Environ une semaine s’était écoulée, et alors que je travaillais activement sur mon PC pour un projet qui devait être « bouclé pour hier », selon les éternels termes de notre cher directeur, j’entendis frapper à la porte de mon bureau.
Entrez ! dis-je, les yeux sur l’écran, toujours concentrée sur mon travail.
La porte s’ouvrit et un coursier portant un paquet fit son apparition.
Bonjour, Madame, je cherche le bureau de Mademoiselle… Salomé H., déclara-t-il en vérifiant le nom sur le colis.
C’est bien moi, l’informai-je.
Tenez, alors.
Il me tendit alors un paquet de taille plutôt moyenne qui se révéla très léger, me fit signer le reçu, et s’en alla aussi rapidement qu’il était venu, en me souhaitant une bonne journée. Une petite pause s’imposait pour découvrir le contenu de cette livraison quelque peu inattendue.
Il ne me semblait pas avoir fait de commandes récemment ; et visiblement, ce n’était pas d’ordre professionnel, car ce n’est pas moi qui fais ce genre de réception. Alors, qu’est ce que ça pouvait être, bon sang ?
J’eus rapidement la réponse en l’ouvrant : je découvris, soigneusement emballé, un magnifique body rouge en dentelle presque transparent, et de ma taille qui plus est. Je cachai rapidement cette superbe lingerie, à la fois gênée et surprise. Un petit mot qui l’accompagnait était tombé à terre ; je le ramassai et pus lire ceci : « J’espère que ce petit cadeau te fera plaisir ; c’est pour te remercier de ta charmante surprise de l’autre soir. J’ai hâte de renouveler l’expérience. Signé : F. »
Un sourire se dessina sur mon visage ; j’étais rêveuse. Je décidai de lui envoyer un SMS pour le remercier ; un SMS codé, au cas où sa copine fouillerait dans son portable, sait-on jamais…
« J’ai bien reçu le dossier rouge ; je l’étudierai à notre prochaine réunion. »
« La prochaine pourrait avoir lieu ce soir ; ça vous convient ? »
« Bon, puisqu’il le faut, je serais présente. Mais les heures supplémentaires coûtent cher : faites attention. »
« Est ce que 20 h, ça irait ? »
« Bon, d’accord. Jattendrai comme la dernière fois, comme d’habitude. »
Je soupirai de satisfaction. Pourquoi, depuis ce fameux dîner, chaque fois que je le voyais, mon cur battait la chamade ? Je pensais à lui sans vraiment le vouloir. Chaque fois qu’il m’embrassait, qu’il me touchait ou simplement me parlait, les papillonnements reprenaient dans mon ventre.
Je me mis une petite gifle mentale. « Il a une copine, ma grande, arrête de rêver ! » me dis-je. « Et toi, tu es fiancée, rappelle-toi ! Tu n’as pas à avoir ce genre de pensées. »
La journée se termina bien lentement ; j’avais hâte qu’elle se termine. Le soir venu, je me préparai pour mon invité. Le body m’allait comme un gant ; il épousait mon corps comme une seconde peau, et imaginer l’effet qu’il pourra avoir sur Frantz me rendit toute chose. Tout à coup, une idée me traversa l’esprit : quelle serait sa réaction si je me caressais devant lui avec mon vibromasseur ? Je trouvais l’idée fort excitante
Cest à ce moment-là que la sonnette retentit.
Surprise, je regardai l’heure sur mon téléphone : il indiquait 19 h 11. C’était étrange, car il aurait presquune heure d’avance si c’était lui. C’était un peu inattendu, mais ça m’arrangeait bien, après tout. Je regardai quand même à travers le judas pour savoir de qui il s’agissait, et quelle ne fut pas ma surprise de voir Denis, mon fiancé, un brun denviron 1,80 m, 84 kilos, sportif, habillé d’un jean, d’un tee-shirt et d’une veste en jean.
Je… Oui, j’arrive ! Une minute ! dis-je.
C’était une véritable catastrophe ! J’étais heureuse de le voir, ce nétait pas le problème, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il débarque ; pas ce soir, et surtout pas maintenant. Le temps pressait, et je devais coûte que coûte annuler mon rencart par SMS.
« Urgent ! Réunion finalement annulée, toutes mes excuses. »
« Entendu. Un problème ? »
« J’en parlerai demain. Bonne soirée, et excusez-moi encore. »
Bon, ben, finalement, mon plan ne tombait pas trop à l’eau, d’une certaine manière. J’ouvris la porte de la même manière que je l’avais fait avec Frantz. J’étais curieuse de voir l’effet que ça aurait sur Denis.
Bonsoir, vous murmurai-je sensuellement en levant un sourcil.
Bonsoir, ma puce, me dit-il en entrant et en m’embrassant rapidement. Navré pour mon absence, j’avais beaucoup trop de… Eh, mais c’est quoi, ça ? m’interrogea-t-il en se retournant, remarquant enfin ma tenue.
Ça, c’est un cadeau de ma sur, mentis-je effrontément. Ça te plaît ? lui demandai-je en refermant la porte. Je savais que tu viendrais ce soir, et j’ai simplement voulu pimenter nos rapports. Tu n’arrêtes pas de me le demander.
Ça te va bien ; t’es mignonne, j’avoue ! Mais comment tu savais que je viendrais ? Moi qui voulais te faire une surprise…
Gros bêta, tu n’as donc jamais entendu parler de l’intuition féminine ? Allez, assieds-toi : j’ai une surprise pour toi ! dis-je en le poussant sur le canapé sans qu’il n’ait eu le temps d’esquisser un geste.
Je m’éclipsai dans ma chambre. Son manque d’enthousiasme me laissait une désagréable impression, mais avec ce que je préparais, il nallait sûrement pas rester de marbre, loin s’en fallait. Je m’allongeai sur mon lit de façon sensuelle, écartai les cuisses sans retenue, pris mon vibromasseur, le réglai sur la vitesse 2 (sur les trois proposées) et commençai à le passer sur mon corps.
J’entendais Denis me poser des questions et attendre les réponses, mais je ne répondis à aucune, étant donné que je n’y prêtais nullement attention : j’avais d’autres projets pour ce soir que de perdre mon temps à ces broutilles.
Je guettais de mes yeux mi-clos l’embrasure de la porte pour savoir quand il se déciderait à me rejoindre, laissant échapper quelques soupirs et gémissements de plaisir afin de le faire venir plus vite, ce qu’il se décida à faire, enfin. Je promenais mon vibromasseur d’une façon sensuelle et provocante en prenant une voix aguicheuse en le regardant, lui qui restait immobile dans l’embrasure de la porte.
Est-ce que ca te plaît ce que tu vois, mon chéri ? Est-ce que je t’ai manquée ? Est-ce que mon corps t’a manqué ? demandai-je en suçant mon index, mimant une fellation tout en le regardant d’un air aguicheur. Comme j’aimerais sentir ta belle queue chaude et palpitante, mon amour…
Il me regardait de façon impassible. Je décidai de le provoquer davantage.
Et mon body, tu le trouves comment ? Tu le trouves joli ? Tu aimerais sentir la douce moiteur de ma petite chatte qui t’aime tant ? demandai-je en promenant mon vibro sur mon clito.
Il me regardait toujours sans broncher.
Hmmmm… Comme j’ai faim de ta bite, mon cur ! Tu voudrais bien me la donner à sucer ? Si tu savais comme j’ai faim de te montrer à quel point j’ai envie de toi ! Hmmmm… Et toi, est-ce que tu as faim de mon petit berlingot fruité qui n’attend que toi ? Allez, viens, ne me fais pas attendre.
Mon plaisir montait, à m’exhiber ainsi devant lui, mais lui restait imperturbable. Je commençais à perdre patience ; n’importe quel mec se serait jeté sur moi pour me prendre comme un homme digne de ce nom.
Écoute, Salomé, à quoi tu joues, là ? On peut savoir ce qui te prend ? me demanda-t-il calmement.
J’ai simplement envie de te montrer à quel point tu m’as manqué, mon bébé. Hmmmm… J’ai besoin de toi, je veux sentir ton corps contre le mien. Viens vite, s’il te plaît… soufflai-je, presque suppliante.
Non, tu ne me fais pas le moindre effet. On dirait une espèce de pute, là !
QUOI ? hurlai-je.
Ces mots eurent pour effet de me déstabiliser. Ils ont coupé non seulement mon plaisir, mais aussi mon désir. J’arrêtai mes caresses. La colère s’empara alors de moi et je me levai d’un bond en lâchant mon jouet vibrant.
Non, mais, tu t’es vue ? J’ai presque honte pour toi. Même la dernière des nymphomanes ne se comporterait pas comme tu le fais en ce moment.
Attends, tu te fous de ma gueule ? C’est toi qui me dis toujours que tu aimerais que je mette un peu de piment dans notre couple, déclarai-je, furieuse. C’est toi qui me demandes toujours de faire ci ou ça, et maintenant que je veux innover un peu, je me faire traiter de quoi ? De pute ? Ça fait quand même deux fois que tu me balances une insulte de ce type, Denis. Tu ne comprends donc pas que tu me manques, et que je ne sais plus quoi faire pour te faire comprendre que je t’aime et que je veux que tu me baises ? Ça fait combien de temps que tu ne m’as pas enfilée comme au début de notre relation, hein ? Mais, putain, je suis ta fiancée, oui ou merde ? lui criai-je, au bord des larmes.
Oui, mais ce que tu fais, c’est trop. Bon, écoute, je suis désolé, j’aurais pas dû dire ça. Je crois que je ferais mieux de m’en aller.
C’est ça, casse-toi ! Va te branler et fous-moi la paix ! hurlai-je, hors de moi.
Il sortit de l’appartement et je verrouillai derrière lui, furieuse. Je l’entendis descendre les escaliers en vitesse. Derrière la porte où je m’étais adossée, je me laissai aller dans un terrible sanglot ; je ne m’étais jamais sentie aussi nulle. Avec Frantz, je serais déjà passée à la casserole.
Mon portable sonna ; je décidai de décrocher, espérant intérieurement que ce fût Denis qui me suppliait de lui pardonner : mais c’était le nom d’Anna qui s’affichait.
Allô, Anna ? dis-je, en pleurs.
Salomé, tu… Mais tu pleures ? s’inquiéta-t-elle. Qu’est ce qui se passe ?
C’est Denis… Il… il m’a…
Attends : d’abord, tu vas te calmer, respirer un bon coup, et ensuite tu vas me dire ce qui se passe.
Je lui racontai les détails de ma mésaventure, sans oublier l’épisode du body et du vibromasseur.
Putain, mais je vais me le faire, ce salopard ! hurla-t-elle. Si j’ai bien pigé, tu portais de la lingerie coquine, tu te caressais devant lui, tu l’invitais à te rejoindre, et tu t’es fait insulter ? m’interrogea-t-elle. Cette fois, c’est officiel : il est irrécupérable, ce con ! Faut vraiment qu’il s’achète une bite et un cerveau !
Je fais quoi, selon toi ?
Tu fais quoi ? Mais la solution est pourtant logique, ma belle. Suis ton plan d’origine : invite ton collègue à une partie de baise dont il se souviendra. Tu lui fais le même numéro, et on va voir sil reste de marbre ou sil t’insulte comme l’autre l’a fait.
C’est ce que je voulais faire dès le début, mais Denis a débarqué sans prévenir.
Celui-là, je le hais de plus en plus !
Merci pour tes conseils ; ça va déjà mieux la rassurai-je.
Je suis aussi là pour ça, Salomé. Courage ! Passe ce week-end ; au fait, tu sais que la porte est toujours ouverte ?
OK, je pense que ça me fera du bien, en effet. Bisous.
Bisous.
Je raccrochai, me mis à table sans me changer et passai la soirée seule à regarder la télé.
Une suite ?