30 JUIN
Depuis 4 jours, je travaille. Le matin et le soir. J’ai décidé de prendre le rythme d’ici, le plus adapté au climat : je me lève tôt, même si je me couche tard, et je dors l’après-midi. J’éprouve un réel plaisir à me replonger dans toutes ces notes, ces textes, tout ce travail. J’ai vraiment envie d’y arriver, cette fois-ci. Huit ans, huit ans que j’ai commencé cette thèse, sans jamais réussir à aboutir. Toujours envie de creuser encore un peu, repartir dans les recherches, changer de plan. Et puis Michel, qui n’est jamais complètement convaincu par mes idées… Michel. Mon directeur de thèse. Exigeant. Il dit qu’il veut que ma thèse soit vraiment marquante, qu’elle fasse date. Qu’elle m’ouvre de grandes portes… Qu’elle ne peut pas être médiocre, je vaux mieux que ça. Mais en attendant, depuis huit ans, je galère… Je vivote. Entre les quelques TD qu’il me confie à la fac d’histoire de l’art, mes cours particuliers d’arts plastiques, du soutien scolaire.
Michel. Une pointure, un professeur brillant, reconnu. Son influence est énorme. Il m’a tout de suite subjuguée. J’ai fait tout ce qu’il m’a conseillé. J’ai fouillé dans les archives, les correspondances… Je suis partie en Suisse, en Italie, un nombre incalculable de fois. Et cette fois, à Florence, où il m’a accompagnée à ce colloque, il y a six ans… Six ans. Six ans que nous sommes amants. Que j’attends. Mais je sais très bien qu’il ne sera jamais totalement à moi. Il n’osera pas. Il a trop à perdre. Frédérique est puissante…
Je suis son étudiante. Sa thésarde. Il me baise. Au moins, il le fait bien, rien à dire… Avec lui j’ai appris à jouir, à me lâcher… Il me fait ce que personne d’autre n’a jamais fait. Il fait de moi ce qu’il veut. Je suis son jouet. Il me ballade… Je suis dépendante. Totalement. Intellectuellement. Amoureusement. Sexuellement. Combien de fois m’a-t-on dit de m’en éloigner, qu’il est toxique, qu’il me fait du mal ? Combien de fois nous sommes-nous disputés, l’ai-je quitté… quelques jours ? Je n’y arrive pas. Il me rend folle. Je suis à lui.
Pourtant, il m’a encouragée à venir ici. Il dit que je vais y arriver, que je suis mûre, et que je vais faire une grande thèse. Deux mois. Deux mois de travail pour en finir ! En finir !
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2 JUILLET
Il a fait tellement chaud hier ! 36 degrés. Comme les jours précédents, j’ai passé une bonne partie de la journée cachée à l’intérieur de la maison, à demi nue, errant entre la table de la cuisine transformée en bureau et le lit où je sommeillais. J’ai presque fini de relire toutes mes notes, mes documents les plus importants. Le soir, j’ai enfin réussi à me mettre à écrire un peu. Dans tout ce fouillis, je pense avoir retrouvé un nouveau plan qui tienne la route.
J’ai dormi quelques heures, il est presque 7 heures du matin. Je suis montée derrière la maison pour capter un signal de téléphone et pouvoir envoyer mon nouveau plan à Michel. J’espère qu’il me répondra vite. J’ai dû marcher un bon kilomètre, en suivant la route. Je regarde la mer, en contrebas. Elle me fait face, me nargue, m’appelle. J’aimerais tant nager à nouveau… J’aperçois la petite crique. En marchant sur la route, je suis allée bien au-delà de cette anse. Un chemin a l’air de descendre vers la falaise ici aussi. Je décide de l’emprunter et de rejoindre la maison par le sentier côtier. Au bout de vingt minutes, j’arrive à la hauteur de la crique, sur la rive opposée à la maison, que j’aperçois au loin. Je regarde l’eau limpide, les fonds envoutants, la petite plage de marbre dans le creux de la falaise, tout au fond… Depuis l’autre jour je n’ai pas osé me lancer à nouveau seule dans l’escalade de ce mur blanc. J’avais bien réussi à remonter seule, mais c’est plus facile que la descente.
Mais elle est là, l’eau brillante dans la lumière matinale… Il va faire si chaud… J’aimerais tant m’y plonger, me délasser, oublier… J’avance jusqu’au débouché de la voie d’escalade. J’en ai trop envie. Je décide d’y aller. Je retire mes chaussures. Je m’engage dans la descente. Le début est facile. Cette fois-ci j’ai bien retenu le cheminement, je quitte la faille à temps. Le bas du parcours est plus difficile, mais finalement je ne m’en sors pas trop mal, mon pied cherche parfois longtemps son nouveau point d’appui mais je finis par atteindre le rocher. Bravo ma vieille, tu n’es pas encore trop rouillée ! Je saute et me réceptionne sans tomber. Ouille ! Mes pauvres pieds !
Je me retrouve au bord de l’eau. Je réalise qu’en sortant ce matin je n’avais nullement l’intention de me baigner et je n’ai pas pris mon maillot ! Je suis simplement vêtue d’un body et d’un short, sur ma culotte de coton. Tant pis. Maintenant que je suis ici… De toute façon, à cette heure-ci, il n’y aura personne. Je me déshabille, garde seulement ma culotte, et plonge. L’eau est parfaite, à la même température que l’air. Je suis bonne nageuse, je décide d’explorer la crique. Je la traverse, m’éloigne un peu vers le large, fais le tour de quelques rochers, plonge. Entre les algues, j’aperçois des oursins, des étoiles de mer, un ou deux crabes, je croise quelques poissons. C’est fabuleux. Je me rapproche du fond de la crique. Je reste flotter de longues minutes sur le dos. Puis je décide de rejoindre la plateforme sous la falaise. Je me hisse sur le rocher de marbre et m’assois, face à la mer. Je réalise que, mouillée, ma culotte blanche laisse totalement transparaître ma peau… Et la toison de mon entrejambe. Evidemment ! Quelle sotte ! J’étais tellement pressée de nager, j’ai oublié ce petit principe physique ! Heureusement qu’il n’y avait personne. J’aurais pu tout autant y aller nue ! D’ailleurs…
Je plonge. Je suis nue. J’ai abandonné mon dernier vêtement sur le marbre blanc. Je plonge, je flotte, je tourne sur moi-même, je virevolte dans l’eau limpide. Je me confonds avec la mer, je la sens tout autour de moi, plus fortement que jamais. C’est fou comme ce seul petit morceau de tissu change tout… Je reste de longues minutes. L’eau passe entre mes jambes, caresse mes fesses, traverse ma toison, pénètre ma conque secrète… Je suis seule, nue, dans la mer. Cette crique de rêve m’appartient.
Le soleil monte de plus en plus, l’ombre portée de la falaise diminue, je me baigne dans la lumière blanche, je sens sa chaleur à la surface de l’eau. Enfin, je rejoins à nouveau la plateforme. Je m’allonge sur le ventre sur le rocher déjà chaud. Le soleil me sèche en quelques minutes. Il n’est pas encore trop violent, je peux me permettre de rester un peu ainsi, malgré ma peau blanche. J’ai rarement fait du naturisme et je n’ai jamais osé le faire en public, à part un peu de bronzage seins nus. Cette sensation… Se sentir si libre, dans la chaleur, sentir la brise légère jusque dans mes plis les plus intimes… Aucune entrave. Juste moi, la mer, le soleil, le vent, le rocher… Pas de honte, plus de complexes… Mes belles cuisses, mes fesses épanouies, mes poignées d’amour, mes coquins capitons… Je les dévoile, entièrement, au seul regard d’Hélios. Il les caresse, les embrasse, les chérit… Maintenant, au tour de mes seins, mon ventre… mon minou…
Je me retourne et m’allonge sur le dos, la tête tournée vers la mer, sur le côté. Je regarde vers la falaise, le rocher où j’ai atterri. Je suis éblouie, je distingue à peine… Adonis ! Il est là ! Il me tourne le dos. Il pêche, il remonte son panier ! A toute vitesse je saisis ma culotte et l’enfile. Je me rallonge sur le ventre, lui faisant toujours face, le guettant tout en restant couchée. Mince ! Depuis quand est-il là ? Il m’a sûrement vue nue, au moins en descendant ! Peut-être aussi quand je nageais ? Oh… J’ai honte ! Mon corps si imparfait, trop en chair, ma peau si blanche de Parisienne. Mon intimité… Les dévoiler ainsi, à ce garçon… Comment vais-je pouvoir le croiser à nouveau sans mourir de honte ?
Mais c’était un accident. Et il n’a sûrement pas vu grand-chose. De toute façon je ne pouvais pas savoir… Ce n’est pas comme si je m’exhibais. C’était involontaire…
Le garçon a fini de relever son filet. Il en sort à nouveau cinq ou six poissons, qui rejoignent sa besace. Il se retourne, regarde vers moi. Nos regards se croisent. Il ne bouge pas, puis me fait signe. Je lui rends son salut. Sans me relever. Il reste immobile quelques instants. Il a l’air d’hésiter. Il ne va quand même pas venir jusqu’à moi ? Il est en maillot de bain, il avait peut-être l’intention de plonger pour pêcher ? Non. Finalement il se retourne vers la falaise. Je le regarde grimper. Vite. Tellement agile, fin. Grâce et puissance… Il est si beau !
Il atteint bientôt le sommet et disparaît sur le chemin. J’ai chaud. Mon cur bat la chamade. Quelle tension ! Et s’il m’avait vu, finalement ? Oui, c’est sûr… Adonis. Il m’a vue nue… Je réalise que depuis quelques instants, mon bas-ventre s’agite presque imperceptiblement, frotte subtilement contre le rocher. Mon entrejambe s’est humidifiée…
D’un bond, je me relève, et je plonge. Je nage. Je nage dans la crique, en crawl, vers le large. Je m’éloigne, je vais vite, sans m’arrêter, j’atteins l’ouverture de la crique. J’hésite. Enfin, je me retourne. Je fais la planche. Adonis est encore là-haut, c’est sûr. Je n’ose pas regarder. Mais lui me voit, oui, pourvu qu’il me voie ! Seins nus, avec cette culotte qui ne cache plus rien… Je reste sur le dos, les yeux fermés. Longtemps. Enfin, je reprends le crawl et rejoins le rocher du pêcheur.
Mes vêtements m’attendent. Sur la falaise derrière moi, plus de trace d’Adonis. 9 heures. Il est temps que je rejoigne la maison. Je retire ma culotte mouillée et passe directement mon short et mon body. J’entreprends ma remontée.
Je suis le chemin. J’arrive bientôt à la maison. Je me dirige vers la douche extérieure. Trois murs blancs forment une sorte de petite cabine, sans toit, accolée au pignon ouest de la maison. Le côté tourné vers l’avant de la maison est à moitié ouvert, laissant le passage. Apparemment, il y avait un rideau autrefois. L’eau est fraiche. Après l’effort de l’escalade en plein soleil, puis la marche, c’est un bonheur. Je la laisse couler sur mon corps. Je me savonne. Adonis… il m’a vue nue, c’est sûr… M’a-t-il trouvée belle, malgré tous mes défauts ? Suis-je encore capable de séduire un si beau jeune homme ? Tout à l’heure il doit revenir, c’est jour de marché. Je ferme les yeux, l’eau coule sur mon visage. Mes mains s’attardent sur mes seins, ma poitrine généreuse, mes tétons pointés, sensibles… mon petit ventre… mon pubis, ma toison bien taillée… mon entrejambe… La douche dure longtemps. Enfin je sors et me dirige, nue, vers la maison. Je devrais me mettre au travail, mais le bain, l’escalade, m’ont épuisée…
Adonis… Il nage. Il nage près de moi. Nous sommes nus tous les deux, dans la crique. Il est magnifique. Ses muscles fins et puissants dessinent les contours de son corps sec, bronzé. Il se déploie, se meut tellement gracieusement, dans l’eau comme sur la falaise. Nous plongeons ensemble, il me montre comment pêcher les oursins, dénicher les crabes. Nos membres, nos corps, se frôlent, s’emmêlent parfois… Nous sommes si bien. Plus de honte. Seulement l’insouciance et l’intense plaisir de cette union avec la mer, le soleil, le vent. Il voit mes seins, les collines blanches de mon postérieur, la fente touffue de mon entrejambe. Je vois ses fesses de jeune athlète, étroites et puissantes, galbées, son sexe replié au cur de sa toison noire. Il est sublime. Nos corps se rapprochent, se suivent, se mêlent de plus en plus près, dans une danse d’un érotisme intense. Nos jambes s’entrecroisent. Nos bustes se serrent. Sa bouche rencontre la mienne. Nous fusionnons. Ses lèvres enjôleuses, charnues, féminines… Sa langue lente et forte… Ses mains sur mon dos, mes fesses… Mes jambes l’enserrent. Je sens son sexe contre ma faille… Il se dresse… Sa belle verge tendue… fine… élancée, comme lui. Elle lutine furtivement mon entrecuisse, cherche son chemin. L’eau nous porte, nous éloigne, nous rapproche… Il s’est appuyé à un rocher. Enfin, je le sens dans mon vestibule. Il entre, il arrive… Adonis. Le bel Adonis. Il est en moi, il me prend, je suis à lui, je lui donne ma chatte, mon ventre, mes seins, ma bouche, mon corps… Il me baise… Je sens son sexe qui m’emplit. Il me parcourt. Je gémis.
Je suis nue sur mon lit. Ma main court entre mes jambes, mes doigts dans mon vagin, je me pénètre, me fouille, ressors, titille mon clitoris, de plus en plus vite. Le plaisir monte. Mon bouton dressé… mes seins gonflés, tendus… Ma chatte inondée… Je jouis. Je jouis. L’orgasme me prend, me secoue, me transperce. Je retombe.
Je me réveille. Il est midi. J’ai dormi toute la matinée. Mon corps sent le sexe. Ma main…
Adonis…
Je me lève. Je passe une culotte et sors sur la terrasse.
Il est venu ! Les courses du marché sont là, sur la table. Il est passé, pendant mon sommeil… Il était là, à quelques mètres de moi, qui le baisais… La porte entrouverte… Et… s’il était entré ?
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4 JUILLET
J’en étais sûre ! Ce connard de Michel a encore descendu mon nouveau plan… C’est toujours la même chose ! Il m’encourage, je suis formidable, mais bien sûr je vais y arriver, c’est un sujet original, il n’y a que moi pour le traiter vraiment à fond… Mais finalement, dès que j’avance dans le concret et propose un texte, un plan, ce n’est jamais bien. Oh bien sûr, il sait y mettre les formes, je ne suis pas loin, encore un peu de travail, reprendre mes notes… Et y passer encore 10 ans ! Le vrai problème, je le sais, c’est qu’il n’a jamais cru à mon point de vue. Marino Marini n’a pas vraiment influencé Giacometti, ni l’inverse. Ils se sont fréquentés, longuement, mais ils ont divergé, pas convergé… Mais moi, je pense qu’il y a vraiment eu un échange et une influence, dans les deux sens, jusqu’au bout. Même s’ils ont ensuite emprunté des directions apparemment différentes. Je ne lâcherai pas, quoi qu’il dise. C’est mon avis, j’ai des arguments, c’est incontestable ! Ce n’est pas à lui de décider ! Il doit m’aider, me guider, mais pas imposer ses idées ! Pour qui il se prend ? Parce qu’il me baise il pense qu’il peut aussi diriger mon esprit ? Que je ne peux pas penser sans lui, contre lui ? Oui, ta bite, tu me la mets dans tous les trous ! Mais c’est parce que je le veux bien connard ! Et là, crois-moi, t’es pas prêt de t’approcher à nouveau de mon cul ! Et mon plan, je le garde !
J’arrive à la crique, j’ai marché à grands pas depuis la butte où j’ai capté le message de cet enfoiré de Michel. Je suis tellement énervée… La mer. Je reste debout, sur la falaise. Un léger vent, frais, passe sur mon visage, fait danser ma chevelure brune. Je respire. Je me calme, petit à petit. J’en ai rien à foutre de ce mec… S’il le faut, je trouverai un autre directeur de thèse… Je suis là. Sur cette île. Face à cette crique paradisiaque. Le vent me caresse. Il est 6h30. Le soleil s’élève doucement.
Je descends.
Je connais cette falaise, maintenant. Je me souviens des prises. Mes pieds n’hésitent presque plus. Je m’accroche, écarte les jambes, les bras, j’ose me détacher de plus en plus de la paroi pour accrocher la prise suivante. Comme Adonis… Il n’est pas là. Viendra-t-il ? J’ai l’impression qu’il vient tous les matins relever sa pêche du jour, et parfois même l’après-midi pour plonger, comme l’autre jour…
J’atterris sur le rocher. J’ai tellement envie de me baigner… Je me déshabille. Cette fois j’ai bien un maillot… Je m’élance et plonge. Je nage sous l’eau. Je vois les oursins, les éponges, les algues rouges, des coquillages… Je remonte à la surface, à quelques mètres de la petite plage de marbre. Je reste dans l’eau. Je barbote, je nage un peu… Mais la sensation, celle d’hier, cette liberté, cette communion avec la mer… Ce n’est pas la même chose. C’est tellement différent ! J’ai besoin de cet abandon, cette insouciance…
Je m’approche du rocher. Je dégrafe mon soutien-gorge et le jette sur la plateforme. Je fais glisser mon slip le long de mes jambes. Il rejoint mon haut sur le rocher blanc. Je suis nue, à nouveau. Totalement. Je m’allonge. Je nage doucement sur le dos, battant des pieds. Je m’éloigne lentement vers le large. Je flotte au milieu de la crique, yeux fermés, abandonnée au soleil, au vent, à la mer… De temps en temps je plonge. Je sens la caresse du soleil sur mes fesses et mes jambes, lorsque je culbute et m’enfonce vers les profondeurs. Je traîne, je paresse. Je ne veux plus sortir. Je ne pense à rien. Sereine. Juste le bonheur d’être là, nue, abandonnée.
Enfin, je me rapproche du fond de la crique et me hisse sur la plateforme. Je m’allonge. Le soleil sur mes fesses, mes jambes, mon dos. Je suis détendue, prise d’une heureuse fatigue après cette nage. Je ferme les yeux. J’ai le dos tourné à la mer. Adonis est-il déjà là ? Je ne l’ai pas vu, quand je nageais… S’il arrive maintenant… Je m’en fous ! Après tout, qu’il me voie ! Il sera le seul. Ce sera notre secret. Il m’a sûrement déjà vue hier… Je n’ose pas me retourner vers le rocher. Mon derrière épanoui, qu’il le voie, qu’il le regarde ! Lui plaît-il ? Il est là, je le sens. C’est sûr. C’est son heure. Je sens son regard sur mon corps. Je m’en fiche. Je le lui offre. Je veux qu’il me mate ! Je veux qu’il me trouve belle, attirante… Je lui offre mon cul. Mon cul qui plaît tant à Michel, à Vincent avant lui, à Sofiane, à Denis, à tous ces regards qui le frôlent constamment à Paris. Il me regarde. Je l’entends relever ses filets. Il voit mes fesses, mon dos, mes jambes… légèrement écartées. Peut-il voir mon sexe, de là-bas ? Ma toison noire taillée, qui remonte entre mes collines blanches, sur ce rocher de marbre… Cette tâche, dans tant de blancheur ! Il la voit, c’est sûr. J’écarte un peu plus les cuisses, relève doucement mon bassin… Hmmm… Adonis… mon bel éphèbe. Tu m’as tant fait jouir hier ! Tu as si bien inspiré ma main… Je veux voir ta belle queue… Viens en moi ! Je te sens…
Un plongeon ! Je viens d’entendre plonger ! Non… il vient, c’est sûr ! Ce n’est pas possible. Je ne peux pas ! Vite, je me relève et enfile mon maillot. Je me retourne en finissant d’agrafer mon soutien-gorge. Je ne vois rien. Pas de nageur. Où est-il ? Je l’ai bien entendu, pourtant ! Soudain, à l’autre bout de la crique, je vois une tête sortir de l’eau, un peu au-delà du rocher où il pêche d’habitude. C’est lui ! Il respire et replonge presque aussitôt. Il réapparaît au bout d’une minute environ, toujours au même endroit. Il cherche quelque chose là-bas, c’est sûr. Il replonge, ressort, et enfin retourne vers le rocher. Il grimpe, tire sur la corde du filet et le remonte. Il devait être coincé, il a dû plonger pour le détacher. A moins que ce soit autre chose ? Je le regarde. Il est tellement beau… Mon Adonis… Le filet est vide. Il le détache de la corde et le met dans sa besace. Il doit peut-être le réparer ? Il se retourne. Me voit. Je lui fais un large salut de la main, lui m’adresse un signe de la tête. Je lui souris. Il reste me regarder, hésite. Il s’assoit au bord du rocher, les pieds dans l’eau. Nous nous faisons face, à 20 mètres de distance. Il regarde l’eau. Lève parfois la tête vers moi. Il m’attend ? Je n’ose pas le rejoindre. Je reste assise sur la plage de marbre, au soleil. Il voit mes jambes, mon ventre, mes seins, couverts cette fois-ci… Et si je les dévoilais ? Non, pas maintenant, me déshabiller à nouveau, devant lui, ce serait vraiment… Il me regarde intensément à présent. Je sens son regard perçant. Je suis presque mal à l’aise… Enfin, au bout de longues minutes, il se relève. Il se retourne. Il commence à escalader la falaise. Je le suis. Mon regard ne quitte pas son dos aux muscles tendus, ses longues jambes fines et puissantes, ses fesses sublimement moulées dans son shorty de bain… Les muscles qui travaillent, le tissu rouge mouvant, se tendant, se relâchant, vivant, sur ces deux collines ondoyantes…
Il atteint le haut de la falaise. Il me regarde une dernière fois. Je le perds de vue. Je m’allonge. Je soupire. Je passe mes bras sous mon buste, à la rencontre des deux agrafes… Mes deux blancs mamelons, gonflés, se dévoilent… Le soleil me prend, toute entière… Je suis sur le dos, yeux fermés. Mon bas de maillot bleu marine gît à mes pieds. Je sais que là-haut, au bout de la crique, avant le virage, vers la maison, Adonis me regarde.