Je monte dans ma ligne de bus habituelle pour aller travailler. Il est encore tôt, je ne suis pas plus réveillé que la plupart des usagers. Quelques personnes lisent les journaux gratuits. A l’extérieur, il ne pleut pas mais tout est gris, il n’y aura pas de soleil aujourdhui. L’ambiance est triste et routinière. Je trouve une petite place où m’asseoir, colle mon visage à la vitre et laisse mes idées se balader toutes seules en essayant de penser à rien. Je suis dans cet état absent lorsque soudain je remarque face à moi une superbe jeune femme. Elle est vêtue simplement mais avec beaucoup d’élégance, elle est concentrée sur son livre et elle dégage une atmosphère de sérénité et de grande douceur. Elle est rayonnante dans ce matin triste et je me dis, en le regardant discrètement, que la vie vaut quand même la peine d’être vécue. Elle est tellement absorbée par sa lecture qu’elle ne m’adresse pas un seul regard. Mais, c’est justement cette concentration sur son livre, et son léger sourire que lui procure le plaisir de sa lecture, qui la rendent si belle. Ses cheveux sont dégagées sur son oreille et je rêve doucement de ma main posée sur sa nuque. Pendant ce temps, le bus, lui, avance péniblement. Il y a de gros embouteillages et la circulation est chaotique. Soudain, un coup de frein puissant nous surprend tous. Ma voisine d’en face est projetée en avant, elle réussit à ne pas échapper son livre mais son marque-page tombe à mes pieds. Je me penche instinctivement pour le ramasser. Elle a le même réflexe et, au moment de saisir le marque-page j’aperçois sans le vouloir, dans l’encolure de son ample chemisier, une magnifique petite poitrine couverte d’un soutien-gorge jaune poussin. Elle se relève très vite, je lui rends le marque-page, elle me remercie rapidement puis retourne en silence à sa lecture. Le bus redémarre péniblement, je tente de retourner à mes pensées mais l’image fugace de sa jolie poitrine revient sans arrêt à mon esprit. Le bus s’arrête de nouveau. Je regarde dehors. Il y a une publicité d’Aubade en noir et blanc. Une photo sublime d’une poitrine magnifiquement mise en valeur accompagnée d’une leçon de séduction. J’ai l’impression, qu’à cette instant, ma voisine d’en face regarde aussi la publicité et je lâche instinctivement, sans la regarder, "’c’est quand même plus vivant en jaune…". Et je rajoute, comme un défi : "…et ce serait encore plus beau en violet!’. Je n’ose regarder sa réaction mais mon audace m’émoustille et je passe une agréable fin de voyage. Ma voisine quitte le bus quelques arrêts avant moi.
Le lendemain, je reprends ma routine et monte dans mon bus. Je vois que ma voisine d’hier est déjà assise mais il n’y a pas de place à côté d’elle. Dommage, je me résigne et m’assois ailleurs. A-t-elle répondu à mon défi ? A-t-elle choisi de vêtir des dessous violets? Ces questions m’obsèdent et j’aimerais pouvoir la regarder à mon aise. Ce n’est pas facile, le bus est bondé, nous sommes assez éloignés. A un arrêt la dame à côté de moi demande à descendre. Je me lève pour la laisser passer et, au moment je souhaite me rasseoir, ma voisine d’hier se glisse pour s’asseoir à la place de la dame. Troublé, je me rassois en frémissant, ma jolie voisine est venue s’asseoir à côté de moi, contre la vitre. Très vite, elle reprend son livre et je n’ai pas le temps de lui adresser la parole. Que cela signifie-t-il? Je brûle d’envie de lui parler, de la dévisager mais sa concentration est trop forte, je ne peux pas la déranger. Aurait-elle vêtu des dessous violets comme je lui est demandé ? Ou est-ce moi qui fantasme ? J’ose la regarder de profil. En instant, elle pose son livre et passe sa main dans ses cheveux comme pour se recoiffer mais, dans ce geste anodin, elle découvre lemmanchure très échancrée d’un Tee-shirt déstructuré. Et dans cet instant, je vois sa poitrine couverte d’un sublime soutien-gorge satiné violet. Elle laisse ensuite retomber son bras à nouveau et, sans rien, dire poursuit sa lecture. Non seulement elle a répondu à ma requête mais elle est venue m’offrir, à moi seul, cette superbe vision. Je suis sous le charme et me prend au jeu. Il faut continuer cette aventure. Je réfléchis, attends quelques arrêts et, au moment où elle s’apprête à partir, je lui lance : " merci infiniment pour ce voyage, la prochaine fois, ajoutons-y de la dentelle !"
Le troisième jour, j’arrive très avance pour être sur de ne pas rater le bus de ma complice. J’ai également apporté un cadeau que je veux lui offrir pour la remercier de sa tendresse. Je lui ai choisi une superbe parure Aubade, toute en élégance et sensualité. Le bus arrive, elle est bien là. Cette fois personne n’est assis à côté d’elle et je fonce à ces côtés. Elle lit, comme toujours, et attends que je sois assis pour dégager son épaule qui affiche une bretelle finement décorée de dentelles aériennes. Je suis sous le charme et commence à bouillir de désir. Je me retiens néanmoins et laisse le voyage filer plein de douceurs, de silence et de désirs contenus. Au moment de partir, je lui dis "tenez, vous avez oublié ceci" et je lui tends mon petit cadeau. Ma voisine ne quitte pas mes pensées de la journée. J’ai même du mal à dormir la nuit. A-t-elle apprécié mon cadeau? Que va-t-il se passer maintenant? Ou se jeu va-t-il nous mener?
Le quatrième jour, je retrouve ma voisine. Pas de place à côté d’elle. Je m’assois à quelques sièges. Très vite, elle se lève, vient vers moi et me retend mon cadeau d’hier! "Je crois que vous avez oublié cela, hier", me lance-t-elle, glaciale. Et elle retourne à son siège. Je suis liquéfié. Le monde s’effondre autour de moi. Cette histoire est-elle donc déjà terminée ? Plein de désespoir, j’ouvre quand même la boîte et là, surprise, je trouve le soutien-gorge mais pas le délicat string de la parure. Je me retourne un instant pour la regarder et, dans un bref contre-jour, je comprends tout. Elleporte le string et ne porte pas de soutien-gorge. Le désir explose en moi. Je pensais être le maître du jeu et c’est elle qui me fait maintenant tourner la tête. Au moment de partir, elle s’approche de moi, m’adresse enfin un sourire en disant, "bon, je crois qu’il faut arrêter maintenant". Je la regarde, incrédule. "oui, les sous-vêtements, ça ne va bien un peu mais, au bout d’un moment, il faut s’en débarrasser". Elle sort en riant.
Le cinquième jour, j’ose aller au travail sans sous-vêtement. J’attends mon bus. Ma voisine est debout, suspendue à une barre. Je me colle doucement vers elle. Je comprends immédiatement qu’elle est nue également sous ses vêtements. Nous passons tout le voyage collés l’un à l’autre, au milieu des passants, c’est d’une sensualité torride. Lorsque ma voisine descend, je la suis, nous montons dans un appartement, nous faisons l’amour comme des amants, c’est sublime.
Depuis, mes voyages en bus sont devenus les plus beaux moments de mes journées.