— Allons-nous coucher, la journée sera rude demain !
Tu feras connaissance avec l’équipe que j’ai recrutée pour t’aider dans ton travail.
Pascal la dirigera.
Tu te souviens de Pascal?
Mais si ! Souviens-toi, il m’accompagnait le soir où nous sommes rencontrés.
Mon seul désir était d’oublier le menu incident de tout à l’heure.
A peine installée dans le lit, mon Eric se déchaîne.
Il me prend debout, assise, couchée, accroupie, sur le côté, en levrette.
Il me fait le coup de la brouette de Zanzibar, la trouée de Verdun, le massage interdit, le coup du chinois.
– Alors, heureuse?
– Mouais! Bof!
– Demain, je dois rencontrer quelques sous-traitants qui soumissionnent pour la logistique du chantier.
Mais je serai de retour vers 20 h pour t’accompagner à la soirée.
Tâche d’être prête quand je rentrerai.
Ensuite, je devrai m’absenter pour deux jours.
Tu devras voler de tes propres ailes.
Je n’étais pas en position de lui faire le reproche d’une trop longue absence. Pour tout dire, je n’étais pas fière de moi.
*
Impossible de vous conter tout ce qui me passa par la tête la nuit suivante.
Au petit matin, j’ai pris une décision du genre catastrophe.
Il n’y avait plus d’autre issue que la fuitela fuite en avant.
J’irai jusqu’au bout même si j’en crève et même si mon sixième sens me prévenait que je venais de tomber dans le traquenard parfait.
*
Je me suis réveillée dès l’aube.
Eric était déjà parti, sans même dire au revoir.
L’ouverture de ma valise me révéla toute l’immensité du vide sidéral.
Trop pressée de rejoindre mon fantomatique amant, je n’avais vraiment emporté que le strict minimum dans mes bagages.
Il allait de soi que je ne m’étais évidemment pas encombrée de robe de soirée mais, pauvre idiote, je n’avais même pas pensé une seule seconde qu’il me faudrait des habits de travail.
Un seul menu à la carte : T-shirt et short !
J’avais choisi mes shorts deux tailles en-dessous pour qu’ils me moulent comme une seconde peau.
Quant à mes T-shirt, ils étaient plus conçus pour se faire peloter que pour faire du terrassement.
Un coup d’il au miroir
– Tu sais que je t’aime, toi.
Mon buste, exhibant ses pointes orgueilleusement saillantes sous mon caraco tendu à craquer, était plus quindécent et mériterait d’être châtié d’autant d’immodestie.
Ce petit short que je mettais pour la première fois me faisait des cuisses incroyablement sexy avec ses fentes bien hautes sur les côtés.
La pendule me rappela à l’ordre.
Dépêche-toi ma jolie, tu vas être en retard !
Le ventre à l’air, je descendis les marches quatre à quatre.
*
Pascal m’attendait déjà au pied de la tour.
— Bonjour, mademoiselle, vous vous souvenez de moi ?
— Bien sur !(Pas du tout, en fait), vous êtes l’ami d’Eric et son chef de chantier.
– Je suppose que vous êtes impatiente de faire connaissance avec l’équipe.
Je n’eus aucune difficulté à lire dans les yeux de mon interlocuteur la vive convoitise que je lui inspirais.
Tout en parlant, il contemplait ostensiblement mon bas-ventre de ses yeux écarquillés.
Il était si insistant que j’avais la sensation de recevoir une petite décharge électrique en plein pubis
– Si vous le permettez, mademoiselle, je voudrais vous faire remarquer que vous êtes certes jeune et très mignonne mais ne craignez-vous pas de faire trop fantasmer nos employés dans cette tenue ?
Ils travaillent ici depuis trois mois. Ce ne sont que des hommes. Depuis leur arrivée, ils n’ont pas encore eu l’occasion d’approcher la moindre femme.
Je devins rouge jusqu’à la racine des cheveux mais je ne me laissai pas démonter pour autant.
Ma large ceinture serrait ma taille à l’excès, faisant du même coup rebondir ma croupe. Gênant mais moins grave que la façon dont elle forçait le tissu du short à s’insinuer dans mes reliefs vulvaires et fessiers.
– Vous savez, lui dis-je à l’oreille sur un ton de conspiratrice, je n’ai rien sous mon short fendu, pas même de poils. Mon ventre est aussi lisse et aussi doux que celui d’un bébé.
– Je vois, je vois même très bien.
– Si vous voulez tout savoir, cette conscience aiguë de mon obscénité me procure des sensations absolument délirantes.
Je fanfaronnais pour me donner consistance mais, pour la première fois de ma vie, j’éprouvais la sensation pénible que ma fantasque et perverse indécence vestimentaire pouvait, en certaines circonstances, être pire que la nudité.
— Vous direz à vos hommes qu’ils devront s’y faire car je n’ai rien d’autre à me mettre.
Il faudra composer, Pascalc’est ça ou le string
– Comme vous voudrez, mademoiselle !
Ensuite, si les présentations ne vous accaparent pas trop longtemps, je me propose de vous emmener admirer les premières pièces que ce sol ingrat nous a livrées.
Depuis tout un temps, un petit Cesna nous survolait à basse altitude en tractant une banderole publicitaire pour un soda.
Ca, Eric ne l’avait pas prévu non plus.
De toute façon, je ne pourrais pas vivre avec un homme qui prévoit tout.
– Pascal, je ne sais pas ce que tu en penses, mais je ne suis pas absolument convaincue de la portée du message sur cette île quasi déserte.
– Oui, c’est bizarre, depuis une semaine, il nous survole plusieurs fois par jour.
*
Alignés en rang d’oignons, mes mercenaires attendaient leur leader.
J’eus d’emblée la sensation pas trop désagréable, ma foi, d’être jaugée, appréciée, dénudée voire désirée.
La plupart des ouvriers étaient d’origine turque, ce qui ne faciliterait pas la communication.
La plupart, dis-je, car un jeune homme de type anglo-saxon s’intéressait plus à mes fesses moulées par le short minimaliste qu’à la profondeur légendaire de mon regard.
– Mademoiselle Shana very exciting ce petit short qui souligne si gaiement la ligne de vos fesses !
– Et celui-là, il fait aussi partie de l’équipe, Pascal ?
– Oui ! Bien sûr ! Il nous a même été chaudement recommandé par Niarchos.
– Ce n’était pas la peine de me le dire, je l’avais deviné.
Toute la troupe est-elle là ?
Je ne vois que six hommes et Sakis m’en avait promis dix !
– Les autres sont dans la tour occupés à installer votre laboratoire qui est arrivé cette nuit, mademoiselle !
Etonnant! Niarchos respectait à la lettre ses engagements, avec en bonus une surveillance assez peu discrète sur le terrain et dans les airs.
Pascal, très excité, me conduisit ensuite au baraquement où étaient rassemblés tous les objets remontés à la surface.
– Vous me rappellerez de vous confier un double de la clé du coffre.
Ainsi nous serons deux à la détenir.
– C’est une sage précaution, Pascal.
Il ouvrit la porte du bahut métallique en s’assurant que personne ne nous observait.
– Je vous préviens, vous allez avoir un choc !
Attendez, je vais vous la déballer !