.
Tu comptes inviter toute la population de l’île pour recevoir leurs hommages pour ta première année de mariage?
Avec un grand sourire, elle rétorqua
– Non, j’ai pensé aussi à toi.
Avec ton tempérament, dix hommes pour s’occuper de toi valent mieux qu’un seul, non?
*
Eric et Sakis vinrent nous rejoindre pour nous inviter à prendre une collation au bar.
– Que mijotiez-vous tous les deux depuis tout ce temps ?
– Nous aménagions ton emploi du temps pour ton séjour, mon amour. Je vantais toutes tes qualités professionnelles, me répondit Eric sur un ton hypocrite à peine dissimulé.
– Je crois que tout est réglé maintenant.
Il m’a confié vos exigences « scientifiques » bien sûr et je me fais fort de les rencontrer toutes pour vous satisfaire.
En retour, il m’a assuré que vous seriez d’une complaisance aveugle à tous mes ordres.
Tâchez de vous montrer à la hauteur dans vos recherches, soyez brillante !
Je déteste tout ce qui n’est pas à la hauteur.
Vous pourrez disposer de la tour pour y installer vos ateliers.
C’est là aussi que vous logerez.
J’ai fait préparer la chambre bleue spécialement à votre intention.
Votre matériel sera livré demain et soigneusement entreposé au rez-de-chaussée comme je vous l’ai promis.
Il est honnête de vous prévenir qu’avant de toucher votre argent, vous allez devoir me prouver vos talents …d’archéologue.
Tous les soirs, vous viendrez me rendre compte de vos découvertes.
Ainsi nous pourrons nous voir à loisiret peut-être à plaisir !
Si vous le voulez bien, nous traiterons les derniers détails pratiques et la signature du contrat demain après notre soirée d’anniversaire.
– Très bien ! dis-je avec effronterie, je suis impatiente de relever ce défi. Jespère que vous ne me décevrez pas cette fois car je suis possédée par une avide et dévorante curiosité de savoir ce que vous avez préparé à mon intention.
Nous prîmes ensemble un dernier verre pour célébrer les mystères qui m’attendaient.
Eric restait un peu en retrait à bavarder avec Sakis.
Il lui tendit une mystérieuse enveloppe qui contenait des photos compromettantes qu’il avait prises de moi à mon insu.
Mais ça aussi, je ne le sus que plus tard.
Alors que je revenais sur mes pas pour rentrer au bercail, l’étoffe que j’avais passée sur mes hanches se dénoua.
Niarchos se rendit compte instantanément que je n’avais pas pu ne pas le vouloir.
Nous nous quittâmes dans une poignée de main qui s’éternisa.
— Vous verrez, vous passerez chez nous un ré-jouissant séjour
Nous avions à peine quitté sa propriété que j’eus l’impression bizarre d’être observée et suivie à mon insu.
*
La tour se trouvait en bordure de mer à moins de cinq cent mètres de la demeure de mon patron.
J’avais hâte de me trouver seule avec Eric dans la chambre bleue que Niarchos nous offrait pour nos retrouvailles.
Comme son nom l’indiquait, cette chambre était tapissée de bleu pastel.
Sur les murs, on voyait des scènes champêtres représentant des bergers et des bergères d’opérette en grande conversation.
Les gravures étaient plus intéressantes et audacieuses.
C’étaient de superbes et très rares érotiques du XVIIIème siècle au dessin d’une étonnante hardiesse.
En dessous de l’une d’elle, on pouvait lire :
« Qu’elle soit toujours prête à recevoir le fouet et je la livrerai à la brutalité de nos passions »
*
Quel plaisir subtil que de se détendre dans un bain chaud aux essences parfumées !
Cette visite chez les Niarchos m’avait mise dans tous mes états.
Et puis cette invitation à une soirée masquée avec une centaine de pervers !
Quelle folie !
– Tu as fait très forte impression.
Je suis fier d’avoir une maîtresse si désirable.
J’ai un cadeau pour toi, je te le donne si tu me promets d’abord de ne rien me refuser demain soir.
– Parlons-en de demain soir !
Je ne te dis pas le désarroi que m’inspirent ses dernières propositions
Avec ses allusions à peine voilées, il m’agace, ton partenaire.
Oh, rien de précis, rien d’explicite, un chef d’uvre d’insinuation.
Il veut m’humilier jusque dans l’exercice de ma profession.
Tu as tort de comploter avec cet individu.
Il est malin comme un singe et presque aussi laid.
Et tu veux après cela que je minimise le résultat de mes fouilles.
Il ne croira jamais, ni à mes mensonges ni à ma sincérité.
Par quelle lâcheté ai-je accepté de travailler pour cet amateur de jeunes fentes bien tendues ?
Cet homme est un danger public.
Flo m’a montré dans sa villa un tableau de contrôle digne d’un Boeing relié à un système de sécurité très sophistiqué qu’il était le seul à pouvoir commander.
On n’installe pas ce genre de système quand on n’a rien à se reprocher.
Je l’ai bien observé pendant qu’il molestait les fesses de sa femme.
Il fait partie de ces gens qui croient que tout leur est permis puisqu’ils en paient le prix.
Et sa femme, sans doute, est aussi cruelle que lui…et puis, cette façon sournoise de passer du tu ou vous dans la même conversation mhorripile
– Tu as fini ton petit monologue ?
Tu ne paraissais pas si réticente tout à l’heure avec Flo.
– Avec elle, je me suis mise en scène sans le vouloir vraiment.
– Ils ne t’ont pas encore brutalisée à ce que je sache !
– Les fauves les plus dangereux ne se jettent pas de suite sur vous pour vous dévorer. Ils le font quand ils savent que vous ne pouvez plus leur échapper.
– Shana, nous nous étions fait la promesse inviolable et mutuelle de ne jamais
manquer une occasion de se livrer à tous les excès sans remords.
Je vois cette opportunité comme une suite logique de ton ascension débordante de soumission.
Tu n’avais qu’à refuser son invitation si ele te faisait si peur.
Il est trop tard maintenant pour rebrousser chemin.
– En acceptant son invitation je ne me doutais pas que j’abandonnais tous mes droits et que je faisais don de ma personne.
Un peu par dépit, mais aussi un peu par défi, javais stupidement accepté l’inacceptable.
– Il n’a pas d’autres sujets de conversation que la gaudriole, ce Niarchos ?
– Là, tu te trompes lourdement.
Nous avons parlé tennis un bon moment.
Shana se mit à rire.
– S’il traite ses balles de tennis comme le corps des femmes
Il employa des raisons si persuasives, que je ne me fis plus trop tirer l’oreille.
– Je voudrais tellement te voir faire des choses impossibles.
Je me sentirais coupable de t’avoir conduite sur cette île pour te procurer un plaisir banal.
Tu en as envie aussi mais tu ne l’admets pas.
Tu étais pourtant prête à aller au diable non ?
Rien ne te retient, tu sais, tu peux toujours me quitter si tu veux, mais sûrement j’en mourrai.
Il venait d’utiliser son argument choc.
Après tout, l’expérience m’aiderait peut-être à y voir plus clair en moi-même.
– Arrête !
Ne suis-je pas toute à toi ?
Je ferai tout ce que tu veux mais je suis trop éreintée pour me quereller avec toi ce soir.
– Alors, tu l’acceptes mon cadeau !
J’ouvris la petite boîte à malice.
– C’est très joli, ça sert à quoi ?
– C’est la meilleure façon que j’ai trouvée d’entretenir ta folie érotique quand je serai absent. C’est un petit bijou que tu fixera avec une petite pincette sur le capuchon du clitoris et qui te taquinera juste là où il faut à chacun de tes pas.
Tu verras, dès que tu l’auras agrafé, il te mettra instantanément en condition.
Ensuite, l’incendie couvera gentiment entre tes cuisses et te rendra ainsi perpétuellement accueillante.
Un simple attouchement du clitoris suffira à t’affoler.
Je voudrais que tu le portes demain pour qu’il soit vu de l’univers entier.
Je suis curieux d’observer les réactions des invités de Zakis quand ils découvriront ce bijou coquin.
Incorrigible Eric !