2030 – Cela fait un peu plus de dix ans maintenant que le concept d’Escape Game a débarqué en France sans que son succès ne soit remis en cause. Au contraire, fort des nouvelles technologies qui fleurissent à vue d’il et de l’envie grandissante de la population de renouer des liens sociaux, l’Escape Game est devenu une véritable institution culturelle, présent partout, pour tous.
Il y a deux ans, une toute nouvelle franchise s’est implantée sur le territoire : Xscape Game’z. La particularité de cette entreprise : Proposer des Escape Games uniquement réservés aux adultes, mêlant réflexion, casses têtes et plaisirs charnels en tout genre.
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Profitant des trois semaines de liberté qui s’offrent à eux avant de poursuivre chacun de leur côté leur vie active, Thomas, Sarah et Matthieu, trois amis, ont décidé de former une équipe et de partir sur les routes de France pour jouer à un maximum d’escape rooms de ce genre nouveau.
SARAH
Sarah, 19 ans a mis longtemps avant d’accepter de suivre ses deux amis dans cette aventure très éloignée de sa façon d’être. Plutôt réservée et peu sûre d’elle, c’est surtout un moyen pour elle de se mettre au défi et d’enfin se débarrasser de cette peur du regard des autres qui la handicape jusque dans sa vie amoureuse. C’est avec des tonnes de doutes et d’appréhensions qu’elle a pris la route… Heureusement, Thomas est avec elle. Cela rend les choses déjà un peu moins effrayantes…
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— Mais bordel, qu’est-ce qu’il fout ?!
C’est la troisième fois que Matt pose la question en moins de dix minutes. Cette fois comme les autres, je ne prends pas la peine de répondre. Je me contente de continuer à triturer le coin de mon peignoir du bout des doigts, adossée contre le mur.
— 26 minutes… Continue-t-il à fulminer en pointant du doigt le chronomètre. Et c’est censé être lui l’expert des Escape ! A ce rythme-là, je pourrai même pas mettre les pieds dans ma salle.
J’ai confiance en Thomas, je sais qu’il va y arriver. Ce n’est plus qu’une question de minutes, maintenant. Le problème, c’est que du coup il ne me reste plus que quelques minutes avant de devoir à mon tour entrer dans le jeu. Et une seule pensée parcourt en boucle mon esprit depuis ces 20 dernières minutes : qu’est-ce que je fous ici ?…
Mon trac doit commencer à clairement se voir sur mon visage, parce que Matt interrompt ses cent pas pour venir se planter devant moi.
— Faudra que tu ailles vite hein ! Pas de timidité ou je sais pas quoi, tu fais ce qu’il y a à faire !
— Oui, je sais, je finis par répondre, un peu exaspérée. Mais respire un coup, de ton côté. C’est juste un jeu…
— Ouais, juste un jeu, je sais, mais je n’aime pas perdre.
— Dis plutôt que tu as peur de pas avoir l’occasion de te servir de ta queue…
Une ombre passe dans son regard. Je n’aurais peut-être pas dû dire ça. Mais c’est sorti tout seul, et c’est trop tard pour ravaler mes paroles.
— Ca veut dire quoi, au juste ?
— Rien… je souffle. Désolée, je suis stressée, je dis n’importe quoi.
— Ouais, Miss coincée. Tu dis n’importe quoi, comme tu dis.
Le surnom me fait mal, mais je l’ai bien cherché. Je ne relève pas.
— De toute façon depuis qu’on a pris la route ce matin, t’es dans un état pas possible. Si ça te donne vraiment pas envie de faire ça, va falloir que tu m’expliques pourquoi tu as accepté de venir avec nous.
— J’ai mes raisons.
— Ouais et bien garde bien tes raisons en tête quand tu seras là-dedans. Y a pas intérêt à ce que tu me prives de me servir de ma queue, comme tu dis si bien.
Je me renferme dans le silence. Je sais que les choses ne feront qu’empirer si je continue à discuter avec lui quand il est comme ça.
J’ai une vraie affection pour Matthieu. On se connaît depuis 5 ans maintenant, et je le considère sincèrement comme l’un de mes meilleurs amis. Et je sais que l’inverse est vrai. Mais même si nous entretenons des liens étroits, lui et moi sommes trop différents pour que notre amitié soit calme et reposante. Nous sommes opposés à de nombreux points de vue, et il a tendance à dire tout haut ce qu’il pense sans chercher à ne pas blesser les autres. Du coup, cela donne une sorte de relation ’’je t’aime moi non plus’’ où les coups d’éclat sont fréquents. Tout rentrera dans l’ordre quand nous aurons fini la partie, je ne m’inquiète pas pour ça.
Je suis sortie de mes pensées par une sonnerie stridente. La lumière de la pièce d’attente vire au rouge et la diode au-dessus de la porte du milieu s’illumine en vert. Je regarde le chronomètre : 31 minutes et 22 secondes. 23…24.
Je peine tout à coup à respirer. C’est mon tour.
Je jette un regard à Matt qui m’adresse un signe de tête froid.
— Allez ma grande… je pense. Prouve que tu n’es pas si coincée que tu en as l’air.
Je mets mon cerveau sur OFF et entre dans ma pièce. La porte se referme et se verrouille toute seule derrière moi.
Je prends le temps d’observer les lieux. Je suis dans une sorte de mix entre un salon confortable et une salle de jeu, plutôt chic avec son mobilier noir et sa décoration grise. C’est une pièce où je me sens tout de suite à l’aise. Ce qui est un petit exploit au vu de mon état de stress.
Ce qui me rassure le plus, c’est d’être dans une pièce qui pourrait appartenir à n’importe quel appartement lambda. Pendant les longues heures que j’ai passées à m’imaginer ce qui allait bien pouvoir se passer, je m’étais toujours imaginé me retrouver dans un ’’temple du sexe’’, où la nudité, la pornographie et tout ce qui pouvait en découler seraient exposés librement. Violemment.
Ce qui ne me rassure pas du tout en revanche, c’est que j’étais censée retrouver un ’’prisonnier’’. Or, je suis seule.
— OK, première étape : trouver le prisonnier.
Je n’ai pas beaucoup d’Escapes à mon actif, mais les quelques salles auxquelles j’ai joué avec Thomas m’ont permis de comprendre la majorité des énigmes et des casse-tête auxquels on pouvait être confronté. Instinctivement, je me dirige vers un ordinateur portable posé sur la table basse.
***CODE D’ACCES :………………………..***
Forcément, ça aurait été trop simple.
Je commence une fouille minutieuse. Rien dans le canapé, ni sous les tapis. Aucune trace de cachette dissimulée dans les murs. Rien non plus dans le petit réfrigérateur, hormis un carnet vierge et un stylo caché dans une boîte d’ufs vide.
Je termine mon exploration par le meuble multimédia. Une console de jeux en réalité augmentée, des gants connectés, un casque de réalité virtuelle…
Ah ! Une feuille !
Raté… ce n’est qu’une notice. A moins que…
Mon regard accroche un détail au moment où je remets le papier à sa place. Certaines lettres aléatoires ressortent de la masse de mots. J’attrape le stylo et recopie ma découverte sur une page du carnet.
LAPPELERPOURLATTEINDRE.
L’appeler pour l’atteindre… Qu’est-ce que je cherche à atteindre ? Facile, le prisonnier.
Je rentre le mot de passe dans l’ordinateur, qui se déverrouille aussitôt. J’ai enfin accès au chronomètre, et je comprends que je dois accélérer le rythme. Le décompte en est à 47 minutes et je n’ai même pas encore trouvé mon prisonnier…
D’ailleurs, en parlant de prisonnier, c’est le nom du seul fichier présent sur l’écran d’accueil. Je l’ouvre et une nouvelle page s’ouvre indiquant PORTAIL OUVERT.
Du coin de l’il, je vois le casque de réalité virtuelle s’illuminer. Je fonce le mettre sur mon crâne.
Je sursaute quand l’image devient nette. Je suis nez à nez avec un homme – probablement le prisonnier – dont le visage ne se trouve qu’à quelques centimètres du mien.
— Euh… Bonjour ?
— Ah ! Vous êtes là ! Enfin !
L’homme se recule un peu. Il est brun, a la peau bronzée. Des yeux d’un vert étincelant, pénétrant. Un liseré de barbe soigneusement taillée suit les courbes de sa mâchoire carrée. Il semble être torse nu mais mon champ de vision s’arrête à hauteur de ses épaules. J’ai l’impression de me liquéfier sur place. On dirait mon idéal masculin personnifié.
— Est-ce que vous m’entendez ? Je demande un peu bêtement.
— Oui, je vous entends. Vous êtes venu me libérer ?
— Oui, si je trouve comment faire.
— Cool ! C’est agréable d’être secouru par une aussi jolie femme que vous.
Je sens le rouge me monter aux joues et j’espère qu’il ne me voit pas de la même façon que je le vois.
— Où êtes-vous ?
— Dans ma prison.
— D’accord, mais c’est où ? Il n’y a pas de portes, dans la pièce.
— Je ne sais pas. Eros aveugle mon esprit, je ne sais pas où je suis.
— Donc vous ne savez pas non plus ce que je dois faire pour vous en sortir ?
— Non…
Il a l’air sincèrement désolé, et je suis un peu troublée. Le jeu d’acteur et la mise en situation sont impressionnants de réalisme.
— On pourrait peut-être… discuter ? Finit-il par lâcher.
— Eum… Je ne sais pas si…
Je ne pense pas que ce soit le meilleur moment pour discuter – le chronomètre continuant de s’égrainer – mais je ne vois pas trop ce que je pourrais faire d’autre. Qui plus est, peut-être que je vais pouvoir lui soutirer quelques indices.
— D’accord, dis-je finalement en m’asseyant par terre pour plus de confort.
— Moi c’est Nathan.
— Moi c’est Sarah.
— Enchanté, Sarah.
Il sourit en découvrant ses dents. Ses yeux se mettent à pétiller. Bon sang, ce qu’il est beau…
— Tu te lances souvent dans des sauvetages de prisonniers ?
— Non, pas du tout… En fait c’est la première fois que je… fais ce genre de trucs.
— Ah… J’espère que tu vas réussir alors.
— J’espère aussi. J’en suis encore à me demander pourquoi je me suis lancée là-dedans…
— Tu n’aimes pas ça ?
— Les Escape ? Si, si, j’adore le concept ! Mais…
— Mais jamais de ce genre-là…
— C’est ça.
Inconsciemment, j’oublie peu à peu que je suis en pleine partie. Nathan a la faculté incroyable de me mettre à l’aise en un claquement de doigts. Je me surprends à avoir envie de rester là, à simplement discuter et faire connaissance. Je ne prête même presque plus attention au fait que ce n’est qu’une image retransmise par mon casque.
— Je ne suis pas très à l’aise en fait, avec…
— Le sexe, dit-il pour terminer ma phrase.
— Oui. Le… le sexe.
— Tu n’as pas à être gêné, tu sais. Surtout avec moi, ici et maintenant. Nous ne sommes que tous les deux.
Je souris… Quelle idiote je suis ! Je me transforme petit à petit en groupie complètement captivée par le beau gosse en face de moi. J’essaye de me ressaisir et soulève un coin du casque pour regarder le temps qu’il me reste. 53 minutes et 18 secondes écoulées. Je dois VRAIMENT me bouger. Maintenant.
— C’est quelque chose de très naturel, tu sais, continue à raconter Nathan. Les humains ont été créés avec cette idée de sexe ’’récréatif’’. Ca fait partie de nous, de nos gênes. Il n’y a aucun mal ni aucune honte à accepter cela.
— Oui je sais… Je sais que c’est moi qui me mets mes propres barrières. Avec un peu de chance, ça aura changé d’ici quelques semaines.
— Je te le souhaite.
Nouveau sourire ravageur. Nouveau sentiment de quiétude absolue. Puis nouveau coup de pied aux fesses mental.
— Bon, il faut vraiment que je te fasse sortir d’ici ! Je n’ai plus beaucoup de temps.
— Oui c’est vrai. Tu as toutes les cartes en main.
Je ferme les yeux pour me concentrer. J’essaye de prendre un peu de recul face à la discussion que je viens d’avoir et tente de la prendre comme faisant partie intégrante du scénario. Si je résume, tout ce qu’il a pu dire parle de la liberté à s’assumer, de voir le sexe comme quelque chose de normal. Il faut donc forcément que les choses deviennent plus… physiques. Mais puisqu’il n’est pas dans la même pièce que moi, comment je suis censée faire ?
— Je peux te poser une question ? Je demande en rouvrant les yeux avec une idée en tête.
— Bien sûr. Si je le peux, j’y répondrai.
— Est-ce que tu es nu ?
— Oui. Nu comme un ver.
Je crois que je commence à comprendre ce que je dois faire. Mes mains deviennent moites. Je suis tout à la fois paniquée de ce qui va suivre et – je dois bien me l’admettre- un peu excitée.
— Tu veux voir ?
La question me prend totalement au dépourvu. Je bafouille quelque chose que je ne comprends pas moi-même.
— Ce n’est rien d’autre qu’un corps nu, tu sais. Qui plus est un corps qui n’est pas physiquement devant toi. Je suis à l’aise avec le mien, je n’ai aucun problème à le montrer.
Jhésite à répondre quelque chose du genre ’’Tu m’étonnes que tu n’as pas de problèmes à le montrer, tu dois avoir un corps de rêve’’, mais je me retiens :
— Oui… s’il te plaît.
Il recule doucement en souriant. Il a des pectoraux finement dessinés, des abdominaux qu’on ne voit que chez les stars de cinéma. Un filet de poils détonnant sur sa peau couleur d’ambre descend de son nombril jusqu’à son pubis, imberbe. Je me raidis au moment où il se recule suffisamment pour que je voie son sexe. Mes joues rougissent encore davantage, si tant est que ce soit possible.
— Tu vois, ce n’est pas si terrible.
— Non, c’est vrai.
— Tu me trouves comment ? Ca te plaît ?
— Oui. Tu es très beau.
— Merci. Tu es gentille.
Allez ma grande, reste concentrée, le temps passe toujours. Lance-toi, et croise les doigts pour que tu aies fait les bonnes déductions, sinon tu vas clairement passer pour une perverse…
— Tu veux me demander autre chose ?
— Est-ce que tu peux… tu peux avoir une…érection ?
Il se met à rire. J’ai l’impression que je viens de lâcher le plus exécrable des jurons.
— Je peux oui… mais comme tous les hommes, je ne peux pas faire ça sur commande.
Continue Sarah, tu n’es plus à ça prêt. Lâche-toi, bon sang !
— Est-ce que tu peux te masturber ?
— Si tu me le demandes, oui…
— D’accord. Masturbe-toi. S’il te plaît.
Sans autre préambule, il envoie une main caresser son torse pendant que l’autre saisit son pénis à pleine main. Je reste interdite, sans savoir quoi penser. Un homme d’une beauté incroyable est complètement nu, en train de se masturber, devant moi…
— Tu me regardes ? Demande-t-il pendant qu’il commence de doux va-et-vient sur sa verge.
— Oui.
— Ca m’excite de savoir que tu me vois me branler. Et toi, tu aimes ?
— Je crois, oui.
— Regarde l’effet que tu as sur moi…
Son sexe prend de l’ampleur à vue d’il. Il grossit et se raidit entre ses mains expertes.
Je ne sais pas combien de temps je reste là, à le regarder. Je slalome entre plusieurs sensations. L’envie que tout cela se termine au plus vite ; le constat que j’ai sous les yeux la plus belle verge que j’ai jamais vue ; la honte de me prêter à un tel jeu ; la tentative inutile d’ignorer cette chaleur qui grandit dans mon bas-ventre…
— J’aimerais que tu sois avec moi, Sarah…
Je ne réponds rien. Il est totalement en érection, son sexe pointant vers le haut, tressautant à chaque mouvement de poignet. Ses muscles se tendent de plus en plus.
Finalement, je réponds… :
— Moi aussi, j’aimerais être avec toi.
Il intensifie encore ses mouvements. Il laisse même échapper un gémissement de plaisir…
Un bip sonore résonne dans mes oreilles et instinctivement, je retire le casque pour voir ce qu’il se passe.
Le chronomètre sur l’écran d’ordinateur s’est arrêté.
71 MINUTES…