Tintin et Milou sortent prestement de la chambre. Tintin prend le temps de fermer la porte à clé, bien qu’apparemment, ça ne serve pas à grand-chose puisque les bandits entrent ici comme dans un moulin. Il file instantanément voir le Professeur Tournesol dans sa chambre, à l’étage au-dessus. Il frappe, et dès que le Professeur ouvre la porte :
BONJOUR PROFESSEUR ! AUJOURD’HUI, NOUS NE SERONS PAS…
Mais enfin, pourquoi criez-vous, mon jeune ami ? coupe le Professeur Tournesol.
Ah oui, répond Tintin plus doucement, c’est vrai, l’appareil. Donc aujourd’hui, nous ne serons pas ici avec le Capitaine et Sélène. Nous partons sur-le-champ pour une excursion à Manchester. Je voulais juste vous prévenir que nous partions.
Très bien, merci. J’ai rendez-vous à l’Institut de toute façon. J’y passe la journée puis nous dînons sur place. Et après, nous devons sortir avec quelques amis pour boire un verre. Sauriez-vous d’ailleurs où se situe le café français dont nous a parlé le Capitaine ?
Oui bien sûr, l’hôtel d’Emi… d’Alice pardon, est situé tout proche. Je vous note l’adresse sur ce bout de papier.
Et voilà, c’est fait. Bonne journée Professeur.
Bonne journée Tintin, saluez donc le capitaine et sa fille pour moi, voulez-vous.
Tintin repart en toute hâte pour se rendre au commissariat au plus vite afin de rencontrer les Dupont/d et de tout leur avouer. Enfin, le plus important en tout cas : la vérité sur qui est vraiment Alice Ayres alias Emily Pallas alias Emily Lindon alias La Dame de Pique, ainsi que les hommes de Mallet qui ont enlevé le Capitaine et sa fille.
Une fois sur place, les Dupont/d se rendent vite compte que Tintin a l’air préoccupé, alors ils l’emmènent dans une salle d’interrogatoire pour être plus tranquilles pour discuter. Ici, vous savez à peu près tout ce que Tintin va avouer à ses vieux compagnons, alors, permettez que nous fassions comme si nous étions dans une histoire (ce qui est peut-être le cas d’ailleurs) en procédant à une petite ellipse de temps.
Quarante-deux minutes plus tard, les Dupont/d arborent une drôle d’expression, mélange de surprise, de reproche et d’inquiétude. Dupont finit par dire :
En tant que policiers, nous ne pouvons que désapprouver votre attitude ainsi que les risques que vous avez fait prendre à tout le monde avec ces cachotteries. Mais en tant qu’amis, nous comprenons. L’histoire de cette pauvre Mary Lindon nous a beaucoup touchés et marqués nous aussi. Au cours de notre carrière, nous avons été confrontés à beaucoup trop d’histoires dans ce genre : à des crimes impunis, parce que perpétrés par des puissants. Toutefois, une fois cela dit, nous acceptons de vous aider, mais par contre, notre devoir en tant que policiers nous obligera à arrêter Mademoiselle Lindon pour les crimes qu’elle a commis. Même si nous serons les premiers à dire aux juges qu’elle a de vraies circonstances atténuantes.
Oui, c’est tout à fait compréhensible. Je ne vous en empêcherai pas, mais je vous préviens : elle ne se laissera pas embraquer aussi facilement. De toute façon, il faut déjà que j’arrive à la retrouver et à la convaincre de m’accompagner, même si je sais qu’elle acceptera sûrement de venir ; elle ne tiendra pas à ce que le Capitaine et Sélène puissent avoir de mortels ennuis par sa faute. Il faudra sûrement voir avec elle pour élaborer un plan parce qu’il est hors de question de la livrer aux hommes de Mallet. En tout cas, merci à vous mes chers et bons amis.
Comment s’organise-t-on alors Tintin ?
Eh bien, de mon côté, je vais essayer de savoir où se cache Emily afin de pouvoir lui parler, et de votre côté, j’aimerais que vous alliez repérer les lieux de l’échange. En essayant de bien faire attention à tous les détails, cela pourrait bien nous être d’une aide précieuse de connaître le terrain et constituer un sérieux avantage.
Ainsi, Tintin donne l’adresse aux deux policiers, mais la recopie avant sur son carnet au cas où ils l’égareraient : deux précautions valent mieux qu’une. Puis il ajoute :
Il est 10h30, je vous propose de vous y rendre dès maintenant tandis que je réfléchis à la meilleure manière de retrouver Emily. Nous nous retrouvons ici à midi pour faire le point si vous voulez bien. Vous me raconterez en détail ce que vous aurez noté sur les lieux de l’échange, et moi, je vous dirai où en sont mes recherches et si elles ont avancé, je partirai tout juste après notre réunion pour partir à la recherche de la Dame de Pique. Je n’ai pas le choix : je dois la retrouver. Nous nous devons d’être efficaces si nous voulons sauver nos amis.
Les Dupont/d acquiescent et partent sur-le-champ. Tintin, resté seul avec Milou, s’assied à la table et ressort précautionneusement la lettre d’Emily. Il la relit ; des larmes perlent toujours dans ses yeux. Certaines phrases, certains mots le touchent particulièrement. Toutefois, un passage l’interpelle plus que les autres : « Je sais que vous allez essayer de me retrouver avant mon départ, et je souhaite presque que vous y parveniez… » Emily sait toujours ce qu’elle fait, se dit Tintin, cette phrase n’est pas innocente : il doit y avoir quelque chose dans cette lettre, un indice quelconque. Il a beau lire et relire la missive laissée par la belle Emily, rien d’autre ne ressort. Il boit un verre d’eau pour se calmer et apaiser son esprit. En le posant, il aperçoit une inscription gravée dans le fond du verre (le numéro de série et le nom du fabricant). Un éclair le traverse : le message est écrit sur le contenant, pas dans le contenu.
Pourquoi ne chercher que dans la lettre et pas sur la lettre ? Sur le papier lui-même. Il se frappe la tête et commence à éplucher la lettre dans tous les sens quand soudain, sur le côté, il aperçoit une inscription écrite à la verticale, d’un bleu presque transparent. Ainsi, il tourne la lettre et lit : Bracknell City aerodrome. Il était tellement obsédé par le texte qu’il en avait oublié le support.
Aussitôt après cette découverte, Tintin fonce dans le couloir pour trouver un policeman à qui demander des informations. Il en interpelle un dans le couloir. Il l’entraîne avec lui dans la salle et lui montre le nom de l’aérodrome. Le policeman connaît le nom de la ville qui se trouve à l’ouest de Londres ; il part alors chercher une carte pour montrer à Tintin où se trouvent exactement la ville et le petit aéroport en question. Tintin demande s’il peut conserver la carte, et devant l’acceptation du policier anglais, il prend un stylo et entoure l’endroit dans lequel il pourra peut-être trouver Emily. Un sourire mesuré s’affiche sur son visage parce que la situation reste grave. Il a envie de se précipiter à la recherche d’Emily dès maintenant, mais ce n’est pas possible, il doit attendre les Dupont/d et les informations qu’ils vont ramener avec eux. Tintin tourne en rond et il réfléchit à la future réaction qu’aura Emily en découvrant ce qu’il doit lui annoncer.
11H51. Les Dupont/d reviennent enfin, et plus tôt que prévu. Tintin leur annonce la nouvelle et leur demande ce qu’ils ont découvert de leur côté. Les Dupont/d ont pris la mission au sérieux, ils sont même allés jusqu’à dessiner un croquis pour montrer plus clairement à Tintin à quoi s’attendre. Les hommes de Mallet ont bien sélectionné le lieu de l’échange, l’endroit s’avère idéal pour ce genre de transaction. Très stratégique. C’est bien au bord de la Tamise, comme annoncé par les bandits, mais dans un quartier industriel, uniquement pourvu de hangars. A l’heure du rendez-vous fixé à 20h30, l’endroit sera entièrement vide, puisqu’il n’y a aucune habitation dans le coin. Une petite passerelle en hauteur (pour pouvoir laisser passer les bateaux) fait pont entre les deux rives. Ceci constitue l’endroit idéal pour un échange de prisonniers : le pont n’est pas large du tout et permet à chaque partie de repartir de son côté sans être directement inquiétée par « ceux d’en face ».
Fort de ces informations capitales, Tintin indique aux Dupont/d qu’il va tout de suite partir à la recherche d’Emily et qu’il doit y aller seul parce que la présence des policiers pourrait faire fuir la Dame de Pique. Il leur demande s’ils peuvent lui faire accorder une autorisation pour emprunter une des voitures banalisées du commissariat. Il est déjà 12h30, et dans huit heures déjà, ce sera l’heure de l’échange. Il n’y a pas de temps à perdre.
Tintin coupe le moteur de sa voiture, il soupire bruyamment, regarde Milou et lui dit :
J’espère qu’elle sera là, vieux frère ! Il en va de la vie de nos amis ! »
Il descend de la voiture avec Milou sur ses talons. Il se tient debout, près du véhicule, et il regarde l’immense bâtiment qui sert à abriter des avions, juste devant lui. Deux voitures sont garées là, remarque-t-il. Tintin commence à marcher vers l’aérodrome. Alerté par un aboiement de Milou, il jette un il vers le hangar et aperçoit furtivement le rideau bouger, et une silhouette s’en éloigner. Encore quelques pas, encore quelques secondes puis une porte s’ouvre, et Emily apparaît. Elle s’approche. Elle est toujours vêtue de noir, ses cheveux se balancent au rythme de sa marche. Elle sourit à présent, mais Tintin ne peut le lui rendre, de par la gravité de la situation plus qu’inquiétante. Toutefois, intérieurement : son cur s’emballe, son sang bouillonne, ses muscles tressaillent, ses pensées s’affolent. Bref, son corps entier se permet le sourire qu’il ne peut afficher. La belle s’adresse à lui :
J’étais persuadée que vous me trouveriez mon As de Cur et une fois encore, vous ne m’avez pas déçue, comme toujours. Mais avez-vous respecté ma demande ?
Hélas, ma chère Emily. Ses retrouvailles vont être gâchées par une bien mauvaise et triste nouvelle. Mais oui, la police sait qui vous êtes réellement… enfin, mes amis seulement pour le moment. Pour ce qui est des forces de Scotland Yard, il va falloir attendre un peu. De tragiques évènements m’obligent à reporter cette annonce.
Vous avez l’air préoccupé mon aimé, dit-elle, à présent toute proche de lui, et en lui posant une main sur la joue. Que se passe-t-il ?
Avant qu’il puisse répondre, elle dépose un baiser attendri sur ses lèvres. Puis elle se recule un peu et ajoute :
Racontez-moi tout…
Tintin se lance dans les explications de tous les évènements qui sont arrivés depuis la sensuelle nuit dernière. De son réveil, seul, à comment il est arrivé ici même, en passant par la découverte de la lettre, le retour à l’hôtel, les hommes de Mallet, l’enlèvement du Capitaine et de Sélène, les termes et le lieu de l’échange et le commissariat. Pendant tout ce temps, Emily écoute avec attention, mais rien ne semble la surprendre. Tintin termine et annonce :
Bref, je suis désolé, mais je suis obligé de vous demander de venir au rendez-vous donné par ces bandits ce soir. Je ne compte pas vous livrer aux hommes de Mallet, il nous faudra donc établir un plan. Par contre, je dois aussi vous avouer que mes deux amis policiers ne comptent pas vous laisser repartir non plus. Même s’ils comprennent vos motivations, leur profession et leur devoir les forcent légitimement à vouloir vous arrêter. En tout cas, vous aviez raison pour Monsieur Mallet, il s’avère être bien moins innocent qu’il le laisse paraître.
Tintin est subjugué par la faculté d’Emily à prendre froidement toutes les nouvelles, bonnes ou mauvaises. Elle le regarde intensément et dit :
En effet, je vous avais prévenu, et à présent, je me demande même s’il n’aurait pas mieux valu lui réserver le même sort qu’aux autres… Eh bien, je serai là, bien évidemment, mais ne vous occupez de rien, je vous retrouverai à votre hôtel une heure avant l’heure de l’échange et nous partirons ensemble. Ne vous inquiétez pas pour le reste, j’en fais mon affaire. Je vous ai causé suffisamment d’ennuis déjà. Je verrai avec eux ce qu’ils veulent exactement, mais a priori, ils ne me feront pas de mal tant que Nico aura en sa possession de quoi faire tomber ce salaud. Il me faudra négocier avec eux. Venez simplement chercher vos amis, et le reste, je m’en occuperai moi-même.
Mais enfin, vous risquez de vous confronter à bien des problèmes en vous livrant à ses hommes, ils sont capables d’aller très loin dans l’ignominie.
Vous êtes adorable et je ne suis pas surprise d’ailleurs, mais je vous l’ai dit : je vous ai déjà bien trop mis en porte à faux et en danger, vous et vos amis, alors de grâce, laissez-moi gérer cela à ma manière. Ensuite, libre à vous de faire arrêter ses hommes pour l’enlèvement de vos proches, mais il vous faudra attendre la fin de la rencontre, quand tout le monde repartira. Je ne veux qu’aucun innocent ne soit blessé ou tué à cause de mes histoires.
Très bien… C’est tout à votre honneur et j’entends vos arguments. Mais je vous en supplie, soyez prudente s’il vous plaît. Oui, bien sûr que nous ne les laisserons pas s’en sortir aussi facilement. Je vais devoir repartir à présent pour prévenir mes deux amis policiers et voir comment ils veulent essayer de s’organiser pour arrêter ses gangsters. Nous vous attendrons à l’hôtel.
Faites-moi confiance, je serai là.
Ils s’embrassent et s’enlacent une dernière fois : le baiser est long et tendre, l’accolade est intense et sensuelle. Le temps est comme suspendu. Mais la réalité le fait retomber trop rapidement à leur goût. Ils ont à faire, l’heure n’est pas aux batifolages, si agréables soient-ils. Ils se décollent et s’écartent à présent, chacun se retourne et repart vers son destin. Tintin monte en voiture, suivi de son fidèle Milou qu’il aurait presque oublié tant il est absorbé par la jeune femme. Tintin démarre, fait demi-tour et s’éloigne peu à peu, jetant un il dans le rétroviseur, il aperçoit trois ou quatre personnes rejoindre Emily.
Dans un lieu tenu secret de la ville, dans une pièce sans fenêtres et mal éclairée. Le Capitaine est attaché sur une chaise, et en face de lui, Sélène a subi le même ligotage. Ils ne sont pas bâillonnés, c’est inutile, l’endroit est isolé et uniquement peuplé des hommes de Monsieur Mallet. Sélène dit à son père :
Eh bien, on ne s’ennuie pas avec vous, sympa les vacances, c’est toujours comme ça avec vous autres ?
Aaah ma chère fille, tu prends toute cette histoire à la plaisanterie, mais ces diables de scélérats, ces bandits, ces traîne-potence. Si je me libère, je m’en vais te régler cette situation à grands coups de bourre-pif !!
Papa, cesse donc de te remuer dans tous les sens, tu vas tomb…
Vrrrrammmmmm Boum !
… er ! Ben, ça y est, tu es par terre ! Comment vas-tu ? Pas de bobo au moins ?
Grrrr ! Mille milliards de mille sabords !!!! Je vais bien, mais je suis toujours saucissonné et coincé ! Cette chaise de malheur n’a pas cédé !
On vient Papa…
En effet, des pas se font entendre, puis un bruit de clé dans la serrure et enfin la porte qui s’ouvre en grinçant. Quatre hommes déboulent, Emily ne les voit pas, elle se trouve dos à la porte. Apercevant le Capitaine à terre, ligoté à sa chaise, les hommes se mettent à rire bruyamment.
Mais, cessez de rire et aidez-le, je vous en prie ! s’exclame Sélène.
L’un des hommes fait signe à deux d’entre eux pour qu’ils aillent relever le Capitaine, puis il dit :
Alors vieille mule, tu as fini ton boucan ! Entre tes insultes et tes cascades imbéciles, tu nous fatigues !!
Ah oui, espèce de moule à gaufres, tortionnaire du dimanche, anacoluthe, bougre de crétin des Alpes ! rétorque le Capitaine rouge de rage.
Tu as gagné, vieux cinglé ! Vous autres, bâillonnez-moi le Papa !
Les hommes obéissent dans l’instant. Le Capitaine ne peut plus parler, tout juste peut-il grogner. L’homme qui dirige la bande de quatre s’approche alors de Sélène.
Comment un aussi vilain bonhomme que toi a pu engendrer une aussi belle petite poupée, commente le bandit en caressant la poitrine de Sélène sans ménagement, puis s’adressant à elle : tu es vraiment bien balancée, tu sais !
Sélène sourit, l’homme aussi, et alors qu’il s’apprête à parler, elle lui crache dessus et pas qu’un peu. L’homme, le visage dégoulinant de salive perd son sourire, s’essuie rapidement et il gifle violemment la jeune femme. Elle lui jette un regard de défi et ne crie même pas, pour ne pas montrer sa douleur. Lui se penche vers elle, il serre la mâchoire de la jeune femme entre ses doigts puissants et il déclare :
OK, alors tu veux la jouer à la dure !! Moi, ça me va, tu vas prendre cher et devant ton papa chéri en plus !! Et je peux t’assurer que tu vas finir par crier ma belle !!!
Il repousse sa tête en arrière, se place derrière la chaise. Il lui tire les cheveux d’une main et ressaisit sa poitrine de son autre main. Le Capitaine rentre dans une colère noire, il ne se contrôle plus. Les deux autres hommes le maintiennent difficilement. Tandis que le dernier se trouve toujours près de la porte. Alors que le tripotage continue, une puissante et autoritaire voix féminine se fait entendre :
Ça suffit comme ça !! Lâchez-la !!
Tous les hommes se figent et l’agresseur se sent soudainement mal à l’aise. La femme s’avance dans la pièce, elle est bien habillée et dégage une certaine classe. Cette femme, c’est Madame Pelham, l’épouse de Charles Pelham, alias le Roi de Cur.
Les hommes, vous n’êtes pas croyables ! Une femme se trouve devant vous en position de faiblesse, et ça vous rend dingue dans l’instant. Ce n’est alors plus votre cerveau qui commande ! C’est ce qui nous a conduits à toute cette histoire : le fait que mon mari et ses copains ne sachent pas se retenir de céder à leurs pulsions animales. Restez derrière la porte vous autres, et je ne veux plus assister à ce genre de choses, c’est clair ?!
Les hommes sortent, tête basse. Madame Pelham se dirige vers le Capitaine et lui retire son bâillon, puis elle se poste devant Sélène, elle la recoiffe et réajuste ses vêtements. Elle se redresse et dit :
Vous n’avez pas besoin de savoir qui je suis exactement, mais je me suis provisoirement associée à David Mallet parce que nous avons tous les deux quelque chose à gagner dans votre échange contre cette Dame de Pique ! Lui veut éviter de tout perdre et de plonger et moi, je veux ma vengeance. Mon mari n’était certainement pas un gentleman, mais personne n’avait le droit de disposer ainsi de sa vie, personne !
Mais, rétorque le Capitaine, nous ne savons pas qui est cette Dame de Pique ! Quel rapport avec nous deux ?
Votre ami Tintin est au courant lui ! Et il va nous l’amener en échange de vous deux. Nous ne vous voulons aucun mal, dès qu’elle sera en notre possession, vous pourrez partir avec vos amis. Ensuite, David lui arrachera ce dont il a besoin, et moi, je la ferai tuer ! Son sort est scellé, mais pas le vôtre, alors vous avez intérêt à rester très dociles tous les deux et à ne rien révéler de nos plans lors de l’échange. Des fusils seront braqués sur vous, alors ne jouez pas au plus malin. Vous le payerez de votre vie. A présent, je vais vous laisser. Nous viendrons vous chercher tout à l’heure, le rendez-vous est fixé à 20H30. D’ici là, je vous assure que vous serez bien traités.
Madame Pelham sort tranquillement et la porte se verrouille à nouveau.
C’est forcément Alice Ayres, ce ne peut être qu’elle ! conclut alors Sélène.
Tu parles de la Dame de Pique ? Oui, c’est possible, mais Tintin le sait-il vraiment ? Et si oui, pourquoi n’a-t-il rien dit ?
Ça, c’est évident, il est fou amoureux d’elle, ça se voit ! Papa, qu’est-ce qui va passer maintenant ? On va s’en sortir ?
Ecoute ma fille, je ne peux rien te promettre, mais Tintin nous sort toujours de toutes les situations, alors j’ai confiance en lui. Nous avons vécu pire lui et moi. Il faut lui faire confiance et attendre l’heure du rendez-vous.
A SUIVRE